~ 28 ~ Farid

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Alors que le Roi se rapproche d'eux, l'angoisse de Farid grandit dans sa poitrine. Il se tortille sur sa selle, mal à l'aise tandis que son premier pressentiment semble s'ancrer dans la réalité au vu du regard avide du Roi sur le Cerf.

Le jeune homme échange un regard avec Shayna, dont les pupilles reflètent sa peur. Il sait ce qu'elle ressent : elle a l'impression de faire une mauvaise action. De trahir ses principes. Il déglutit et reporte son attention sur le Roi.

— Je savais que tu réussirais, fils.

Cette appellation colorent les pommettes du Prince alors que son regard brille. Le Roi relève la tête vers le reste du groupe.

— Merci à vous, humains, d'avoir accompagné le Prince dans sa quête.

Farid grimace intérieurement lorsque le Roi dénigre complètement leur implication dans cette Traque. Comme si le Prince avait tout fait.

— Un repas vous attend. Mais avant tout, mettez pied à terre et donnez vos chevaux aux écuyers qui s'en occuperont.

Farid se laisse glisser de sa selle avec soulagement. Peu habitué à ce moyen de transport, ces muscles sont douloureux. Il passe les rênes au-dessus de la tête de Nuage et l'observe. Il caresse ses naseaux soyeux et lui chuchote :

— Merci, tu as été une agréable monture.

L'animal semble comprendre ses paroles et il secoue la tête, comme pour acquiescer. Farid esquisse un sourire et tend les rênes à un jeune homme qui est arrivé entre temps. Le jeune marchand regarde le cheval s'éloigner avant de suivre ses compagnons à l'intérieur du Palais.

— Le repas attendra que vous soyez passés à vos appartements, déclare le Roi. Mathieu, montre donc de nouveau à ces jeunes gens leur chambre, dont ils ont probablement déjà oublié la localisation.

Farid fronce les sourcils et s'apprête à répondre qu'il sait très bien où se trouvent leurs appartements, mais le regard d'avertissement de Shayna l'arrête. Il lui lance un regard confus, mais s'abstient de tout commentaire. Le Prince les conduit d'un pas dynamique dans les couloirs du Palais, où leurs bottes résonnent sur le sol carrelé.

Un serviteur, placé de faction devant leur porte, leur ouvre lorsqu'ils s'approchent. Farid ne le reconnaît pas et s'étonne de la carrure impressionnante de l'homme, dont la puissance ne devrait pas servir à grand chose étant donné son poste.

Mathieu se place au seuil de la porte et englobe d'un geste de la main leur chambre, comme pour les inviter à entrer. Le petit groupe y pénètre, presque heureux de revoir les confortables matelas et surtout ravis à la perspective d'une bonne douche.

Le Prince s'apprête à faire demi-tour pour les laisser, mais le serviteur referme précipitamment la porte, qui claque violemment. Le jeune homme s'avance et toque :

— Excusez-moi, vous nous avez malencontreusement enfermés ensemble, alors que ce ne sont pas mes appartements.

Le bruit d'un loquet que l'on referme lui répond. Le cœur battant, Farid observe le Prince tenter d'ouvrir la porte par lui-même ; le battant reste obstinément fermé, gémissant sous les à-coups de plus en plus violents du Prince qui prend peur.

Mathieu leur lance un regard confus, la main toujours sur la poignée. Farid grimace ; ce qu'il pressentait est arrivé.

— Ils ont le Cerf, murmure lugubrement Shayna.

— Et ils nous ont enfermé, complète Cécilia.

Farid n'ajoute rien, la bouche trop sèche. Que vont-ils faire ?

L'Esprit de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant