Chapitre X :

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Le sang de l'Empathe avait semblé se figer dans ses veines, la tension avait grimpé, tout se brouillait en un noir absolu dans l'esprit d'Ama. Pour une fois, elle n'avait pas envie de se poser de questions, elle n'avait nullement l'envie de réfléchir. Cette fois-ci, elle voulait juste effacer le sourire satisfait que Lucie gardait sur son visage faussement angélique, et avec ses vêtements aguicheurs, Ama en était toujours répugnée, comment Molly qui avait toujours vécu dans la modestie faisait pour tolérer cela ? L'Hypnotiseuse se doutait bien que c'était mal de juger ainsi, mais là, c'était trop !

— Ho ! Ama ! Comment vas-tu depuis ta dernière attaque ? Tu es contente d'avoir emmené Ginny loin de sa mère, je me trompe ? Quel grand cœur tu as ! Priver une mère de sa fille, quelle délicate attention ! déclara Lucie en s'approchant rapidement des deux filles.

— Et toi ? Tu es contente depuis ton dernier coup bas ? répondit aimablement Arwen à la place d'Ama.

— Faire des coups bas ? Moi ?! Tu dois te tromper ma chère, je suis navrée, en même temps, si tu es amie avec Ama la folle c'est normal, admit Lucie en posant une main sur son cœur avec un air affligé tandis qu'Hermione et Molly se rapprochaient.

Dans le regard de la première se lisait un dédain infini, inimaginable, tandis que dans celui de la seconde se mélangeait tristesse et regrets, les émotions de tristesse qu'Ama avait senties étaient bien celles de Molly.

— Toujours aussi douée en mensonges, tu veux peut-être que je t'obtienne un rôle dans un film ? Avec ton don de comédienne ça devrait être rapide, déclara abruptement Ama.

— Ho ! Je suis touchée que tu te soucies encore de moi après l'affront que tu m'as fait ! s'écria Lucie en prenant une mine touchée cette fois-ci.

— Et rappelle-moi ce que je t'ai fait ? suggéra l'Empathe.

— Ne joue pas l'innocente, tu l'as hypnotisée pour qu'elle se fasse du mal. Elle nous l'a dit, dit froidement Hermione.

— Ho Hermione. Je suis déçue. Tu es intelligente, mais bien naïve. Je ne peux pas hypnotiser de loin, et il me semble que le jour du drame je n'étais pas présente. Explique-moi comment je pourrais avoir un lien avec tout ça ?

Ama avait parlé d'une voix étrangement calme, ses yeux étincelaient de fureur et sa voix se faisait entendre pour se sérénité. Cela en devenait terrifiant de voir que deux émotions autant opposées que la colère et la sérénité puissent être dans le même corps au même instant.

— C'est simple. Tu mens. Ne joue pas la sotte, celle qui ne comprend pas, nous voyons clair dans ton jeu aussi perfide qu'incroyablement bien réalisé, rétorqua Hermione.

Tandis qu'Ama engageait une confrontation de regards avec la sorcière, Molly s'éloigna parce que quelqu'un l'avait interpellé, ainsi au milieu de cette ruelle vide et sans adulte mature, cela risquait de vite mal finir. Très vite.

— Tu es devenue naïve Hermione, ou manipulable. Les deux sont possibles. Mais je n'arrive même pas à exprimer de la déception, peut-être m'y attendais-je intérieurement, peut-être que je me doutais que, parmi tous mes proches, tu étais la plus susceptible de me tourner le dos. Peut-être est-ce ça le souci, j'ai trop espéré que tu te repentirais et tente de me croire. En vain. Un espoir fondé sur quoi ? Une simple amitié ? Aussi vulnérable qu'un nouveau-né ? Peut-être que c'est moi qui suis tombée bas en réalité, répondit Ama avec un sourire triste.

— Et après tu oses me dire que je suis une belle actrice ? As-tu vu comment tu joues avec la perfidie et les noirceurs des cœurs ? commenta Lucie.

— Tu vois Ama. Tu sous-entends que je suis idiote, mais toi tu viens de l'être assez pour montrer que tu avais de la perfidie en toi ! Ils croient tous que tu un adorable ange tombé du ciel ? Eh bien la vérité leur fera mal ! s'écria Hermione.

Ama se mordit la lèvre jusqu'à sentir qu'elle se la fendait, donc, si récapitulait bien, elle était la méchante, la perfide, l'ennemie, le diable. Lucie était la gentille, l'honnête, l'amie et l'ange. Oui, si elle avait tout bien compris c'était cela.

Et étrangement ça amusa Ama, voir que les rôles n'avaient pas été bien distribués la faisait sourire, tandis qu'elle se mettait à sourire sans se contrôler, Lucie se décomposa sous ses yeux.

— Comment peux-tu sourire ? s'étonna la Poufsouffle.

— Comment peux-tu ne pas sourire ? La situation est si comique, je crois que la vie s'est trompée en écrivant mon histoire mêlée à la tienne, elle a inversé les rôles. Ironique non ? répliqua Ama.

— Hein ? Quoi ? Que racontes-tu pauvre folle ? s'indigna Lucie.

— Lorsque la vie à écrit vos histoires mêlées, elle s'est trompée dans la distribution des rôles, tu es le petit ange, celle à plaindre alors qu'elle n'est que mauvaiseté ! expliqua aimablement Arwen.

L'Empathe échangea un regard rempli de complicité avec Arwen, toutes n'ayant rien à rajouter elles se détournèrent et s'avancèrent dans la sombre allée pour rejoindre celle principale. L'Hypnotiseuse avait l'esprit serein, le cœur léger, les questions apaisées, elle n'avait pas à se soucier de Lucie qui n'avait représenté qu'une brindille dans les ronces de la vie d'Ama. Qu'elle la fasse passer pour la méchante, la traitresse, la perfide, tout ce qu'elle voulait ! Tant que cela ne toucherait pas Ginny, Arwen, les jumeaux ou toute personne qui croyait encore en elle cela ne l'affecterai pas. Les conséquences des actions de Lucie n'étaient que des épines qui s'enfonçaient dans la peau d'Ama et qui ne créaient qu'une vague douleur avant d'être retirées.

Mais Ama pouvait bien rêver pour que cela arrive. Alors qu'elles sortaient de la ruelle, Ama sentit une force la projeter dans les airs avant de retomber lourdement dans la rue bondée devant les magasins de fournitures scolaires, elle vit bientôt Arwen la rejoindre au sol, le souffle coupé.

L'Hypnotiseuse s'était trompée, Lucie n'était pas une brindille, elle était une ronce épineuse, les conséquences qu'elle créait n'étaient pas des épines, elles étaient des poignards qui étaient douloureux à retirer, qui laissaient une profonde entaille incrustée dans la chair. Des entailles qui devenaient cicatrices visibles. Cicatrices qui se rouvraient à chaque faux mouvement, qui restaient visibles même après beaucoup de temps. Des cicatrices définitives.

Et l'Empathe avait fait l'erreur. L'erreur de croire que Lucie n'était rien. L'erreur de croire à un oubli. L'erreur de croire qu'elle pourrait l'ignorer. Et, en plus de cela...

Elle avait fait le faux mouvement de trop qui avait rouvert les plaies.

La Mélodie du Temps. Tome II : Besoin d'airOù les histoires vivent. Découvrez maintenant