Chapitre 3

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Janna...

Un sentiment étrange m'envahit. Suis-je resté dans le coma aussi longtemps ? Ça voudrait dire que j'ai raté plusieurs anniversaires, plusieurs festivals du printemps, et autres fêtes.

Rollinfell, mon petit village. Le seul endroit au monde où je me suis toujours senti chez moi.

Là-bas, les festivals étaient récurrents comme La Cornnidor, le premier jour d'automne, pour fêter l'arriver de la pluie tous les marchands et fermiers devaient déposer des paquets cadeaux devant les portes. Tous contenaient des invendus ou du foin séché mais un seul contenait une corne de bélier en or, celui ou celle qui avait la chance de la recevoir pouvait nourrir sa famille gratuitement à volonté pendant toute une année. Un sacré privilège en vu des famines ressentes.

Il y avait aussi, Bellosey ou encore le festival du nouvel an. Tout ça me manque et ce qui n'arrange pas les choses c'est que je ne pourrais plus jamais le vivre. Rollinfell est l'un des villages qui a été pillé puis détruit par la guerre des Hautes Nations. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons prit la route vers l'île la plus proche et la plus en sécurité, l'île de Narawi.

- Vous faites toutes deux partie du peu de rescapés de l'embarquement 7.33, a poursuivit l'homme, nous devons absolument faire en sorte qu'elle se familiarise aussi avec l'académie.

-... Ces dons peuvent vite devenir des dangers s'ils quittent les murs de cet établissement, ajouta la vielle femme, son frère en a été la preuve.

Ok, j'ai vraiment l'impression d'avoir manqué un épisode.
Plus le temps passait et plus une douleur insoutenable se propageait dans mes jambes. J'hurlais de douleur dans ma tête mais aucun son ne sortait. C'était comme si l'on me donnait des coups de pierres.

Grace à ça, je commençais à pouvoir bouger mes paupières, puis faire vibrer mes cordes vocales, et ...

- Ahh ! m'écrivais-je en me redressant sur le lit.

Les autres occupants de la pièce sursautèrent à tel point qu'ils en firent tomber quelques objets.

Leurs réactions m'importaient peu, je tenais mes jambes dans mes mains tremblantes, de même, ma respiration était incontournable. Je voyais mes jambes entièrement enveloppées d'un tissu blanc très serré sur chacune d'elles ce qui m'empêchait tout mouvement.

- Calme toi, ça va aller, respire ma belle, me rassura cette dame qui se tenait à côté de moi mais dont je n'avais toujours pas vu le visage.

Après avoir repris le contrôle sur ma respiration, je levai les yeux vers ces trois personnes qui me fixait avec un regard aussi terrifié que peiné.

La femme âgée n'était en faite pas si âgée que ça, elle devait avoir la quarantaine. Ces yeux étaient d'un vert très clair et sur son nez crochu reposaient des lunettes, qui cachaient ses taches de rousseurs sur ses joues creuses et pâles. Elle portait une longue robe jaune d'un style que je n'avais jamais vu auparavant. Sa taille paraissait bien plus petite que la moyenne mais ses longs cheveux châtains atteignaient presque ses genoux.

Cette femme me souriait, elle me rappelait le sourire de madame Orlanne, celui qu'elle faisait quand elle voulait me faire croire que tout allait bien alors que c'était loin d'être le cas.

Derrière elle, se tenait une fille adossée au mur, les bras croisés sur sa poitrine. Son regard persant m'a confirmé que c'était bien elle, ses grands yeux couleur noisettes, ses cheveux afro coiffés de deux nattes, sa cicatrice sur la lèvre inférieure. Elle avait la peau mâte car elle était issu d'un métissage.

- Janna ? marmonais-je.

Je raclai ma gorge, mais...

- ma voix....

Posai ma paume de main sur mon cou, ma voix n'était plus la même, elle était plus grave.

- Ne t'en fais pas, tu n'as pas encore l'habitude mais nous allons tout t'expliquer. Pour l'instant, tu dois te reposer, conseilla l'homme devant la porte.

C'était sans doute une sorte d'infirmier, il portait un t-shirt vert large et un pantalon de même couleur.

- Je n'ai pas besoin de me reposer, dites-moi tout, insistais-je.

- Tu n'es pas prête pour le moment, ma belle, ton corps a besoin de...

- s'il vous plaît, l'interrompais-je, je vais bien. Dites-moi ce qu'il s'est passé.

Après avoir lancé un regard à l'infirmier et Janna pour leur dire de nous laisser, la femme s'installa sur le lit.

- Es-tu sûre de vouloir tout savoir maintenant ?

-... Oui.

Elle eu à peine le temps de sortir un son de sa bouche que la porte s'ouvrit sur...

- Ah ! Voilà ton frère. Je vous laisse vous retrouver, déclara la femme.

Un jeune homme entra dans la pièce, mais ce n'était pas Guzmani. Pourquoi a-t-elle dit que c'était mon frère ?
Elle quitta la chambre, nous laissant seuls.

- Ce n'est pas ce que tu crois, je vais tout t'expliquer, me dit-il en voyant mon visage confu.

Anthéa : À Moitié Réciproque Où les histoires vivent. Découvrez maintenant