𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 11

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Le soleil venait à peine de se lever sur le royaume de Telmar lorsque Susan sentit l'air frais et la douce brise caresser son visage. Au galop sur son cheval, ses cheveux bruns flottant au vent et le bruit des vagues se brisant sur le sable, elle était heureuse et se sentait incroyablement légère. Elle éclata de rire en réalisant que le Roi aux cheveux ébènes la rattrapait.

Depuis quelque temps, alors que la paix régnait sur Narnia, les deux jeunes gens avaient décidé de passer plus de temps ensemble pour mieux se connaître. Leur complicité n'était pas passée inaperçue aux villageois de la capitale, qui savaient que ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre.

Leur habitude était devenue une promenade à cheval régulière chaque matin, profitant de la tranquillité à l'abri des regards indiscrets.

— J'ai encore gagné, annonça Susan d'un ton moqueur en stoppant son cheval.

— Je crois que vous vous méprenez, ma Reine. Il est évident que je suis arrivé le premier, répondit Caspian d'un ton solennel, ce qui fit rire la jeune femme.

— Oh, pardonnez-moi, votre majesté. Je ne peux contester l'avis du roi, rétorqua-t-elle avec un air faussement désolé.

Caspian éclata de rire, un son sincère qui fit frémir Susan. Elle avait du mal à croire qu'elle contribuait à son bonheur à ce point, mais elle en était ravie.

— Vous êtes excusée, madame. Comment pourrais-je résister à une souveraine aussi belle que vous ? demanda Caspian d'un air rhétorique, comme si cela allait de soi.

Le cœur de la jeune Reine battait la chamade. Comment un homme pouvait-il lui faire un tel effet avec un simple regard et quelques mots ? Elle n'avait jamais ressenti cela pour quiconque, pas même pour Stan.

— Vous me flattez, répondit-elle en continuant de sourire, avant de descendre de son cheval quelques mètres plus loin, près des derniers arbres à la lisière de la plage.

Caspian l'imita et s'approcha d'elle après avoir attaché son étalon noir. Il était ravi de partager ces moments privilégiés avec la Reine, mais il sentait parfois qu'elle était ailleurs.

— Tout va bien ? lui demanda-t-il d'un ton inquiet.

Susan sortit de ses pensées et afficha un magnifique sourire.

— Oui, désolée, je pense beaucoup à mon père en ce moment, confia-t-elle. Quand j'étais enfant, il était un père aimant, attentionné et drôle. Il savait toujours comment nous faire rire pour apaiser nos inquiétudes. Mais lorsque la guerre a commencé, tout a changé. À son retour, il était devenu froid, distant, vide de toutes les émotions spontanées qu'il avait autrefois. Je savais que la guerre pouvait transformer les gens, mais je ne pensais pas que cela serait à ce point, termina-t-elle.

Caspian ressentit une profonde compassion, lui qui n'avait jamais connu son père.

— Je ne pourrais pas vous donner de très bons conseils à ce sujet. Je n'ai pas eu la chance de connaître mon père. Miraz l'a assassiné peu après ma naissance, et je n'ai que des témoignages de diverses personnes du château sur sa personnalité, avoua Caspian.

Le cœur de Susan se serra, touchée par les mots de Caspian. Elle se sentit coupable de se plaindre de sa situation alors que lui n'avait jamais eu la chance de connaître son père. Le roi perçut cette culpabilité chez la Reine, mais il ne voulait pas susciter sa pitié. Il avait appris à vivre avec son passé, à prendre confiance en lui et à s'occuper du royaume qu'il avait hérité, espérant que son père veillait sur lui d'une manière ou d'une autre. Pour changer de sujet, une idée lui vint à l'esprit.

Il s'approcha de Susan et l'embrassa tendrement. Elle lui rendit son baiser. Pendant ce temps, alors qu'elle semblait surprise, il la prit dans ses bras et courut vers l'eau. Étonnée, Susan éclata de rire.

Narnia : Les souverains , les jumeaux et la boîte de NarniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant