3 - Primevère

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- Non. soufflé-je. Ma soeur n'est qu'une sale conne. prononcé-je avec amertume.

Je prends soudain conscience de ce que je viens de dire quand l'inconnu face à moi éclate de rire.

- Oh, euh... désolée, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. m'empressé-je de débiter rapidement.

- Eh, bien ! s'exclame le jeune homme après s'être calmé de son fou rire. Tu sembles avoir une réelle dent contre elle.

Je fronce les sourcils en soufflant du nez, l'amusement de ce type est contagieux. A mon tour je me mets à rigoler face à l'honnêteté de ma réponse.

- En effet. soufflé-je désormais avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres.

- On dit souvent qu'il ne faut pas accorder d'importance aux cons. sourit l'inconnu en penchant sa tête sur la droite.

Je souffle du nez, amusée par cette réplique.

- C'est vrai, mais bon avec elle c'est... compliqué. soupiré-je ne sachant pas pourquoi je me confis à un étranger.

- Ne l'est-ce pas toujours avec la famille ? ricane le brun face à moi.

A mon tour je rigole.

- C'est vrai. Tu as l'air de savoir de quoi tu parles, dis-moi. ajouté-je d'un ton taquin.

Se mettre à discuter ainsi avec un parfait inconnu sur un parking pourrait être extrêmement bizarre, pourtant en cet instant cela me fait du bien de parler à quelqu'un et surtout ce jeune homme me change les idées et m'évite de rester focaliser sur mon incident téléphonique.

- Il est vrai que j'ai un peu d'expérience dans ce domaine. avoue-t-il en souriant doucement avant d'hausser les sourcils d'un air résigné.

Je lui adresse une petite moue contrite, m'en voulant un peu d'avoir peut-être évoqué des problèmes familiaux qui ne me regardes pas.

Il m'observe un instant de ses iris vertes puis semble relâcher sa posture, comme légèrement plus à l'aise.

- Sauf qu'en ce qui me concerne c'est mon père le connard. lâche-t-il presque indifférent.

- Oh. murmuré-je doucement.

Peut-être lui aussi a-t-il besoin de vider son sac. Après tout je ne pense pas que l'on traite impunément son père de connard face à une inconnue sauf si on a besoin de parler. Un petit moment de silence s'installe entre nous durant lequel je trouve le courage de murmurer :

- Tu me racontes et je te raconte ? tenté-je incertaine à l'idée que cet étranger veuille étaler sa vie.

Visiblement étonné, le jeune homme tourne sa tête vers moi en haussant les sourcils de surprise. Puis, il m'adresse un sourire avant de sortir une sucette de sa poche. Il retire habilement l'emballage vert pomme et la fourre dans sa bouche avant d'en sortir une autre et de me la tendre. Je refuse gentiment et il la remet dans la poche de sa veste en cuire à capuche. Il s'adosse ensuite au mur, près de moi. J'avoue que je m'attendais plus à le voir sortir un paquet de clope qu'une sucette. Penchant légèrement la tête sur le côté, je ne peux m'empêcher de trouver cela curieux mais ne fais aucun commentaire.

- Selon toi, quel est la pire image que tu aies d'un père ? débute l'inconnu.

Ne m'attendant pas à cette question, je mets un petit temps à répondre.

- Le père dans Comme Un Chien Enragé. murmuré-je pas totalement sûre de mon choix.

Le jeune homme à mes côtés s'esclaffe avant de se tourner vers moi, le regard pétillant et curieux.

- Quel genre de référence tu as, toi ? rigole-t-il en m'analysant du regard. Enfin bon, et bien voilà mis-à part le côté mafieux et assassin, c'est mon père. Tout aussi égoïste, monstrueux et dénué de sentiments pour qui que se soit.

J'observe son profil et malgré le ton détaché qu'il emploie, je comprends à la façon dont il se passe régulièrement la main dans les cheveux que ce sujet l'impacte plus qu'il ne le laisse penser aux autres.

- Je vois. Ca n'a effectivement pas l'air marrant d'être son fils.

- Ca tu peux le dire ! Il ne remportera pas le prix du meilleur père de l'année ça c'est certain ! crache-t-il cette fois presque dédaigneusement.

Se sentant surement s'énerver un peu trop, il se racle la gorge puis se tourne vers moi. 

- Et toi alors, ta soeur ?

Je cherche rapidement mes mots pour essayer de formuler un résumé compréhensif.

- Eh bien, ma soeur s'est éloigné de ma famille il y a plusieurs années à cause d'une forte dispute avec ma mère. Elle est morte il y a peu et elle n'a pas daigné donner signe de vie malgré les évènements. Mon père reste accroché à l'espoir qu'elle en à encore quelque chose à faire de nous et de savoir que c'est faux me rend malade vis-à-vis de lui.

- Je suis désolé pour ta mère. prononce-t-il doucement.

Je me contente de lui adresser un sourire pour ensuite fixer les voitures garer un peu plus loin devant nous.

- Apparemment elle ne risque pas d'être nommé soeur ou fille de l'année non plus.

Je rigole doucement.

- Ca c'est sûr !

Puis d'un coup comme rattrapée par la réalité, je brise cette petite bulle de légèreté dans laquelle j'avais l'impression d'être enfermée avec cet inconnu et me tourne affolée vers lui.

- Oh mince ! Je suis désolée, faut que je retourne travailler !

Il me regarde d'un air curieux avant qu'un sourire ne s'affiche sur son visage, faisant s'orienter son bâton de sucette jusqu'à la commissure gauche de ses lèvres. Il continue de m'observer puis retire rapidement la sucrerie de sa bouche et me tend sa main droite.

- Je m'appelle Marcus.

La commissure de mes lèvres s'étire timidement et je lui serre la main.

- Rose.

Alors que je fais demi-tour pour rejoindre la porte de la boutique, je l'entends me lancer :

- J'espère qu'on se reverra !

Un sourire niais prend place sur mes lèvres et je pénètre dans la boutique.

Parle moi des fleurs - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant