Chapitre XXIX :

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L'esprit ailleurs, le regard perdu, Ama ne regardait pas où elle marchait. Elle sentait juste ses pieds s'enfoncer à chaque pression, elle regardait vaguement le décor autour d'elle. De la boue, des flaques d'eau, et des herbes hautes au-dessus givré, un vent froid commençait à s'installer tandis que le soleil déclinait de l'horizon.

— Le crépuscule ne va pas tarder, ça fait plusieurs heures qu'on marche, on va devoir faire demi-tour, déclara Kamelia en s'arrêtant.

— Et personne n'a rien vu ? demanda Ama.

— A part de la boue ? suggéra Ginny.

— Et mes bottes saccagées par la boue ? renchérit Arwen.

— Rien du tout, finirent-elles en chœur.

L'Empathe soupira, ça faisait plusieurs heures qu'elles pataugeaient dans de la boue et de la vase pour strictement rien. Et le pire, c'est qu'elles allaient devoir refaire le chemin à l'envers et de nouveau dans le sens de l'aller le lendemain. Quelle poisse !

— Je n'y crois pas qu'on ait fait ce chemin pour rien, soupira Arwen.

— En soit le trajet n'était pas si inutile que ça, j'ai appris certaines choses, rétorqua Kamelia en prenant une intonation mystérieuse.

Ama marmonna un semblant de « tant mieux », son regard perdu sur le lac qui reflétait les rayons ardents du soleil, elle ne regardait plus que ça. Comme fascinée par ce spectacle alors qu'elle en avait déjà des semblables des dizaines de fois. Peut-être était-ce à cause des nuances de vert qu'elle voyait se reflétaient avec les rayons ardents du soleil, la contraste entre l'orange et le vert donnait un spectacle splendide qui aurait pu hypnotiser Ama durant encore un long moment si elle n'avait pas entendu crier.

L'Hypnotiseuse tenta de se tourner vers Kamelia et les deux sorcières, mais à peine eut-elle fait un début de pirouette qu'elle se sentit s'engourdir dans la vase visqueuse. Elle jeta un regard en coin à Ginny et vit que cette dernière était plongée dans la vase jusqu'aux genoux.

— Du sable mouvant ? Sérieusement ?! s'écria-t-elle en cessant brusquement de bouger.

A côté d'elle Arwen bougeait comme si elle était attaquée par une horde de frelons, elle semblait plus paniquée qu'Ama ne l'avait jamais vue, mais plus elle bougeait, plus elle s'engourdissait dans la boue, enfin les sables mouvants.

— Arwen arrête de bouger ! Cela ne fera qu'aggraver le processus ! lui ordonna Ginny d'un ton sévère.

Mais Arwen était trop paniquée, beaucoup trop, elle continuait de gigoter en tout sens. Ama n'eut donc pas le choix, elle ferma les yeux, cessa de bouger, calla sa respiration sur un rythme paisible et pénétra l'esprit d'Arwen. Elle en était désolée, mais elle devait l'hypnotiser.

Lorsqu'elle pénétra son esprit pour lui donner l'ordre de cesser de bouger, l'Hypnotiseuse fut surprise de constater la résistance de son esprit, la Serpentard était puissante, mais elle était terrifiée, les vagues de panique effleuraient Ama comme une légère brise. En inspirant un grand coup, elle puisa dans ses forces mentales et s'aventura plus profondément dans l'esprit de la Serpentard où elle lui ordonna de cesser tout mouvement.

En rouvrant les yeux, Ama fut réjouie de voir qu'Arwen ne bougeait plus, mais son ravissement fut de courte durée. En maintenant l'emprise sur l'esprit d'Arwen, elle remarqua que la Serpentard était désormais engourdie jusqu'à la poitrine, Ginny était désormais plongée jusqu'au ventre dans la vase, Kamelia, de petite taille, était également à la poitrine à côté d'Ama qui sentait la boue infiltrait ses vêtements à la naissance de son torse.

— On fait quoi ? demanda Ama à Kamelia.

— Ne bougez pas, laissez le sable vous engourdir totalement ! intima la Chargeuse.

— Pardon ?! Tu veux qu'on meure ? s'étonna Ginny.

— Non ! Je... Je sens qu'il ne faut pas bouger, faites-moi confiance !

Bien que peu rassurée, Ama décida d'accorder sa confiance à la Chargeuse sur ce coup-là et se laissa aller dans la vase. Elle se sentait s'alourdir, déjà bien légère elle sentit brutalement cette sorte de prise de poids. La boue s'infiltrait toujours plus dans ses vêtements et frottait sa peau. Les yeux levés, elle regarda le ciel aux nuances crépusculaires et se laissa chatouiller par les rayons chatoyants. Lorsque soudainement Kamelia leur ordonna de prendre une grande bouffée d'air et de fermer la bouche et les yeux, elle ordonna à Arwen de faire ça lorsqu'elle sentit la vase caressait le bas de sa mâchoire. Ces sables mouvants étaient plus efficaces que ceux dont Ama avait entendu parler, elle vint même à soupçonner qu'il y ait de la magie derrière ça.

Mais elle ne put y réfléchir plus longtemps lorsqu'elle sentit la vase lui léchait le visage, elle se laissa s'engourdir dans ces sables mouvants.

Elle ne sut pas si la chute dura longtemps, en revanche elle sut qu'elle était tombée de haut et qu'elle était lourdement retomber sur le sol.

Le souffle coupé par la chute, Ama recracha de la vase qu'elle avait trouvé le moyen d'avaler, courbée sur le sol elle toussa fortement lorsqu'elle sentit qu'on lui tapait dans le dos pour l'aider à retrouver de l'air.

— Calme Ama ! Tout va bien ! lui dit Arwen.

Ama continua de tousser mais elle leva un pouce en l'air. Lorsqu'elle eut retrouvée son souffle elle se redressa et vit Arwen dont les cheveux étaient trempés, lui collaient au visage et étaient horriblement visqueux.

— Je vais prédire l'avenir attention ! déclara Ginny.

Elle fit des gestes avec ses mains comme si elle regardait dans une boule de voyance puis leva les bras vers le ciel comme pour invoquer un esprit en disant d'une voix grave :

— Ama va prendre la plus longue douche de sa vie dès qu'on sortira !

L'Empathe baissa le regard et constata avec effroi que son pantalon de base blanc était magnifique bien devenu marron, elle prit le risque de prendre une mèche de ses cheveux et étouffa un cri. Ses cheveux d'ordinaire si beaux, soyeux, et blanc surtout, étaient désormais couleur terre, visqueux, et horribles. Elle devait ressembler à un monstre des cavernes.

— Ecoutez ! leur dit Kamelia.

Les trois amies se turent et tendirent l'oreille, elles entendirent alors un égouttement d'eau, dans le calme ambiant de la grotte dans laquelle elles étaient tombées on entendait également l'eau qui s'écrasait contre la roche.

— On va se nettoyer, si on suit le bruit, on devrait tomber sur un lac sous terre, ou même un courant, ça nous sera tout de même utile. Et vous me suivez, ordonna sévèrement Kamelia.

Les trois jeunes femmes hochèrent la tête et suivirent Kamelia dans l'obscurité de la caverne sous-terraine, tandis qu'Arwen et Ginny utilisaient le sort de lumière maximale, Ama prit grand soin à rester près de Kamelia. Elle ne savait pas si c'était une bonne idée de lui faire confiance. Après tout, elle avait deviné qu'il fallait ne pas bouger, était-elle au courant de cet endroit ?

— Je n'étais au courant de rien. C'est juste l'instinct, déclara la Chargeuse en voyant le regard méfiant que tardait Ama sur elle.

— J'espère bien, si vous essayez de nous piéger vous risqueriez de le regretter.

Kamelia haussa vaguement les épaules et continua d'avancer, toujours méfiante, l'Empathe la suivit, lorsque soudainement, elles arrivèrent dans une cavité souterraine qui était traversée par un courant d'eau étrangement clair et limpide.

— On a trouvé l'indice d'Hunter, signala Kamelia.

La Mélodie du Temps. Tome II : Besoin d'airOù les histoires vivent. Découvrez maintenant