𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 8

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Quelques jours s'étaient écoulés depuis le retour des souverains à Telmar. Tout semblait paisible et serein depuis la chute de William, pour le plus grand bonheur des habitants. Susan passait la majeure partie de son temps seule, absorbée par des livres, assise contre le tronc d'un grand arbre. Alors qu'elle était plongée dans sa lecture habituelle, une branche craqua sous le poids de quelqu'un, la faisant sursauter. Elle leva les yeux et découvrit avec un mélange de surprise et de gêne l'homme qu'elle cherchait à éviter depuis son retour.

— Je vous prie de m'excuser, je ne voulais pas vous effrayer, dit Caspian d'un ton poli.

— Ce n'est rien, je m'en allais, rétorqua Susan en fermant son livre d'un geste brusque, s'apprêtant à s'éloigner.

Mais le roi, bien décidé à engager la conversation, lui prit doucement la main.

— Ne me fuyez pas, majesté, demanda-t-il calmement.

— Je ne vous fuis pas, répondit-elle avec un brin de défi dans la voix.

— Cela fait des jours que j'essaie de vous parler, et pourtant je n'y parviens pas, avoua-t-il avec une sincérité palpable.

Susan savait qu'elle ne pouvait échapper à cette rencontre. Une discussion s'imposait, inévitable.

— Très bien, dans ce cas, je vous écoute, dit-elle, tentant de reprendre contenance malgré l'émotion qui montait en elle.

— Je sais que cette histoire de prophétie ne doit pas être simple pour vous, mais sachez qu'il en est de même pour moi, commença-t-il. J'ai passé les trois premières années de mon règne à essayer de ne pas penser à vous. Je m'étais fait à l'idée de ne plus jamais vous revoir... ou du moins, je le croyais. Mais quand je vous ai revue à votre retour ce jour-là, j'ai ressenti tout ce que je ressentais il y a trois ans.

Susan était frappée par ses mots, et leur écho ravivait la douleur de ses souvenirs passés, lorsqu'elle avait pleuré son absence dans un autre monde.

— Arrêtez, je vous en prie, murmura-t-elle en fermant les yeux pour chasser l'émotion.

— Pourquoi ? Pour ignorer ce que nous ressentons vraiment ? s'écria-t-il, sa voix trahissant la tension qui l'habitait.

— Parfaitement ! s'exclama-t-elle, sa frustration éclatant à la surface.

Le silence retomba rapidement, prêt à être brisé à nouveau.

— Vous êtes peut-être promise à un autre. Mais je vous aime, et vous le savez au fond de vous. Je ne peux plus cacher ce que je ressens, déclara le jeune roi avant de faire un pas en arrière.

Il s'arrêta lorsque la jeune femme prit la parole.

— Je ne suis promise à personne. Mon ami m'a effectivement offert cette bague, en me proposant de partager sa vie, mais je n'ai pas eu l'occasion de lui donner ma réponse. Il m'a simplement demandé de porter cette bague, expliqua Susan.

Elle se tourna vers Caspian, qui s'était arrêté pour la regarder. Il s'approcha lentement d'elle.

— Dans ce cas, regardez-moi dans les yeux et dites-moi que vous ne m'aimez pas, et je vous laisserai en paix, affirma-t-il.

Susan baissa les yeux, inspira profondément, puis plongea son regard dans celui du roi. Elle savait qu'elle ne pouvait pas lui mentir, son cœur lui interdisait de le faire.

— Je vous aime, Caspian, confia-t-elle.

Un sourire éclaira le visage du roi, tandis que celui de la reine reflétait une douce compréhension.

Narnia : Les souverains , les jumeaux et la boîte de NarniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant