Chapitre 9 « Le complot »

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Candice trouva le boudoir plein de bouquets de fleurs qui lui avaient été envoyés par les invités du mariage.

- Wow! dit Candice en souriant, c'est merveilleux.

- Il y a aussi vos cadeaux dans une pièce.

- En plus de ceux que j'ai vus hier matin avant le mariage?

- Oui...

- Je les regarderai demain, dit-elle en entrant dans sa chambre pour enlever sa robe jaune.

Elle s'allongea un petit moment, prit un bain et s'apprêta pour rejoindre son époux dans la salle à manger privée de sa suite.

Les appartements privés du roi et de la reine étaient assez vastes. Chacun comprenait un salon, une salle à manger et une petite salle de réception qui leur évitait de toujours recevoir dans les salons officiels du rez de chaussée. Il y avait aussi des chambres pour les dames d'honneur et pour les aides de camp et le bureau du secrétaire. Les meubles de la salle à manger du roi étaient du style français.

« Pourquoi ne suis-je pas surprise ?» se dit Candy.

Il y avait en particulier des dessertes Louis XIV qui provenaient du château de Versailles et quelques très belles peintures accrochées au mur.

Candice resta en admiration devant la table où on leur servait le repas qui, à la différence de celle sur laquelle ils avaient pris leur déjeuner, était très ouvragée.

- J'ai dit que nous éviterons le protocole autant qu'il serait possible pendant notre lune de miel, expliqua le roi en s'asseyant. J'ai pensé que c'est ce que vous préfériez, Candice, tant que vous n'êtes pas habituée à toujours sentir quelqu'un dans votre dos, comme c'est malheureusement l'usage à la Cour.

- J'ai été très heureuse de cette journée, dit la jeune femme doucement.

- Moi aussi, répondit-il.

Et elle se sentit rougir sans raison apparente.

Le chef avait sûrement voulu se surpasser pour ce premier repas intime et bien avant que le dîner ne soit terminé, Candice dut déclarer dans un soupir qu'elle ne pouvait plus rien avaler.

- Tout est exquis, dit-elle, mais je vais bientôt ressembler à une « frau » allemande et je ne pourrai plus rentrer dans aucune de mes robes!

- Je n'arrive pas à admettre que vous avez du sang allemand, dit le roi, se rappelant qu'il avait déjà fait la même réflexion.

- J'ai du mal à le croire aussi, dit Candice, mais papa était à moitié anglais et sa grand-mère était autrichienne. La vérité est donc que je suis une bâtarde à prédominance anglaise.

- Ah je comprends maintenant, dit Terrence les yeux pétillants, on dit toujours que les bâtards sont bien plus intelligents que les chiens à pedigree.

- Vous m'inquiétez, dit-elle, je vais finir par croire que maman avait raison lorsqu'elle disait qu'il fallait que je réfléchisse avant de parler : mais alors je ne vais plus dire que des choses insignifiantes!

- Vous me plaisez telle que vous êtes, répliqua le roi.

Une nouvelle fois, leurs yeux se croisèrent et elle se sentit intimidée et émue. Ils restèrent assis à table pour bavarder un long moment. Le roi raconta à Candice de nombreux faits historiques qui avaient marqué les pays Méditerranéens qu'elle ne connaissait pas.

- Les Grecs adoraient Aphrodite, dit-il soudain, la déesse de l'Amour. C'est elle que les Romains appelaient Venus.

Il s'arrêta et demanda :

- Si vous aviez le choix, Candice, préfériez-vous être la déesse de l'Amour ou la déesse de la Sagesse?

Candice comprenait bien que cette question était une sorte d'épreuve, mais elle y répondit tout à fait honnêtement et sérieusement :

- Je préférerais être la... déesse de l'Amour.

Elle surprit une lueur de plaisir dans les yeux du roi et elle comprit que c'était la réponse qu'il espérait. Elle ne put s'empêcher de rougir. Elle se leva de table et ils passèrent au salon. Il était très confortable. On y trouvait de profonds fauteuils de cuir, des tableaux de chasse et un certain nombre de trophées rapportés par Terrence. Il y avait une tête de sanglier, un ours, plusieurs bois de cerf sur lesquels était gravée la date de la capture.

Candice allait lui demander de lui raconter quelques-unes de ses parties de chasse. Un valet entra, portant une enveloppe. Lorsque son mari la prit, elle put voir les cachets du dos portant la fleur de lys. C'était Alistair, le premier valet du roi, qui les avait accompagnés lors de leur escapade.

- Je vous prie de m'excuser, Candice, dit-il tandis que le valet lui tendait un coupe-papier.
Candice mourait d'envie de savoir ce qu'elle contenait. Elle n'était sûrement pas très longue, car Terrence y jeta juste un coup d'œil avant de dire :

- Dite au messager que la demande est acceptée.

Le valet s'inclina presque à contre cœur, puis sortit sans bruit. Il y eut un silence, pendant lequel Candice comprit que le roi choisissait ses mots avec prudence:

- Je vous demande pardon Candice, il faut que je voie quelqu'un. Ça ne sera pas long, mais je crois que c'est urgent.

Le roi avait horreur de faire ça à sa femme. Avant il était célibataire, maintenant il avait une femme, tout était différent. Il voulait conquérir le cœur de sa femme, il ne pouvait pas le faire en continuant sa liaison avec la comtesse Legrand. Il allait lui dire que c'était fini entre eux et pour ça il devait laisser Candice toute seule, alors qu'ils étaient en lune de miel. Il avait horreur de manquer de respect ainsi à sa femme. Il regarda Candice, il savait qu'elle était au courant. Il ne voulait pas la rendre triste...il allait en finir avec la comtesse.

- Je comprends, dit-elle, dois-je vous attendre ici?

Le roi jeta un coup d'œil à la pendule.

- Vous devez sûrement être fatiguée, après la réception d'hier, dit-il, pourquoi n'iriez-vous pas vous coucher, Candice? Je viendrai vous rejoindre plus tard.

- Oui, bien sûr. Mais ne soyez pas trop long, je vous prie, sinon je serai déjà endormie et j'ai encore beaucoup de choses à vous dire.

Elle souriait tout en parlant mais le roi ne la regardait pas. On dirait qu'il était gêné. Il se retourna et ouvrit la porte qui communiquait avec la salle à manger et non pas celle du couloir comme elle s'y attendait. Toutes les pièces de l'appartement du roi comme celles du sien, communiquaient entre elles de telle façon que l'on pouvait aller de l'une à l'autre sans rencontrer les gardes qui se tenaient dans le couloir.

Le roi ferma la porte du salon derrière lui et avec un pincement au cœur Candice pensa qu'il se dirigeait sûrement vers l'autre extrémité de sa suite.

« Et qui peut le rencontrer là-bas, sinon la comtesse? » se dit Candice tristement.

Elle ne pouvait en être certaine, mais elle en avait l'intuition et elle ressentit une certaine colère à l'idée que la soirée avait été gâchée par cette maudite Française et son message!

CANDICE ET LE ROIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant