Chapitre XIII :

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Ama était toujours couchée sur la douce herbe des plaines lorsque les premiers rayons chatoyants du soleil vinrent lécher son visage. Mais les aurores ne donnèrent pas envie à l'Empathe de se relever, elle avait passé le reste de la nuit allongée sur le sol, à réfléchir à la plus rapide des solutions. Comment pouvait-elle faire pour ne pas oublier ce qui l'entourait alors qu'elle dérivait toujours très vite vers d'autres sujets ? Comment pouvait-elle faire pardonner ses torts envers les hôtes du manoir ?

C'était officiel. Ama détestait cette situation, quitte à choisir elle préférait sa situation au Cygne Noir lorsqu'elle était traitée comme une moins que rien, au moins personne ne cherchait à la rendre folle au point d'oublier ceux qu'elle aimait.

L'Hypnotiseuse lâcha un long soupir, ce n'était pas l'un de ses soupirs d'agacement ou d'abandon lors d'une conversation comme ceux qu'elle avait souvent. Non, ce soupir était un soupir de désespoir, elle ne savait plus quoi faire, réellement. D'ordinaire elle se serait battue comme dix pour trouver une solution, mais là, c'est à peine si elle avait envie de se relever. Cette situation la rendait folle, la rendait désespérée, et elle devait encore se battre. Encore et toujours se battre, mais elle ne pouvait pas se montrer faible et lâche en restant à Santania pour attendre que tout cela se tasse, bien sûr que non, elle ne pouvait même pas y songer.

Pourtant, elle avait envie de faire ça, attendre que ça se tasse et rester loin. Mais ce n'était même pas la peine d'y songer, l'idée ne devrait même pas effleurer l'esprit d'Ama, elle devait se battre, elle n'avait pas le droit de songer à l'abandon, elle l'avait promis.

Finalement, elle se força à se lever et se dirigea vers le manoir les rayons du soleil éclairant ses cheveux pour leur donner un éclat d'opale, majestueuse et fière elle avançait la tête haute bien que son regard soit rivé sur ses pieds. Mélanger son assurance avec ses angoisses et sa peine étaient fort compliqué pour elle, pour elle ils étaient trop éloignés pour créer un mélange. Mais cela marchait quand même, certes pour donner un mélange qui faisait tourner la tête à Ama, mais ça marchait quand même.

Angoisse et peur se hâtaient en Ama à mesure qu'elle s'approchait du manoir, ils allaient encore s'emporter, sûrement par inquiétude parce qu'elle ne serait pas rentrée de la nuit, et après pour de bon parce qu'elle se serait encore fait attaquer.

— Arrête de te torturer Ama. Tu vas leur dire vérité et peu importe les réactions, se murmura-t-elle.

Et elle se parlait toute seule maintenant, de mieux en mieux !

Mais en arrivant au manoir, une surprise attendait Ama, une surprise de taille.

Son frère était là, assis dans un canapé avec Caeta tandis que les Weasley restaient debout, le regard méfiant, les bras croisés sur leurs poitrines.

— Ama ! Enfin ! Tu as fini ta balade du matin ?! demanda Ginny en bondissant près de l'Empathe.

Et en plus de cela ils avaient mentis, bien que cela ne la dérange pour le coup.

— Hm. Oui. Bonjour.

— Cache ta joie petite sœur surtout, la taquina Ace.

S'il savait à quel point elle se contenait pour ne pas lui exploser ses quatre vérités à la face.

— Ouais. Tu sais que je ne suis pas expressive. Mais sinon, que fais-tu là ? demanda Ama en faisan l'effort d'esquisser un sourire d'excuse.

— Rendre visite à ma sœur est interdit ?

Mentir à sa sœur est interdit ?

— Non. Mais vu ton impatience de me voir durant les derniers mois je doute que cela soit une simple visite de courtoisie.

Touché, la phrase fit baisser la tête d'Ace qui parut honteux sur l'instant.

— Je t'ai déjà dit que j'étais occupé par le travail. Déjà nous avons réussi à vous recevoir avec Ashley ce qui était déjà miraculeux, expliqua Ace.

Cette fois-ci, Ama ne parvint pas à se contenir, il continuait de mentir.

— Continue de t'enfoncer dans tes mensonges Ace, ce n'est pas moi qui mourrait étouffé dedans. Je croyais qu'on était frère et sœur non ? Qu'on avait promis de ne pas se mentir. Mais tu as rompu le pacte, tu m'excuseras de t'avoir imité, déclara-t-elle froidement choquant les spectateurs des retrouvailles.

— De quoi tu parles ? s'étonna Ace, bien que son visage soit devenu blême.

— De tout Ace, de tout. Occupé par le travail ? Au point de couper les ponts ? Pourtant avec McGonagall tu avais le temps de lui envoyer des lettres.

Première pique qui fit pâlir Ace.

— Tu avais le temps de chercher des endroits mystères pour aider des malotrus comme dit si bien McGonagall, mais tu n'avais même pas le temps de me faire la morale pour mon renvoi alors que tu étais au courant. Tu appelles ça être un frère ?

Ace ne répondit pas, il était désormais livide et semblait avoir perdu toute répartie.

— Réponds Ace ! Pour toi c'est ça être un frère ? Pour toi c'est oublier sa sœur, lui mentir ! Faire comme si tout allait bien alors que tout va mal ?! Tu tiens bien de Caeta visiblement ! Toujours à créer des nouveaux mensonges dont j'ai l'immense honneur d'être écartée. Et pourquoi par ailleurs ? Pour ma sécurité j'imagine ? Mais vous vous rendez compte que ces mensonges me détruisent plus qu'une nuée d'Invisibles au moins ?! s'emporta Ama les yeux humides de larmes de rage.

Elle ne ressentait pas de tristesse, juste de la colère, de la rancune et de l'amertume. Elle savait qu'elle mentait beaucoup aussi, mais elle cherchait toujours à dire la vérité et finissait par la dire, au contraire d'Ace qui semblait ne pas vouloir lui dire.

— Tu as fouillé dans mes affaires ? demanda-t-il enfin.

— Bien sûr que oui ! Mais c'est tout ce qui compte pour toi ?! Le fait que j'ai fouillé dans tes affaires ?!

— Non. Mais qu'est-ce que tu as lu précisément ?

— La lettre de McGonagall qui annonçait mon renvoi et j'ai lu deux trois lignes des autres venant d'elle, pourquoi ?

— Tu n'as pas toute l'histoire donc. Je comprends mieux.

— Et ça veut dire quoi ça ? Explique-toi Ace ! s'exclama Ama.

— Je ne peux pas. Si je dis quoi que ce soit, tu es morte. C'est à toi de tout découvrir seule Ama, avec un coup de pouce, précisa-t-il en faisant un signe du menton vers les Weasley qui se préparaient à retenir Ama au cas-où elle aurait une envie d'homicide.

— Et pourquoi toujours moi ?! Vous ne pouvez pas m'aider ?

— Parce que c'est ton histoire Ama, c'est à toi de l'écrire, pas à nous, répondit Caeta en se levant pour se mettre aux côtés de son fils.

— Parce que c'est toi qui doit le découvrir seule, tu as déjà vu des histoires où le protagoniste avait les réponses en un claquement de doigt ? renchérit Ace.

— Mais moi je ne voulais pas être ce fichu protagoniste à la noix ! Je voulais seulement une vie normale, des études normales, des disputes normales ! s'écria Ama qui menaçait de fondre en sanglots n'importe quand.

Epuisée elle se retira dans sa chambre, après une nuit blanche une dispute de bon matin n'était pas une idée glorieuse. Une fois sur son lit, elle prit sa peluche et la serra fort contre elle en s'empêchant de pleurer, elle n'en avait pas le droit, elle était la « protagoniste » elle devait rester forte, et trouver des solutions. Pour l'instant, une seule idée lui venait à l'esprit.

Elle devait retrouver Elios.

La Mélodie du Temps. Tome II : Besoin d'airOù les histoires vivent. Découvrez maintenant