Un hurlement fit cesser toutes activités sur les terres interdites. Dans une vieille mansarde au tréfonds d’une grotte un homme venait de pousser un cri de rage. Aussitôt un petit groupe de gobelins s’étaient approchés, curieux et soucieux de ce qu’il pouvait arriver à leur maître. Ils les avaient chassés en vociférant qu’il n’avait pas besoin d’eux. Ce qu’il restait de l’homme n’était plus que l’ombre de lui-même, incapable de se lever ni de faire un quelconque mouvement. Seuls ses serviteurs le maintenaient en vie. Il les avait réduits à l’état de simples esclaves plusieurs décennies auparavant et ils étaient aujourd’hui incapables de vivre sans leur seigneur.
Tel était son châtiment: ne plus ressentir aucun afflux magique. La congrégation avait en effet créée une barrière depuis les quatre temples après sa chute, uniquement par précaution.
Si seulement ces misérables vermines qui lui servaient d’esclave étaient un tant soit peu pourvu d’énergie occulte. Il était affamé de puissance, avide de pouvoirs. Depuis sa prison il ne pouvait rien faire, et envoyer ses sbires n’aurait servit à rien. Il en avait envoyé des centaines au massacre au début mais les temples et leurs gardiens protégeaient parfaitement les frontières. Alors il attendait. Prés de vingt et une année passées sur une couche putride avec pour seule compagnie des gobelins incapables de prononcer autre chose que des grognements et des « tout ce que vous voudrez maître ».
Et puis le jour du miracle arriva, on lui amena un homme, il avait été battu et tenait à peine debout. Il fut poussé à l’intérieur de la pièce qui demeurait éternellement dans l’obscurité. L’homme tremblait, il avait fait tout ce chemin pour voir le maître et après une semaine d’errance il était enfin devant lui.
Le voyageur eut un haut le cœur, l’air n’était pas renouvelé dans la pièce et il se demanda comment un homme pouvait vivre ainsi. Il voulu s’appuyer sur ce qu’il distingua être une table mais les gobelins l’en empêchèrent lui donnant à nouveau des coups. Il aurait très bien pu se débarrasser de quelques une de ces vermines mais ils étaient trop nombreux et lui si faible. Mais surtout, il devait garder ses forces pour le maître.
Il tressaillit lorsqu’il entendit enfin l’homme respirer, cela ressemblait plus à un râle morbide qu’un soupir. Comment avait-il pu survivre ainsi plus de deux décennies ? Il jura de se venger de ce bourreau.
Il avança d’un pas et fut aussitôt bloqué par les gobelins plus hargneux encore.
_Maître…je suis… venu pour vous servir.
_Je n’ai besoin que d’une seule chose….
Une toux glaireuse l’empêcha de continuer. L’homme s’approcha prêt de la couche, se mettant à genoux. Il retint alors son souffle, l’odeur était insupportable.
_Je suis troisième fils d’une lignée de mage de trois générations.
_Trop faible…
Il toussa de nouveau, le mage s’interdit un quelconque mouvement de recul. Il tenait à la vie malgré tout.
_…mais tu feras l’affaire…sais-tu comment t'y prendre ?
L’homme secoua la tête, et Sinar ne pu retenir un rire qui manqua l’étouffer dans ses propres sécrétions.
Aussitôt ses esclaves l’entourèrent, il ne les supportait plus.
_Sortez des frontières, massacrez le village le plus proche et revenez ! Il est temps qu’ils sachent que je serais bientôt de retour. Ordonna-t-il pour les faire disparaître.
Il toussa de nouveau et régurgita du sang, les gobelins ne s’approchèrent pas se contentant d’obéir au maître. Sinar respira profondément et continua.
_Tu vas devoir ….lancer une incantation…la plus puissante que tu connaisses.
_Maître c’est une attaque …
Il ne finit pas sa phrase, ce sort pouvait le tuer…mais qu’importait sa mort finalement si le maître se remettait de ses blessures.
_FAIT LE !!!!
Il hurla, n’y tenant plus. Il avait tellement besoin d’énergie.
Tremblant de peur le mage s’exécuta. Il ne savait pas comment procéderait le maître, il pria pour que son attaque ne lui soit pas fatale. Quelques secondes plus tard il s’écroula épuisé par l’incantation et tomba dans un profond coma. Il n’avait pas le niveau requis pour une attaque si puissante. Et surtout il avait omit une chose capitale, son apprentissage n’avait été que théorique. Sinar sombra lui aussi. Deux des quatre gobelins restés auprès du malade grognèrent puis empoignèrent le voyageur et le jetèrent dans un cachot non loin de la grotte du maître. Les autres s’occupèrent aussitôt de leur seigneur ne comprenant visiblement pas ce qui avait bien pu se passer.
Au même moment au temple de Galélia les mages présents avaient ressenti l’énergie provenant des terres interdites. Aussitôt le père de Khara avait été appelé, tous avaient attendu un quelconque mouvement provenant des frontières maudites. C’est à la nuit tombée que les gobelins surgirent. Les mages furent très vite dépassés par le nombre, ils ne s’attendaient pas à une attaque venant des autres terres, la paix régnait depuis si longtemps.
Sans possibilité de magie et face à de si nombreux ennemis, Galélia fut anéantie.
Au petit matin, Khara et Ra’his revenaient de leur petite escapade en forêt, leur désobéissance leur avait sauvé la vie.
Sinar ignorait qu’il venait de réveiller la colère d’un Halliante, il ne vit pas les hirondelles arriver. Seuls ses serviteurs s’en aperçurent et paniquèrent face à ce mauvais présage.
***
L'ancien mage noir ne s'éveilla pas avant une semaine, il n'avait repris que très peu de forces.
Son prisonnier n'était pas suffisamment puissant. Le fait de ne pratiquer son art que de manière théorique n’aidait en rien son maître. Mais Sinar était patient. Plus encore aujourd'hui maintenant qu'il avait quelqu'un pour le nourrir. Aussi il ordonna qu'on soigne le captif et qu'il ne lui soit plus fait aucun mal. Les gobelins grognèrent mais obéirent. Aussitôt la geôle de l'homme fut aménagée avec un minimum de confort.
Hélas son état ne s'améliorait guère, il demeurait en effet toujours entre la vie et la mort.
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Destinée des quatre terre - Renaître
FantasyElle venait de fermer les yeux, s'obligeant à ne pas les ouvrir. Elle voulait qu'enfin tout cela cesse. Elle n'y parviendrait pas, c'était au-dessus de ses forces. Les doutes avaient repris le dessus. La peur et l'angoisse agissaient comme un étau a...