L'hiver arrivait à présent à grands pas, la nuit tombée sans crier gare et sans que l'on n'eût même le temps de se faire à la faiblarde lumière du jour. D'ordinaire, Orion redoutait ses mois de nuits longues, car le manque de lumière le rendait morose et le froid galvanisait ses idées noires. Pourtant, pour la première fois depuis des années, il lui semblait que le changement de saison ne l'affectait pas, car ses journées étaient désormais faites d'une irradiante lumière et d'un sentiment de légèreté.
Le crépuscule se dessinait déjà à l'horizon, amenant avec lui les glaciales brises nocturnes, alors qu'il se rendait à un endroit qui lui était désormais familier. Il pénétra à l'intérieur de « la caverne des lucioles », se laissant immédiatement envahir par l'atmosphère apaisante qui y régnait. Emilie était au bar, penché au-dessus de ses livres de cours. Orion la salua, et cette dernière se contenta de lui répondre, sans lever le nez de son ouvrage :
— Il est dans le fond là-bas. Je l'ai envoyé ranger les livres.
Un immense sourire se dessina sur le visage du brun, et il se hâta de rejoindre Rigel, remerciant la rouquine au passage.
Il ralentit le pas quand il l'aperçut enfin, sentant son cœur se serrer comme à chaque fois qu'il le revoyait. Il était entre deux bibliothèques, assis sur une caisse pleine à craquer de livres, dos à lui. Orion pouffa intérieurement. Il n'allait sûrement pas beaucoup avancer dans son travail à ce rythme-là.
Deux choses le surprirent quand il arriva à sa hauteur, alors qu'il posait une main sur son épaule pour l'interpeller. La première : il était paisiblement en train de lire alors que les écouteurs sur ses oreilles semblaient cracher des sons brutaux de heavy métal.
La seconde : pour la première fois, il constata quelque chose qu'il n'avait jamais entrevu auparavant. Là, dans le bas de sa nuque, tombant dans son dos, se dessinait une étrange marque qu'il reconnut immédiatement. La peau à cet endroit avait l'apparence craquelée des écailles reptiliennes, mais semblait pourtant aussi fragile et translucide que les ailes d'un papillon. Cicatrices indélébiles des grands brûlés.
Il en eut le souffle coupé un instant, mais il dut se reprendre bien vite quand le blond se tourna, souriant en l'apercevant.
— Orion. Désolé j'étais pris dans ma lecture, dit Rigel en retirant les écouteurs de ses oreilles.
— Je croyais que tu étais censé faire du rangement ? Je crois qu'à ce rythme tu seras toujours avec ta caisse de livre dans une semaine.
— Tu es devenu l'émissaire d'Emilie maintenant ? demanda le blond avec un air taquin tout en remettant ses appareils auditifs. Je confesse que je manque cruellement de productivité, mais en même temps je ne pouvais passer devant un de mes ouvrages préférer sans en explorer quelques passages.
— Qu'est-ce que tu lisais ?
Rigel lui tendit le livre avant de se redresser, prenant au passage quelques ouvrages qu'il rangea dans la bibliothèque face à lui.
— Les nourritures terrestres, lut Orion à haute voix. Oh, oh je vois « Nathanaël je t'apprendrais la ferveur ».
Rigel se retourna, semblant un instant surpris avant d'échapper un petit rire.
— Je vois que monsieur connait. Est-ce que tu l'as déjà lu au moins ?
— Eh bien. Orion s'était redressé, prenant lui aussi quelques livres pour aider son ami. Il me semble l'avoir lu au lycée...
— Oh. C'est sûrement pour cela que tu ne te rappelles que de ce passage, ton cerveau plein d'hormones n'a dû filtrer que cela.
— C'est fort possible, pouffa Orion, mais je crois que le reste m'avait paru bien trop nébuleux pour que je puisse m'en souvenir.
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Prière à une étoile
RomanceOrion est rentré un soir d'averse et depuis sa mère ne le reconnait plus. Gaïa le sent abattu et inconsolable mais ne connait pas la source de son chagrin et le jeune homme ne lui confit rien. Un jour qu'elle s'assigne pour mission de ranger la cham...