Chapitre XV :

21 2 0
                                    

L'attaque hantait toujours Ama, tandis qu'elle regardait Caeta s'occupait de soigner Fred au beau milieu de la nuit, elle ressassait sans cesse ce qu'il s'était passé. La vitesse à laquelle il avait agi était tout bonnement incroyable ! Il était rapide, fort, vicieux et rusé. Soit, le mélange parfait pour détruire quelqu'un, ce qu'il commençait à réussir à merveille avec l'Empathe.

Tandis que Fred serrait sa main, car Caeta lui faisait des points de suture à l'arcade sourcilière, Ama vit Ginny et George arriver, bien réveillés et même habillés.

— Pourquoi je ne suis même pas étonnée ! soupira Ginny tandis que George se hâtait près de son jumeau.

Ama lâcha la main de Fred et prit Ginny à part pour lui expliquer l'attaque.

— S'il te plait Ginny, j'ai besoin que tu dises qu'il ne doit plus venir avec moi, regarde son état, la prochaine fois ce sera quoi ? La mort ? dit-elle d'une voix suppliante.

— Tu connais Fred, il est têtu comme une mule. Mais je vais essayer de faire en sorte que tu y ailles seule, promit Ginny avec un sourire compatissant.

Ama la remercia d'un regard tandis que Caeta les appelait pour les explications, et le futur débat.

Ama alla s'asseoir près de Fred, Ginny à côté d'elle, tandis que Caeta se mettait bien en évidence en face d'eux. Fred commença alors à expliquer les premiers évènements de la journée, pourquoi il était rentré au manoir et l'intrusion soudaine qu'Ama avait subie, l'Empathe expliqua ensuite celle nocturne. Comment en l'espace de quelques minutes son interlocuteur avait fait le voyage.

— Wow... Sa force elle est... Terrifiante, déclara Ginny le teint pâle et le corps parcouru de frissons.

— Je ne sais pas comment il fait pour tout savoir, murmura Caeta.

— C'est un Ténébreux, déclara George.

Mais bien sûr ! Comment Ama n'avait-elle pas pu y penser ! Quelle idiote, en plus son oncle était Ténébreux et l'idée ne lui avait pas effleurée l'esprit !

— Comment tu sais ça toi ? demanda Fred.

— Angel en était un, je me souviens que j'étais choqué de voir quelqu'un manipuler les ombres, et comme à chaque fois Ama parle d'ombres, ça me paraissait évident, expliqua George.

— Plus le temps passe, plus j'ai l'impression que tu te rapproches du terme de génie, soupira Ama en massant ses tempes.

— Donc, la question qu'on se pose avant d'entamer un débat est : doit-on laisser Ama y aller seule ou pas ? fit Fred, prévoyant.

— Seule ! répondit précipitamment Ama.

— Accompagnée, contra Fred.

— Mais je sais me débrouiller ! Il ne m'avait pas fait de mal, tu as vu comment ça a fini pour toi ! répliqua Ama.

— Justement, la prochaine fois ce sera toi ! fit remarquer Fred.

Ama fixa Fred de son regard bleu nuit, elle comprenait qu'il cherche à la protéger, mais elle ne voulait pas prendre le risque de le perdre ! Ni lui, ni personne dans cette pièce, elle avait déjà eu des pertes trop importantes.

— Je pense qu'Ama devrait y aller seule, déclara brusquement Caeta en choquant plus d'un.

— Quoi ?! Mais pourquoi ?! s'indigna Fred.

— Son mystérieux interlocuteur nocturne ne veut pas lui faire du mal. Du moins pas pour l'instant, et même si c'était le cas, il ne le ferait pas maintenant, expliqua Caeta.

— Et pourquoi ? Vous avez bien vu comment il s'est attaqué à Fred ! S'il s'en prend à Ama, je doute qu'il retienne ses coups parce qu'elle est une ravissante demoiselle, fit Ginny, mordante.

Ama haussa un sourcil, il est vrai, pourquoi Caeta soutenait-elle l'idée que sa fille puisse aller seule, au beau milieu de la nuit, rencontrer une personne cachée dans les ombres qui pourraient sûrement la tuer en l'espace d'un instant ?

— Ho non, ça je me doute bien qu'il ne fera pas de différence. Mais s'il ne peut pas lui faire de mal c'est parce qu'il sait que ça ne l'affectera en aucun cas, la douleur fait partie de vos vies. Vous êtes des habitués, mais le plus douloureux pour ma chère fille ici présente, c'est la douleur infligé aux autres à cause d'elle, et c'est encore pire si c'est une personne qu'elle aime, expliqua Caeta de façon étrangement posée.

Ama se sentit cuire de honte, vu comme ça c'était sa faute, et comme sa mère avait raison c'était forcément sa faute.

— Mais... l'encouragea Ginny.

— Mais, il y a aussi une seconde raison. Il n'y a plus de doute sur le fait qu'Ama est qualifiée de protagoniste, ce qui fait qu'elle est un pion dans le jeu de son interlocuteur. Elle est le pion essentiel pour mener à bien la partie, le joueur manipulé qui ne comprend ce qui lui arrive qu'à la fin, lorsque le coup final est porté.

— C'est fou comme tu es rassurante Maman, ironisa Ama.

— Je ne suis pas dans mon rôle de mère, donc mon but n'est pas de te rassurer. Mais de t'expliquer la situation dans tous ses détails, de faire en sorte que la vois sous chaque angle, que tu comprennes le mécanismes du jeu, que tu comprennes quel est le chemin à suivre, que tu saches comment résoudre l'énigme, se défendit Caeta le menton haut.

— C'est vrai que tu m'aides tant, fit Ama avec sarcasme.

Elle attendait toujours de savoir comment joindre Elios.

— Poses les bonnes questions, c'est tout, répondit Caeta avec un sourire en coin.

Ama leva les yeux au ciel, quelle grande aide ! On aurait cru entendre Ombrage avec ses « je ne dois pas dire de mensonges ». L'Hypnotiseuse était fatiguée de chercher à répondre à des énigmes inconcevables et insolentes !

— Bon, revenons au jeu. Sur ce plateau qu'à tracé ton interlocuteur, tu peux être qui tu veux. Je veux dire, plus qu'un simple pion sans intérêt, tu peux être le leadeur, la manipulatrice, la discrète qui montre sa force à la fin, ou alors, tout bonnement et simplement... Celle qui remporte la partie, reprit Caeta.

L'Empathe se redressa d'un bond, les poings serrés, elle aimait bien les métaphores, mais sans savoir pourquoi celle-ci l'agaçait, elle répondit quand même en employant le vocabulaire de jeu à sa mère.

— Je ne veux pas être le joueur qui fait les coups bas pour gagner, je ne veux pas être le leader que tout le monde déteste car il est arrogant. Je veux juste faire parti de ceux qui sortent en vie de la partie, brisée, meurtrie je m'en fiche, juste en vie. Parce qu'on le sait tous, une fois rentré dans son jeu, c'est impossible d'en sortir intact.

La Mélodie du Temps. Tome II : Besoin d'airOù les histoires vivent. Découvrez maintenant