Chapitre XIV :

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Le vent d'Octobre venait frapper les fenêtres du manoir de Santania. Deux mois s'étaient écoulés depuis la confrontation d'Ama et Ace, et rien ne s'était passé. L'Hypnotiseuse n'avait pas trouvé comment joindre Elios, elle ne sortait plus la nuit, et commençait à recoller les morceaux avec les Weasley, enfin plus précisément avec Fred car Ginny et George avaient déjà fermé les yeux depuis longtemps.

Mais là n'était pas le premier problème, enfin si, c'était son premier problème personnel, mais elle devait d'abord gérer celui qui n'allait pas tarder à menacer plus d'une personne.

Un matin où elle était seule à Santania, Ginny et les jumeaux étant au Chemin de Traverse et Caeta en Atlantide, Ama vit sa chambre se remplir d'ombres. Des ombres terrifiantes qui atténuaient grandement la lumière déjà peu présente de la pièce, comme des griffes acérées les ombres se rapprochèrent de l'Empathe qui, surprise, n'eut d'autre réflexe que de se renfoncer au maximum contre son lit.

Les ombres envahirent la pièce, Ama parvenait à peine à voir à un mètre devant elle lorsque la voix qui hantait désormais ses nuits résonna.

— Je suis déçu Amaterasu, tu ne viens plus à nos rendez-vous nocturnes. C'était pourtant si agréable de te voir me chercher comme un chien cherche son maitre ! Et nos discussions, ne te manquent-elles pas ?

— Honnêtement ? Pas le moins du monde, répondit Ama en essayant de contrôler ses tremblements.

La peur commençait à tout doucement s'emparer d'elle, ces ombres lui donnaient la chair de poule et son interlocuteur nocturne aussi par ailleurs.

— Eh bien à moi elles me manquent. Donc je te conseillerai de revenir dès ce soir, sauf si tu tiens à ce que l'un des hôtes de ce manoir disparaisse peut-être ? suggéra son interlocuteur.

Paniquée, Ama se sentit devenir livide tandis qu'elle essayait de bredouiller un « je viendrais ».

— Parfait alors ! On se retrouvera ce soir. Nous avons des choses à dire, susurra-t-il d'une voix douce tandis qu'une ombre venait caresser la joue d'Ama.

Cette fois-ci elle ne put retenir un cri, le touché d'une ombre était froid, glaçant, transperçant, comme la lame d'une dague, froide et tranchante.

Des bruits de pas précipités dans les escaliers se firent alors retentirent, les ombres se replièrent vers le centre de la pièce et, dans un tourbillon de mauvaises augures, disparurent sans ne laisser aucune trace derrière elle.

Paniquée, Ama resta recroquevillée le regard affolé elle cherchait à caller sa respiration et son cœur sur un même rythme un peu près normal.

— Ama ! Est-ce que ça va ? Pourquoi tu as crié ?!

L'Hypnotiseuse ne releva pas la tête, elle avait tant déçu Fred les derniers mois qu'elle osait à peine le regarder. Manque de chance il était têtu et lui attrapa les poignets pour qu'elle le regard dans les yeux.

— Il était là... J-juste là... parvint-elle à bredouiller en esquivant le regard de Fred.

— Qui ?

— L'interlocuteur nocturne, il était là. Il veut que je le retrouve ce soir, si je ne le fais pas il s'en prendra à vous et je... Je ne veux pas voir ce qu'il peut faire.

— Alors je viendrais avec toi, déclara Fred en allant droit au but.

L'Empathe ne trouva même pas d'arguments pour l'empêcher de venir. Elle lui ordonna juste de rester caché, si son interlocuteur le voyait, ils étaient fichus.

— Merci. Et désolée, dit-elle simplement tandis que sa respiration redevenait normale.

— On ne repartira pas sur les excuses ok ? Je m'inquiète juste pour toi, j'ai peur que tu sombres aussi, et je ne peux pas te voir sombrer, alors si je te hurle dessus c'est seulement parce que j'ai peur, expliqua brusquement Fred en venant la serrer contre lui.

— Je sais. Enfin, je m'en doutais à quatre vingt dix pour cent, affirma Ama en se réfugiant contre le torse de Fred.

— Eh bien maintenant tu peux en être sûre à cent pour cent, lui assura Fred en l'embrassant sur les cheveux.

L'Empathe sourit légèrement tandis qu'elle écoutait le cœur de Fred battre, il battait anormalement vite. Amour ou peur ? Peut-être les deux. Songeuse, elle resta contre lui, sans parler, sans bouger, il ne fallait pas rompre ce moment, pas rompre les pensées de l'Hypnotiseuse, ni ce moment de réconfort. Pour ça, ils pourraient déjà compter sur l'interlocuteur de la nuit lorsque cette dernière viendrait.

Fred était resté avec Ama le reste de la journée, il était revenu pour éviter Lucie et finalement n'était pas repartit pour assurer une protection à Ama. Le soir venu, lorsque tout le monde fut couché, ils s'aventurèrent dans les plaines. Fred suivait Ama de loin tandis que l'Hypnotiseuse s'avançait vers l'endroit où elle se faisait le plus souvent attaquer.

Comme les deux premières nuits elle sentit un fouet la faire tomber lourdement sur le sol pour lui couper le souffle, elle commençait à comprendre le stratagème de son ennemi.

— Pfff. Réellement Amaterasu, tu me déçois aujourd'hui. Je ne suis pas idiot, et toi non plus par ailleurs, alors pourquoi joues-tu l'imbécile ?

— De quoi parlez-vous ?

— Je t'avais dit que je connaissais tout de toi, que je savais comment tu fonctionnes, alors pourquoi faire comme si tu avais oublié ? Je sais que ça te hante et te purge l'esprit. Mais tu cherches quand même à être plus fort que moi. Alors, où est-il ? Le roux ? demanda l'interlocuteur.

— Je suis venue seule, rétorqua Ama.

— Et moi je suis le Conseiller Bronte tiens. Où est-il ? insista l'interlocuteur nocturne.

— Au manoir, dans son lit.

Mauvaise idée de répondre ça, des bruits de pas précipités se firent entendre et un courant d'air vint frapper Ama, il ne se passa pas cinq minutes que de nouveaux bruits de pas se firent entendre.

— Je l'ai trouvé. Mais il n'était pas dans son lit.

L'Empathe prit peur, dans la voix de son ennemi perçait une fierté inconcevable tandis que dans le cœur d'Ama s'animait de la panique. Apeurée, elle se leva d'un bond et chercha l'endroit où Fred s'était caché sans tenir compte de son interlocuteur. Elle courut alors vers un endroit où un grand rocher étincelait avec la lune, entourée d'hautes herbes c'était facile de s'y cacher, l'Hypnotiseuse s'en approcha et étouffa un cri. Fred se tenait comme il pouvait à la roche, le visage en sang et le corps tremblant de tous ses membres.

— Je t'avais prévenu que je te connaissais, murmura son ennemi à l'oreille d'Ama.

Puis plus rien, seul Fred qui respirait difficilement se faisait entendre, reprenant conscience Ama le fit s'asseoir et épongea ses plaies, l'arcade sourcilière ouverte, la lèvre fendue et il saignait du coin du front.

— Grande nouvelle Freddie, je ne t'emmène plus jamais avec moi en balade nocturne.

— La prochaine fois ce sera toi, je ne te laisserai pas seule, contra Fred en portant une main à son front.

— Bon sang Fred ! Tu as bien vu à quelle vitesse il a agi ! S'il te plait, je ne peux pas prendre le risque de te voir un peu plus blessé à chaque fois !

— On en reparlera avec les autres.

C'était une phrase sans appel qui clôturait le débat, Ama allait le perdre, c'était sûr. Exaspérée, l'Empathe aida Fred à se relever et passa son bras au-dessus de ses épaules pour l'aider à marcher jusqu'au manoir, elle lui parla de tout et de rien pour qu'il ne perde pas conscience, chose qu'il menaçait de faire à tout instant.

L'Hypnotiseuse perdit vite le file de ses paroles et se contenta de dire n'importe quoi, son interlocuteur nocturne était fort. Très fort. Comme Lucie, entre elle qui employait la manipulation et lui qui employait la force... On pouvait dire qu'Ama était dans une belle panade. La pire de toutes.

La Mélodie du Temps. Tome II : Besoin d'airOù les histoires vivent. Découvrez maintenant