Chapitre 1 "Une nouvelle tant attendue"

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Candice Anastasie Beatrice, princesse royale, bien que sans le sou, se trouvait dans le château de Windsor lors d'une soirée. Un jeune homme la courtisait. C'était le vicomte Archibald de Cornwell. Ils étaient sur le balcon.

- Je vous aime Candice !

- Archibald, je vous en prie. Arrêtez !

- Il faut que je vous parle, où pourrions-nous être tranquilles ?

- Avec tout ce monde autour de nous, ce n'est pas possible.

- J'ai quelque chose à vous dire...

- Alors, il faudra attendre.

Elle le regarda avec malice. Archibald avait le visage sévère lorsqu'il l'entraîna à travers le salon Rouge du château de Windsor pour une valse viennoise. La salle était éclairée par des chandelles qui faisaient scintiller les décorations de gentlemen. Les femmes dans leurs belles robes à crinoline avaient l'air de cygnes élégants qui bougeaient avec grâce. La reine Victoria regardait les gens en train de danser.

- Il faut que je vous parle Candice, dit Archibald, ce que j'ai à vous dire vous concerne directement et vous devez m'écouter.

- Si c'est encore pour me demander en mariage, Archibald, il est inutile que je vous écoute. Vous savez bien que cela est hors de question.

- Et pourquoi donc ? Demanda Archibald irrité.

- Parce que je suis de sang royal... même si je n'en tire guère de profit.

- Que voulez-vous dire ? Après tout, mon père est issu d'une des plus vieilles familles de Grande-Bretagne. Mes ancêtres avaient déjà le titre de comte à l'époque... Alors que votre...

Il s'arrêta brusquement, comprenant qu'il allait dire quelque chose de blessant.

- Eh bien continuez, dit Candice

- ... votre pays est passé sous la domination prussienne.

- Papa était peut être un Willenstein, mais maman est une cousine de la reine et vous savez très bien que Sa Majesté ne permettrait pas à une d'entre nous d'épouser un homme qui ne soit pas de sang royal !

- Nous pourrions nous enfuir...

Elle le regarda amusée. S'enfuir avec lui ? Elle le connaissait depuis toujours. Sa mère, la comtesse de Cornwell et le sienne étaient des amies intimes. Il était un peu plus âgé qu'elle et elle se souvint comment il la taquinait lorsqu'ils étaient enfants. Il lui tirait les cheveux et plus tard, il l'obligeait à céder à ses moindres caprices lorsque la princesse Georgie, grande duchesse de Willenstein, passait quelque temps dans le château du comte et de la comtesse.

Candice avait à présent 18 ans et Archibald de Cornwell était tombé amoureux d'elle, après avoir mené une vie légère et brillante à Londres. Il avait été surpris par l'émotion intense qu'elle avait soulevée en lui. Candice n'aurait jamais imaginé ça même dans ses rêves les plus fous.

- Vous plaisantez ?

Elle regarda autour d'elle pour s'assurer que personne ne les entendait. Heureusement, la reine n'avait invité qu'un nombre restreint de personnes à ce bal qu'elle donnait la veille de son départ et qui devait être avant tout, une réunion familiale.

- Je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie, répondit Archibald en s'impatientant, je vous aime Candice et je ne peux pas vivre sans vous.

- Il m'est difficile de croire à cet amour soudain, je n'ai pas oublié combien vous vous moquiez de moi quand j'ai été piquée par des moustiques, vous m'appeliez « Votre Majesté à pois ».

- Ce n'était pas méchant, c'était un surnom mignon et vous êtes devenue très belle, dit-il en la regardant avec amour.

Ensuite il ajouta presqu'en colère :

- Vous êtes belle ! Vous le savez, beaucoup trop belle pour que j'accepte de vous perdre.

- Mais qu'est-ce que vous racontez ? Je ne vous appartiens pas !

- Je ne veux pas vous perdre !

- Mais enfin, qu'est-ce qui vous pousse à parler de la sorte ?

- Mon père était au Conseil privé ce matin. On y a décidé de votre avenir !

- De mon avenir ? Répéta Candice un peu affolée.

- C'est pour ça que vous devez vous enfuir avec moi ! Nous pourrons allez assez loin où personne ne nous empêchera de nous marier, là où nous pourrons vivre ensemble !

- Ah oui ? Où irons-nous ? Demanda-t-elle par curiosité.

- Où vous voudrez, j'ai beaucoup d'argent et nous serions si heureux que rien d'autre n'aurait d'importance.

- La reine ferait tout pour nous retrouver et nous empêcher de nous marier. De toute façon, je ne suis pas sûre que je serais heureuse loin de tous ceux qui me sont chers dans un pays inconnu.

- C'est pourtant ce que l'on vous réserve...

- Qu'est-ce qui a été décidé à mon sujet ?

- Vous devez épouser Terrence de Maxence !

- Le roi ?

- Oui, le roi. Vous allez devenir reine, Candice, mariée à un homme que vous n'avez jamais vu et qui d'après ce que j'en sais, n'est pas du tout le genre d'époux qui vous conviendrait.

- Comment pouvez-vous savoir ça ?

- Mon père a dit que c'était une idée de la reine et l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Maxence a été rappelé pour avoir les instructions à ce sujet. Le roi a déjà été informé.

- Et il est d'accord ?

- Il n'a pas le choix, pas plus que vous. Maxence n'est pas un pays assez puissant pour oser défier la Grande-Bretagne. Le roi serai peut-être opposé à une annexion par la France, mais ses sujets eux ne l'accepteraient pas.

- Et pourquoi le roi ne s'y opposerait pas ?

- Si vous voulez savoir, Sa Majesté est pleine d'admiration pour tout ce qui vient de France et particulièrement pour les françaises. On dit qu'il passe beaucoup de temps à Paris et quand il n'y est pas, qu'il entretient une liaison scandaleuse avec la femme de l'ambassadeur de France.

Archibald avait dit ça avec une certaine amertume.

- Je ne devrais pas vous dévoiler ces particularités, mais je dois vous montrer que vous ne pouvez pas épouser un tel homme.

- Est-ce que vous l'avez déjà rencontré ? Demanda Candice

Archibald ne répondit pas tout de suite, éloignant en silence sa cavalière de la reine qui dansait avec un des cousins Cobourg du prince consort.

- Oui, je l'ai vu deux fois. C'est un homme de bonne compagnie, mais certainement pas un époux pour vous.

- Et je n'ai pas mon mot à dire ?

- Bien sûr que non. Vous savez tres bien que quand la reine prend une décision... Et puis il y a urgence !

- Comment ça urgence ? Expliquez-vous !

- Je ne voudrais pas dévoiler ces secrets, mais le bruit court au ministère des affaires étrangères, que l'empereur après la signature de l'armistice avec l'Autriche serait prêt à se lancer dans de nouvelles conquêtes et aurait conçu le projet d'annexer Nice et la Savoie.

- Vous croyez qu'il réussira ?

- Et pourquoi pas? Comparé à la Grande-Bretagne que Napoléon Ier avait déjà envisagée Nice et la Savoie, sont un jeu d'enfant pour la France.

- Toutes ces histoires de politiques ne m'intéressent pas.

- Mais Candice, vous devez faire un effort pour comprendre pourquoi un mariage a été organisé entre vous et le roi de Maxence. Vous comprenez maintenant pourquoi nous devons agir rapidement ? Quand retournez-vous chez vous ?

- Demain.

- Eh bien je viendrai vous enlever jeudi.

- Non, Archibald. Je ne vais pas m'enfuir avec vous ! Et je ne sais même pas si ce que vous me dites est la vérité.

- Vous le saurez bien assez tôt.

Candice ne dit rien. C'était sûrement la vérité. En tant que princesse royale, elle savait que la reine lui réservait un mariage royal, mais le roi d'un autre pays ? Elle allait devoir quitter sa mère et ses amis.

- Avez-vous pris une décision ? Demanda Archibald

- Je vous ai dit que je ne vais pas m'enfuir avec vous !

- Si nous étions à une autre époque, je vous aurais bien forcée à me suivre...

- Arrêtez de dire des sottises, Archibald.

- Votre vie dépend de la décision que je vous demande de prendre !

La danse s'arrêta, les couples se séparèrent. En reconduisant Candice, Archibald demanda ;

- Vous partez à quelle heure demain ?

- Très tôt le matin.

- Je viendrai chez vous demain soir... Je trouverai bien un prétexte quelconque.

- Je suis sûre que vous aurez une bonne raison de vous présenter devant ma mère. Je me demande si elle est au courant.

- Je suis sûr que oui...

Mais Candice préféra ne pas interroger sa mère. Si sa mère avait une nouvelle à lui annoncer, elle allait le faire tôt ou tard.

CANDICE ET LE ROIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant