17 Frayeur et arrivée incongrue.

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Ce matin, Heidi s'est levé tôt. Sachant qu'elle doit recevoir un exemplaire de son premier roman oublié, elle se dirige vers le village, afin d'éviter au facteur l'ascension jusqu'à chez elle.

...

En arrivant au village, elle aperçoit Johan, et étonnamment, au lieu de venir la provoquer comme à son habitude, il s'engouffre dans la première rue venue, disparaissant de sa vue. Bien que cela ne manque pas de la surprendre, elle se réjouit de cette confrontation évitée. Elle se dirige donc vers la place centrale du village, afin de réceptionner son colis. Quelques minutes plus tard, son bien en sa possession, elle reprend la route du retour sans plus attendre.

Rapidement, elle arrive chez son ami, ne pouvant s'imaginer découvrir le contenu du carton sans sa présence. Elle ouvre alors précieusement la boîte, et découvre son ouvrage relié avec une belle couverture. Ses yeux brillants d'émotion se posent rapidement sur les mots notés au-dessus du titre : "Roman d'innocence". Intriguée, elle retourne le roman afin d'en examiner le dos. Et plusieurs mots attirent son attention : "un vent de fraîcheur" , " lecture rafraîchissante".

- Pourquoi ils ont dit ça ? s'étonne-t-elle.

Peter laisse un sourire attendri lui étirer les lèvres.

- Ça te représente bien, c'est à ton image, ça paraît logique que ce que tu écris te reflète, puisque t'es obligé d'y mettre un peu de toi à l'intérieur.
- C'est pourtant pas l'impression que j'ai eu en écrivant, s'étonne la jeune femme.
- Fait voir, je te donnerai mon avis.
- Mais t'as toujours détesté lire
- C'est parce que j'ai jamais eu dans mes mains quelque chose écrit par toi. Tu m'as jamais fait lire ce que tu fais.
- Tu sais bien que j'aime pas trop montrer ce que je fais aux gens que je connais.
- Je suis pas un gens, j'suis ton adorable grand frère, renchérit-t-il d'un air taquin.
- Raison de plus.
- Allez, s'il te plaît, supplie-t-il presque.
- C'est non ! affirme-t-elle d'un ton autoritaire.
- Tu parles de moi dedans ? C'est pour ça que tu veux pas que je lise ?
- Qu'est-ce tu vas encore inventer ?
- Bah file moi ton bouquin alors.
- Mais pourquoi tu y tiens tant que ça ?
- S'il te plaît, insiste le jeune homme avec un regard de cocker.
- Je t'ai dit non ! répète-t-elle, pour camoufler sa volonté qu'elle sent se fissurer.
- S'il te plait.
- Non !
- Et maintenant?!
- Mais non !
- Et là ?
- Mais tu viens de me demander !
- Je sais. Et là ?
- T'es sérieux ?
- Oué. Et là ?
- Tu vas continuer longtemps ?
- J'ai toute la journée. Et maintenant ?

Heidi est partagé entre son manque de confiance qui la supplie de ne pas divulguer le moindre mot qu'elle a écrit d'un côté, et son envie de rire ainsi que son affection qui ne demande qu'à craquer devant ces deux yeux suppliants, de l'autre.

- J'y gagne quoi ? demande-t-elle finalement, une lueur de malice dans les yeux.

Le jeune homme lui dépose un baiser sur la joue en guise de réponse.

- Et maintenant ?
- Tu sais que t'es casse-pied quand tu t'y mets ?
- C'est pour ça que tu m'aime, lui répond-t-il avec un clin d'œil. Ça veut dire oui ?
- C'est bon t'as gagné ! Tiens ! capitule-t-elle, tout en lui tendant l'exemplaire qu'elle avait jusqu'ici gardé dans ses mains.
- Génial ! T'es la meilleure !
- Pourquoi ? Tu en doutais ? réplique la jeune femme, faussement indignée.
- Jamais de la vie, s'empresse de lui répondre son ami, en lui déposant un baiser sur le front. Je l'ai toujours su, conclu-t-il avec un dernier clin d'œil.

***

À peine Heidi est-elle rentrée chez elle que son grand-père se manifeste.

- Alors ce bouquin ? Fait voir !
- Binnn...
- Quoi ? Il est pas arrivé ?
- Si mais...
- Et ben ! Qu'est-ce que t'as ? Fait le voir si tu l'as.
- Je l'ai pas.
- Tu viens de dire qu'il est arrivé pourtant.
- Je... Je l'ai laissé à Peter. Il voulait le lire.

Juste la montagne, toi, et moi. [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant