Chapitre 6

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Alors que la résistance se préparait à affronter leur plus grand ennemi, Sinar attendait le réveil de son prisonnier. Il avait ordonné à ses esclaves de massacrer le premier village venu sans savoir qu’il y vivait quatre mages du plus haut niveau. Les gobelins étaient devenus des êtres sans conscience propre qui n’aspiraient plus qu’à se battre. Il arrivait parfois qu’ils se massacrent les uns les autres uniquement pour le plaisir de tuer. Aussi, ils n’avaient pas jugé bon de ramener des prisonniers puisque le maître ne l’avait pas ordonné.

 Ce dernier avait repris quelques forces mais était toujours incapable de faire un seul mouvement. Il avait non seulement un besoin vital de voir son prisonnier quitter son coma, mais également  viscéral. Il avait besoin d'être enfin nourri de nouveau. Cette soif qui ne l'avait jamais quitté s'était réveillée, plus violente encore. Mais cette fois il ne commettrait pas la même erreur. Il puiserait juste assez d’énergie et éviterait ainsi qu’il ne sombre une fois de plus dans l’inconscience.  Sinar avait appris la signification du mot patience. Toutefois il bouillonnait intérieurement de prendre sa revanche. Et il trouverait enfin le moyen de passer de l’autre côté des frontières. Il accomplirait son ultime but: absorber et s'approprier  toutes ces énergies nouvelles et différentes.  Après sa conquête des terres du sud plus de quarante années auparavant, il avait finit par annihiler tout être pourvu de puissance occulte. Ne lui restait plus que ces lâches  qui se terraient dans leurs temples cherchant un moyen de l’anéantir. Et ils avaient finit par réussir. D'ici peu, il saurait comment et pourquoi ses pouvoirs lui avaient fait défaut au moment même où cette maudite résistance était sur le point de tomber une bonne fois pour toute.

A cette pensée il hurla de rage. Comment avait-il pu se faire berner de la sorte? Lui qui avait absorbé toute la puissance des Halliantes. Le premier à succomber serait cet homme qui avait réussi là où tous avait péri et qui semblait contenir plus de puissance que tous ceux qu'il avait affronté jusqu'alors.

Cette pensée seule le fit sourire et son rire fit fuir ses esclaves. Ce qui le décupla et il finit  par cracher et tousser de nouveau. Iĺ était encore impotant et faible mais pour peu de temps, il en était certain. Tous allait bientôt connaître la vraie fureur du maître.

Bien qu’il fût incapable de bouger, il finit par ordonner aux gobelins de l’asseoir sur sa couche et de laver un peu la mansarde.  Soudain, il ne supportait plus de vivre dans cette puanteur, sachant son retour si proche.

 Hélas les jours défilaient et le prisonnier demeurait en état catatonique. Sinar se demandait s’il pourrait de nouveau pratiquer la magie. Il le fallait pourtant, il avait encore besoin de lui. Il aurait pu envoyer ses sbires capturer d’autres mages. Seulement il ne savait pas comment les choses avaient évoluées de l’autre côté. Sa première impulsion avait été de signaler son retour, sans se douter que le traître était si peu puissant, il le regrettait presque. Sans cela, il aurait pu capturer des proies dés la première sortie des gobelins. 

Il poussa un râle de mécontentement, il devait se montrer plus perspicace et plus habile. Lorsqu’il aurait retrouvé suffisamment de forces pour se déplacer, sa première attaque irait vers cette ancienne résistance et ses survivants. Et enfin, les terres du Sud seraient de nouveau en sa possession.

Au début de sa captivité, il avait tenté d’envoyer ses esclaves de l’autre côté du continent Sud, chaque fois aucun ne revenait. Cette fois il trouverait comment traverser lui-même les frontières. Il allait tous les exterminer un par un et leur montrer qui dominait et jusqu'au tréfonds des quatre terres.

Il rit face à son plaisir futur, il n’avait plus rit ainsi depuis de nombreuses années. La grotte entière résonna une fois de plus, si bien que les gobelins paniqués se terrèrent comme à leurs habitudes dans leur cache. Le son était diabolique et glaçait le sang de quiconque l’entendait. Aucun autre bruit ne filtrait des terres interdites, chaque créature tremblait face à cet ignoble monstre. Même des êtres aussi mauvais que les esclaves de Sinar. Jamais ils ne l’avaient vu dans un tel état, ils ne comprenaient pas ce qu’il se passait. Ils avaient peur du maître plus que de coutume et surtout de ce qu’il pourrait advenir d’eux s’ils n’obéissaient pas.  La réaction de ses sbires redoublait le plaisir du monstre, il aimait la sensation qu’il pouvait déclencher chez ces pitoyables punaises. Il rit de nouveau, toussa et cracha du sang. Cela ne calma pas pour autant ses ardeurs et il hurla qu’on vienne immédiatement lui apporter de l’eau uniquement pour le plaisir de voir ramper ses esclaves.

Sinar était de retour, ne lui manquait plus que la force de bouger enfin.

Destinée des quatre terre - RenaîtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant