𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 9

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Susan se trouvait dans les jardins, près de la fontaine, écoutant l'eau couler tout en se laissant emporter par sa douce mélodie. Quelques jours s'étaient écoulés depuis son baiser avec Caspian, mais elle n'avait pas eu l'occasion de le revoir. Cependant, elle ne pouvait ignorer les regards fixés sur elle à chacun de ses déplacements. La prophétie était désormais connue de tous. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était qu'Aslan apparaisse enfin pour répondre à ses nombreuses questions.

Mais le Lion restait silencieux. Tandis que le calme habituel des jardins l'enveloppait, une agitation soudaine éclata. Les serviteurs couraient en direction de l'entrée principale du château.

— Susan ! s'écria Lucy en accourant vers elle. Viens vite !

Susan fronça les sourcils, perplexe, avant de se lever précipitamment et de suivre sa sœur.

— Lucy, que se passe-t-il ? demanda-t-elle, déconcertée.

Lucy ne répondit pas, mais s'arrêta brusquement devant la grande place, là où Susan avait autrefois fait ses adieux à ce monde enchanté. Des villageois étaient rassemblés, et Caspian venait d'arriver au même moment que les deux reines. Au centre, un homme était agenouillé, retenu par deux gardes.

— Le traître est là, votre majesté, déclara Trompillon, une entaille encore récente ornant sa joue.

Susan se tourna vers l'homme agenouillé, observant chaque détail. Une cicatrice à son cou attira immédiatement son attention. C'était une marque particulière, témoin d'un incident bien précis. Une seule personne possédait cette cicatrice si reconnaissable.

— Sire, au vu de ses actes, il est évident que cet homme, qui prétend être roi de Narnia, est indigne de confiance, déclara Rix à l'intention de Caspian.

Susan s'approcha lentement du prisonnier.

— Attendez, murmura-t-elle en relevant délicatement la tête de l'homme.

Leurs regards se croisèrent. Des yeux d'un bleu identique aux siens lui firent face. L'homme, visiblement surpris, tourna la tête vers Lucy.

— Papa... souffla Lucy, tout aussi stupéfaite que sa sœur.

Le choc se peignit sur les visages de Caspian, Trompillon et Rix.

— Susan ? Lucy ? Que faites-vous ici ? demanda Frank Pevensie, les yeux écarquillés devant ses deux filles.

— Je crois qu'on pourrait te retourner la question, répondit Susan. Détachez-le, ordonna-t-elle aux gardes.

Ces derniers hésitèrent, cherchant l'approbation de Caspian du regard.

— Le détacher ? Mais il est fou ! Il a tenté de me tuer, protesta Trompillon en montrant la blessure sur son front.

— Notre père n'est pas un meurtrier, il doit y avoir une explication, répliqua Susan en lançant un regard insistant vers Caspian.

Le roi soupira, puis fit un signe aux gardes qui relâchèrent Frank. Libéré, celui-ci se redressa, juste au moment où Edmund et Peter arrivaient, un peu en retard.

— Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il se passe ? demanda Edmund, figé face à leur père.

— Je pense qu'il va falloir des explications, déclara Frank en levant les mains en signe d'innocence.

Pour discuter en toute discrétion, ils se rendirent dans le grand salon. Cornelius les y attendait, ayant observé la scène depuis les fenêtres du château. À la vue de Frank, il retira ses lunettes, visiblement bouleversé.

— Votre Majesté, dit-il en s'inclinant profondément devant Frank.

Ce dernier soupira, mais cette fois, c'était de soulagement.

Narnia : Les souverains , les jumeaux et la boîte de NarniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant