Chapitre 6

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Livaï se tournait et se retournait dans son lit. Il ne cessait de repenser à l'éclair de tristesse qui était passé dans les yeux d'Erwin au moment où il lui annonçait accepter la mort. Cela paraissait pourtant évident non ? Lorsqu'on fait partit du bataillon d'exploration, on doit toujours être prêt à mourir. Il était 3 heures du matin, et le caporal ne dormait toujours pas.

Le major ne dormait pas, lui non plus. Il était assis par terre dans sa chambre, une bouteille d'alcool bien entamée à côté de lui, il avait ramené ses genoux contre sa poitrine et y avait posé sa tête. Il ne se sentait pas très bien, il n'arrêtait pas de penser à ce qu'avait dit Livaï. Il releva la tête et se rendit compte qu'il pleurait.
« Je suis pathétique. »Murmura-t-il en pleurant de plus belle.

Ce chuchotement parvint jusqu'aux oreilles de son voisin de chambre. Ce dernier se leva d'un bond et alla toquer à la porte d'Erwin.
« Major... je peux entrer ?
- Livaï, c'est toi ?
- Oui.
- N'entre pas, je ne veux pas qu'on me voit dans cet état. Répondit-il d'une voix faible.
- Vu ta voix tu n'as pas l'air d'aller bien. Laisse moi entrer s'il te plaît.
- Après tout... si tu veux, mais c'est à tes risques et périls. » Finit-il par dire à contrecœur. Le blond n'avait aucune envie que l'homme qu'il aime le voit dans un état si pitoyable.

Le caporal chef entra, et son regard se posa directement sur la bouteille d'alcool presque vide, posée par terre, à côté d'un verre vide et d'Erwin. Il la saisit et la posa sur le bureau, puis il s'assit aux côtés du major. Ils restèrent silencieux quelques minutes qui parurent une éternité jusqu'à ce que Livaï prennent la parole.
« Je ne sais pas si c'est le moment de t'annoncer ça mais j'ai eu des nouvelles de l'État et ils ne veulent toujours pas financer nos missions.
- Pas grave... de toute façon on a pas encore assez de soldats. Lui répondit une voix enrouée.
- C'est pas faux... » Conclut le caporal en posant sa tête sur l'épaule d'Erwin. Ce dernier fut surpris par ce geste, mais en fut néanmoins très heureux.

Livaï s'éclaircit la voix avant de recommencer à parler :
« Erwin, j'aimerais t'aider, mais je n'ai strictement aucune idée de comment je peux le faire. »
Pour seule réponse, il eut le silence.
« Erwin ? »
Toujours rien. Le soldat aux cheveux noirs se releva d'un coup et se rendit compte que le soldat était tombé dans les pommes. Il toucha son front mais retira sa main immédiatement.
« Il est brulant de fièvre ! Hansi ! Cria-t-il.
- Qu'est ce qu'il y a ? Répondit l'intéressé en arrivant dans la chambre.
- À ton avis la binoclarde ? Dit-il en désignant Erwin dans ses bras, les yeux fermés. Il s'est évanoui ! Et son front est carrément brûlant !
- Ok ok je m'en occupe ! »

1 heure après, Hansi donnait son verdict à Livaï.
« Il a juste besoin de repos. Je crois qu'il a eu un peu trop d'émotions ces derniers temps. Et peut-être qu'il s'est trop surmené aussi.
- Je vois.
- Je crois que tu ferais mieux de rester avec lui. Ajouta Hansi avec un sourire malicieux aux coins des lèvres.
- Tch. »

Lorsque le major se réveilla, il vit tout d'abord le plafond de sa chambre. Il sentait qu'on lui tenait la main alors il se tourna et vit le caporal assit sur un tabouret, les yeux fermés. Il dormait. La pièce était baignée de lumière, le soleil qui rayonnait dehors envahissait toute la chambre. Erwin se redressa pour s'appuyer le dos au mur. Il admirait le soldat endormit à ses côtés. Il détaillait chaque parcelle de son visage. Il avait l'air si paisible, si calme. Le blond tendit la main et replaça une mèche rebelle qui tombait sur les yeux clos de Livaï. Ce dernier se réveilla, presque en sursautant.
« Tu as un sommeil très léger. Dit Erwin en souriant.
- Euh... oui. Répondit le caporal, un peu déconcerté. Tu es réveillé, c'est bien. Comment tu te sens ?
- Un peu fatigué je l'avoue... Et ma tête me fait atrocement mal mais sinon ça va.
- Ok... Je reviens dans une petite minute d'accord ? Dit le noiraud en se levant et en lâchant la main du major.
- D'accord. »

Alors que le soldat était parti, Erwin fixait la main qu'il avait lâché il y a quelques secondes. Il avait une sensation de manque, et ne souhaitait qu'une seule chose, que l'homme qu'il aimait revienne.

Environ cinq minutes plus tard, Livaï retourna s'asseoir sur le tabouret qu'il avait mis à côté du lit du malade. Il tenait quelque chose derrière son dos.
« Qu'est ce que tu caches ? Demanda le blond
- Hum..., dit-il en s'éclaircissant la voix, j'ai remarqué que quand tu es triste, tu regardes toujours ça... du coup je te l'ai apporté. » En disant ça, le caporal montra l'objet au major. C'était le portrait d'Erwin et son père. Le malade eut les larmes aux yeux, ému que l'homme qu'il aime fasse tout ça pour lui, qu'il sache comment faire pour le réconforter.

Mais il tilta d'un coup et sourit malicieusement.
« Dis donc... ça veut dire que tu m'espionnais ?
- Pas du tout ! Répondit Livaï en rougissant. Je suis juste passé devant ta fenêtre un jour et je t'ai vu. C'est tout.
- Bien sûr. Tu sais que tu ne sais pas mentir ? Dit le blond en prenant sa main.
- Tch. » Répondit l'autre, tout en serrant la main d'Erwin et en détournant le regard.

Après quelques minutes, Livaï reprit la parole.
« J'avoue, je t'ai surveillé. J'avais peur que tu fasses... une bêtise.
- Oh, Livaï... » répondit Erwin en prenant le soldat aux cheveux noirs dans ses bras.
Ce dernier serra les bras autour du blond, puis il se rendit compte que des larmes coulaient sur ses joues.

« Tu voudrais pas qu'on aille manger ? Je meurs de faim. Reprit le major.
- Si, bonne idée. »
Ils se séparèrent et le caporal aida Erwin a se lever. En entrant dans la salle à manger, ils tombèrent sur Hansi et Mike, en train de s'embrasser.
« Prenez une chambre ! » Râla Livaï.
Le couple se sépara en rigolant. Et tout le monde s'installa à table. Erwin n'avait fait aucune remarque sur le nouveau couple du bataillon. Il les avait trouvé très mignons, mais cela lui avait fait comme un pincement au cœur. Il se demandait si un jour, lui aussi pourrait être la, à embrasser le caporal. Il remua la tête pour chasser ces pensées. Il valait mieux ne pas se faire de faux espoirs. Ils mangèrent tous en rigolant et taquinant les amoureux.

Quelques jours plus tard, alors que Livaï faisait de la paperasse, assit à son bureau, du bruit lui parvint à travers le mur qui donnait sur la chambre du blond. Ce dernier était guérit de sa courte maladie mais était toujours très triste. Le caporal colla son oreille au mur pour mieux entendre. Il ne distinguait aucun mot, mais il comprit que le major était en train de parler a voix basse. Il n'avait pas l'air de parler avec quelqu'un, il avait plutôt l'air de parler tout seul. Livaï comprit qu'en réalité il était en train de parler avec la photo de son père et lui. Cela le rendit triste. Il ne savait plus quoi faire pour aider cet homme, mais il voulait désespérément trouver quelque chose qui pourrait le faire aller mieux. Pourquoi il faisait tout ça ? Il n'en avait aucune idée.

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Sixième chapitre ! C'est incroyable, j'ai jamais été aussi régulière ! Encore merci de me lire et à la prochaine !

Toi et moi [Eruri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant