Inattendu// Timothée Chalamet

Chapitre six

Après m'être confondue en excuses et avoir expliqué et ré expliqué la situation, l'homme qui se tient devant moi me répète que ce n'est rien.

"It happens", me répète t il de son côté avec un sourire rassurant.
J'ai envie de hurler, ou de me cacher de honte. Peut être les deux. J'apprends rapidement que la majorité des gens qui sont attroupés autour de nous font partie de son équipe.

Il me présente brièvement Brian, son agent, qui me répète qu'il serait heureux de m'accompagner à l'hôpital. À ses côtés se trouvent son assistant, sa publiciste, un reporter du Monde et toute une petite armée de personnes dont j'oublie immédiatement les rôles.

Et bien sûr, s'ajoutent à cette troupe quelques fans qui ont repéré l'acteur, et qui à en juger par la vitesse à laquelle elles pianotent sur leurs téléphones depuis quelques minutes, viennent d'alerter tout paris sur la localisation du principal intéressé.

En parlant de Timothée, celui ci est à présent en train de me remettre les feuilles  que j'ai laissées s'échapper par terre et qu'il a pu récupérer. Je profite de l'instant où il me les tend pour répéter à quel point je suis désolée, et pour m'assurer à mon tour qu'il ne s'est pas blessé en tombant. Imaginez qu'il ne puisse plus jouer à cause de moi!

Il rit à cette réflexion, et ce son m'atteint jusque dans un creux de mon ventre dont j'ignorais jusqu'à l'existence.

- Ne t'inquiète pas, me dit il avec un fort accent américain. I'm not made of glass.

Une fois mes affaires récupérées, dont ma bouteille Thermos dont le contenu a eu le temps de se vider, je me rends compte que nos chemins vont se séparer. Peut être aurais je dû accepter sa proposition de m'accompagner à l'hôpital. Mais un simple élancement dans le bras et quelques égratignures ne donnent pas droit à plus d'une heure de soins, j'en sais quelque chose.

Pendant que je réfléchis au meilleur moyen de ne passer ne serait ce qu'une minute de plus en sa compagnie, son équipe l'interpelle pour lui dire qu'il est temps de partir. À la vue de la foule grandissante autour de nous, je ne peux pas le leur reprocher. Bientôt les fans viendront faire la queue pour se prendre en photo avec lui.

Sa voix me sort à nouveau de mes réflexions:
- I forgot to introduce myself. I'm Timothée. You can call me Timmy.
Je retiens l'envie frénétique de lui dire que je sais qui il est, et je me contente de me présenter comme je le ferais avec une personne lambda.
- My name is Rachel. But you can call me Leo. I know it doesn't make any sense, but neither does having a french name and being American...

Son rire berce à nouveau mes oreilles.

-Touché! Well, I have to go but it was...nice? to meet you. See you Leo!

Je ne relève pas la pointe d'interrogation dans son ton. Je prends une bonne seconde pour mémoriser tous les détails que je n'aurais jamais pu imaginer sur lui. Son grain de peau, ses yeux émeraudes auxquels le soleil vient apporter une touche d'or, ses taches de rousseur qui éclaboussent son visage, ses lèvres pulpeuses étirées en un sourire délicieux qui lui fait des petites rides près des yeux. J'ai pleinement conscience de le regarder  comme si je voulais l'emporter dans ma mémoire.

-See you Timmy.

Alors qu'il s'en va, non sans se retourner une dernière fois, je remarque à mes pieds un objet luisant; des lunettes de soleil. Je les ramasse et réalise que je les ai déjà vues quelque part.