Chapitre 17

15 5 0
                                    

Laura ne le pouvait nier, elle menait une vie tranquille et heureuse. Rien ne lui manquait, rien ne pouvait être reproché à sa nouvelle vie, et à toutes les personnes l'encadrant nuit est jour. Car oui, la seule chose qui lui manquait venait directement de Laura elle-même, de personne d'autre qu'elle. C'était elle qui l'avait mené à un fort sentiment de regret le plus puissant dans sa courte vie. Peut-être que Miriam avait finalement raison. Cacher une telle vérité à ses amis d'enfance lui brisait le cœur plus que tout. Mais à présent, elle ne pouvait plus revenir en arrière.

Le dé était lancé définitivement.

Cependant, une fille lui avait changé sa raison de penser, de négatif à positif. Jusqu'alors, Laura avait décidé sans le savoir pourquoi, qu'elle ne pouvait plus rien y faire de son sort, et des siens. Son secret restera pour toujours enfouilli sous terre. Elle n'y pouvait rien, Louise avait décidé de ne pas le dire aux autres, pas même à Jade (De plus, leur situation amicale ne s'était guère améliorée depuis, paraît-il).

Cette fille révolutionnaire, était une fille connue de tous dans le coin, ne cessant d'être dépressive un jour, et l'autre, crier toute la journée de joie. Valentine.

Ces temps-ci, Valentine avait la manie d'hurler partout où elle allait, "Genkai toppa !!" en brandissant le poing (Ce mot signifie "dépasser ses limites, ou sa force maximale" en japonais, et Valentine ne cessait de répéter ce mot en boucle depuis que Laura lui a avait confié son plus grand regret).

Valentine voulait à tout prix que Laura donne un signe de vie au moins, à ses anciens camarades de classes. Tant pis si elle ne leur répondait pas par la suite, elle leur aurait au moins salué. Mais Laura ne voulait pas, et fuyait la conversation. C'est donc pour cela, que Valentine commença à hurler "Genkai toppa" lorsque Laura passait devant elle. Valentine le savait, son amie comprenait la signification de ce mot puisque c'était elle-même qui le lui avait appris lorsqu'elles avaient eu un oral de français.

Le deuxième mot que Valentine lui répétait plus rarement, était "Kakumei ! Kakumei !". Laura ne comprenait pas ce que ce mot signifiait, mais selon une source amicale de la classe, Valentine voulait dire "Révolution !" en japonais. Valentine voulait que Laura change, et devienne plus forte.

Un jour, Laura fût contrainte de faire face à son amie, n'ayant plus d'issues de secours. C'était un jour frais, avec quelques feuilles mortes dansants contre le vent au-dessus de leur tête. Laura faisait des croquis des feuilles orangées tombées au sol terreux, alors qu'elle entendit des bruits de pas. Elle les reconnu en une fraction de seconde. Une démarche légère, déambulant l'air peu rassurée. Cependant, aujourd'hui, les pas semblaient plus calmes et sûrs.

— Valentine, je n'ai pas besoin de tes conseils, je fais ce qui me paraît le plus judicieux à présent.

Après avoir dit ces paroles, Laura se leva et se tourna vers son amie, la fusillant du regard. Mais Valentine ne broncha pas face à son air plus qu'agacé. Elle aussi, avait un regard sérieux et ferme. Elle se tenait debout, droite comme un arbre, calmes, ses longs cheveux dansants avec le vent. On ne pouvait pas reconnaître la Valentine de toujours. Même lorsqu'elle était calme, elle n'avait jamais eu une aussi ferme mine. C'était comme si elle disait, "Je ferais tout pour toi, je n'abandonnerais pas, quoi que tu dises !"

Laura scruta avec attention l'expression inattendue de son amie. Elle la connaissait depuis son arrivée dans cet établissement, voire même avant dans le train ! Elle le savait, Valentine n'était pas une fille du genre à réfléchir, et d'agir non pas pour elle-même, mais pour son amie. Cela la surprise énormément. L'amitié comptait doc énormément pour Valentine. Peut-être, était-elle bien plus sociable et intelligente que Laura.

Le vent des larmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant