Chapitre 3 "La traversée"

39 3 0
                                    



Tout était prêt pour le départ de Candy. Son trousseau, sa nouvelle garde-robe digne d'une reine. Sa mère l'accompagnait. Elle devait rester avec elle jusqu'au mariage, mais Candy espérait qu'elle allait prolonger son séjour. Mère et fille avaient pris le bateau qui était un navire de guerre, à Tilbury. Lord William McGregor et quelques autres dignitaires du royaume avaient assisté à leur départ. Candy avait regardé fièrement sa mère, la grande-duchesse, pleine de classe lorsqu'elle était descendue, enveloppée de fourrures, de la voiture royale qui les avait amenées. Candy imagina que c'est comme ça qu'elle était lorsque son père était encore en vie.

Candy avait hâte d'arriver dans son nouveau pays. Sa mère et elle remercièrent ceux qui étaient venus les accompagner.

Le navire de guerre était impressionnant. Candy avait appris que c'était la réplique britannique du « La Gloire », un vaisseau français et le plus grand bâtiment en service au monde. Le ministre de la Marine s'approcha d'elle pour lui dire :

- C'est le premier voyage du « Warrior » et j'espère qu'il sera agréable à votre Altesse Royale de faire la traversée à son bord.

- C'est un cuirassé je crois, avait dit Candy, désireuse de montrer qu'elle n'ignorait pas que ce bateau était exceptionnel.

- Très juste, avait répondu le ministre, et le poids de son blindage est de 1350 tonnes. Très efficace en cas de guerre.

- J'ai lu quels dégâts pouvaient faire les bombardements sur les vaisseaux non blindés, avait dit Candy intéressée.

- Malheureusement, les français ont été plus rapides que nous. Le premier cuirassé « La Gloire » fut mis à flot l'an dernier.

- Je suis navrée que nous n'ayons pas été les premiers.

- Mais le « Warrior » est plus performant que son rival, avait ajouté le ministre fièrement. Nous en avons deux autres en construction.

- Il est grandiose.

- Il pèse au moins 8000 tonnes, c'est plus lourd que le bateau en bois qu'il a remplacé...

- Je suis très honorée d'être la première passagère du « Warrior »!

Candy avait souri en parlant et elle perçut une lueur d'admiration dans le regard du ministre. Elle embarqua à bord. La foule cria :

« Bonne chance! Soyez heureuse! »

Elle se dirigea vers l'appartement. Pour le voyage, l'ambassadeur d'Angleterre à Maxence les accompagnait, avec la baronne André qui allait devenir sa dame d'honneur et le capitaine Carlos Salazar, aide de camp du Roi.

Dans l'escorte de Maxence, il y avait Dorotéa la femme de chambre qui devait prendre soin de Candy pendant le voyage. Elle était si fière de dire qu'elle avait été choisie pour remplir cette fonction parce qu'elle était issue d'une famille de marins et qu'elle n'avait jamais le mal de mer. Heureusement pour Candy ! Car sa mère et l'ambassadeur ne furent plus visibles dès que le bateau avait levé l'ancre. La baronne après avoir luté pendant deux jours, le visage défait contre le mal de mer, avait fini par s'enfermer dans sa cabine elle aussi.

- La tempête va encore durer longtemps? Demanda Candy.

- La mer est toujours déchaînée, Votre Altesse Royale, dit Dorotéa, et le capitaine vous fait dire qu'il serait plus sage de ne pas quitter votre cabine. Il ne veut pas que vous vous blessiez.

- Mais je dois me lever pour les leçons... je dois apprendre la langue locale pour pouvoir m'adresser à mes nouveaux sujets...

- Votre Altesse Royale apprend très vite, vous devez avoir un don naturel pour les langues.

Candy sourit en pensant à son futur mari. Il connaissait sûrement l'anglais et le français aussi, puisqu'il avait une maîtresse française! Pourquoi est-ce qu'elle pensait à tout ça? Elle apprenait le maxençois parce qu'elle allait être la reine de ce pays. Elle avait trouvé la langue moins compliquée qu'elle ne le pensait... elle s'exerçait avec Dorotéa et avait demandé au capitaine Carlos Salazar de lui donner des leçons pendant le trajet.

- Je vous fatigue madame, avait-il affirmé à plusieurs reprises.

- Je veux pouvoir parler le maxençois quand nous arriverons!

- Votre désir est vraiment très flatteur pour nous...

Il y avait une véritable admiration dans sa voix pour la jeune fille. Après cinq jours en mer, Candy fut convaincue que le capitaine était amoureux d'elle. Elle reconnaissait dans son regard ce qu'elle avait remarqué dans le regard d'Archibald, et ça lui donnait un peu de réconfort de voir qu'un maxençois au moins la trouvait belle et désirable. En temps normal, il lui aurait été impossible de passer tant d'heures en tête à tête avec un jeune homme séduisant, dont la seule fonction était de l'escorter.

La baronne avait pour rôle d'instruire Candy sur tout ce qu'elle désirait savoir sur son nouveau pays et sur ce qui l'attendait à son arrivée.
Le capitaine lui aussi répondait à ses questions.

- Parlez-moi de la capitale...

- Greum se trouve du côté français du pays, répondit-il, c'est aussi le port le plus important du pays.

- Décrivez-moi le palais, demanda Candy.

- À l'origine, c'était un château et une partie de ce qui était de l'ancien palais date d'un siècle environ. Il y a à peu près cinquante ans, le grand-père de sa Majesté a fait construire un nouveau palais sur le site d'origine. Il est très impressionnant, il rappelle un peu le château de Versailles.

- Encore la France! Dit Candy un peu irritée.

On dirait que le fait que le roi avait un penchant pour les choses françaises la dérangeait beaucoup... Le capitaine dont le visage s'était assombri répondit :

- Il y a un autre palais du côté espagnol qui, lui, ressemble à l'Alhambra de Madrid.

- Et sa Majesté y va-t-elle souvent?

- Non, il le délaisse depuis des années...

Candy était sûre que le penchant du roi pour le côté français était un problème. Le capitaine Salazar était d'origine espagnole, la baronne était d'origine française... On avait apparemment voulu composer son escorte de manière impartiale. Elle avait aussi appris que Dorotéa venait de Greum et qu'elle travaillait depuis plusieurs années au palais, mais qu'elle était en fait une maxençoise espagnole.

Elle parlait beaucoup à Candy de la beauté de son pays.

- J'aurai besoin de votre aide Dorotéa, dit Candy pendant que la femme de chambre la coiffait.

- Vous pouvez être sûre que je ferai tout ce que votre Altesse Royale me demandera, répondit–elle d'un ton chaleureux.

- Quand nous arriverons à Greum, je voudrais que vous me teniez au courant de ce qui se dit autour de moi. Ça ne sera pas facile de savoir ce qui est vrai ou faux. Je voudrais être en mesure d'aider mon peuple!

- Votre Altesse Royale a-t-elle l'intention de nous aider?

- De tout mon cœur.

Elle vit que Dorotéa était surprise par sa sincérité en disant :

- Votre Altesse Royale est une femme extraordinaire! Je suis très heureuse d'avoir le privilège de la servir.

Candy se dit qu'en tant qu'étrangère dans son nouveau pays, c'était mieux de gagner la confiance de Dorotéa. Elle va avoir besoin de soutien. Elle connaissait suffisamment les palais pour savoir qu'on y vivait retranché du reste du monde. Ceux qui gouvernent, en général, n'ont que de rares contacts avec leurs sujets, préservés dans le cocon artificiel que file le personnel à leur service et qui les protégeaient contre tout ce qui pourrait les heurter.

« Si je ne sais pas ce qui se passe autour de moi, je ne pourrai pas empêcher la France d'envahir le pays », se dit-elle.

En fait, l'invasion avait déjà commencé avec l'ambassadrice de France qui était la maîtresse du Roi. Il était sûrement amoureux d'elle et il n'allait écouter personne dans cet état d'esprit. Elle devait trouver un autre moyen pour le convaincre au cas où... Tout était très flou dans son esprit. Elle se demandait comment elle pourrait agir pour ne pas être renvoyée en Angleterre en tant qu'exilée et vaincue! Elle pensa à sa mère, à combien elle avait souffert d'avoir dû quitter la patrie de son mari et son rang, pour vivre de la charité de la reine.

« Je ne peux pas me retrouver dans la même situation », décida-t-elle.

Avoir son mari en exil avec elle en Angleterre, ne serait pas une bonne chose. Elle se souvint comment sa mère parlait de son ancienne patrie avec regret...

« Je vais me battre pour mon pays! »se jura-t-elle avant de se coucher tous les soirs et après avoir prié.

Mais elle était consciente qu'elle ne pourrait peut-être rien faire. Elle était une jeune anglaise naïve... Mais elle était déterminée à aider si elle le pouvait.

Lorsqu'elle retrouva la capitaine Salazar dans la cabine de l'amiral, elle lui dit :

- Parlez-moi encore! Racontez-moi tout ce qui pourrait m'intéresser...

- Je pensais qu'après une nuit comme hier, vous voudriez vous reposer...

- La nuit dernière était-elle pire que les précédentes? Demanda Candy.

- Un des officiers vient juste de m'apprendre que la tempête est en train de s'apaiser, mais cette nuit, c'était vraiment terrible!

- J'ai presque honte d'avouer que j'ai dormi à poings fermés!

- Vous êtes étonnante, madame. Je ne pensais pas qu'une femme comme vous aurait autant de résistance.

- Je suis très heureuse de constater que j'ai le pied marin.

- Vous n'aviez jamais fait de voyage en mer, madame?

- Jamais! Et je ne voulais pas manquer ma leçon.

- C'est presque incroyable, fit le capitaine émerveillé. Mais revenons à nos moutons.

Il ouvrit le livre qui appartenait à la baronne.

- Je n'arrive pas à croire que vous apprenez notre langue aussi vite, madame, après une heure d'exercice.

- C'est une fort belle langue. Et je voudrais apprendre davantage sur votre pays.

Après avoir écouté le capitaine pendant un bon moment, Candy demanda d'un ton hésitant :

- Puis-je vous faire confiance, capitaine?

Il la regarda avec des yeux étonnés.

- Je serais peiné si madame pensait le contraire.

- Je vous fais confiance, mais je voudrais que vous me disiez franchement, en oubliant ma position de future reine, comment puis-je servir la cause de Maxence?

Le capitaine garda le silence pendant un moment puis suggéra :

- Vous parlez, madame, comme si vous étiez au courant de nos difficultés?

- On m'a dit qu'il y avait des troubles dans le sud du pays, la population ne se sent pas considérée à l'égal de celle qui... enfin... est plus marquée par l'influence de ses voisins français.

Le capitaine chercha ses mots et expliqua à Candy que les postes de responsabilités les plus importants étaient toujours attribués à ceux qui avaient de la sympathie pour les français et qu'on favorisait le développement du nord et non du sud. Les maxençois d'origine française avaient la priorité.

- En plus, la noblesse et les classes dirigeantes utilisent généralement le français, ce qui fait que notre langue est en train de disparaître progressivement!

- Le premier ministre défend passionnément l'indépendance de Maxence, mais la plupart de ses collègues seraient favorables à son rattachement à la France.

- De mon point de vue, ça serait un grand désastre.

- Quelle est la position de l'armée? Demanda Candy.

- L'armée est partagée, mais la majorité est pour le sud du pays...

- Est-elle fidèle à sa Majesté?

- Je le crois, même s'il y a eu des troubles lorsque Sa Majesté était à l'étranger.

- Lord William McGregor m'a parlé de vos difficultés. Je sais qu'en tant qu'étrangère, je ne pourrai peut être rien changer, je vais devoir être très prudente.

- Vous ne pouvez pas savoir combien vos propos me touchent madame. Quand je vous ai vue pour la première fois...

Il s'arrêta.

- Qu'avez-vous pensé?

- Que vous étiez la plus belle femme que j'avais jamais vue! Mais aussi... Non pas que je veuille vous blesser madame, mais que vous sembliez trop jeune et trop inexpérimentée pour vous préoccuper d'autres choses que des jolies toilettes, des bals et des réceptions!

- Et maintenant?

- Maintenant, je crois que vous allez gagner tous les cœurs à Maxence, dit-il à voix basse.

Il fut inutile d'ajouter que le sien était déjà acquis.

Le mauvais temps continua jusqu'à leur arrivée au détroit de Gibraltar. Candy apprit que le navire avait subi des dégâts et devait être réparé avant la dernière étape.

Candy n'était pas troublée, elle aimait bien être à bord du « Warrior », elle n'était pas pressée d'arriver à Greum.

La baronne André, toute pâle et affaiblie par les nausées, se précipita sur le pont en manifestant son mécontentement pour le retard.

- Ça veut dire que vous n'aurez pas beaucoup de temps à Greum pour vous préparer pour votre mariage.

- Ce n'est pas important, dit Candy en souriant.

Pour le moment, elle était heureuse d'être à Gibraltar. Lorsque la garnison anglaise apprit que le « Warrior » allait rester pendant deux ou trois jours pour des réparations, l'officier principal fit demander si Candy accepterait d'assister à un bal donné en son honneur. Les officiers du bateau pour qui le voyage avait été épuisant à cause de la tempête et qui n'avaient pas eu beaucoup de temps à consacrer à Candy, furent très heureux d'accepter l'invitation.

Candy alla voir sa mère dans sa cabine, qui souffrait aussi du mal de mer.

- Un bal en votre honneur? Ce n'était pas dans le programme.

- Puisqu'on ne pouvait pas deviner que la tempête allait faire autant de dégâts, maman.

- J'espère me remettre un peu pendant les réparations.

- Ça va aller Maman. Vous verrez, vous serez en forme pour danser au bal!

La grande duchesse fit un effort pour assister au dîner et au bal avec sa fille. Elle observa sa fille à l'œuvre. Elle avait parfaitement la situation en main. Elle mit tout le monde à l'aise. Elle ne cessa de parler, les yeux brillants d'excitation. Elle était si belle. Elle ouvrit la piste avec son hôte. Elle dansait gracieusement. Elle était dans son élément. Après ça, elle fut assaillie d'invitations. Candy portait une robe verte dont les nombreux volants étaient ornés de brins de muguet; c'était la robe la plus ravissante qu'on ait jamais vue. La mère de Candy dansa mais pas beaucoup. Elle se retira rapidement dans sa cabine.

Candy s'amusa a danser avec plusieurs officiers.

- Pourquoi êtes-vous née princesse? Demanda un officier à son oreille, je ne devrais pas vous le dire madame, et je vais sûrement me faire tuer à l'aube, mais vous êtes la plus jolie jeune fille que j'ai jamais vue. Maintenant en comparaison avec vous, toutes les femmes que je pourrai rencontrer ne me paraîtront pas dignes d'être épousées!

Il était légèrement ivre avec tout le champagne qu'il avait bu. Au château de Windsor ou chez les Cornwell, elle n'avait rencontré que des jeunes hommes trop respectueux de son rang, ou peut-être de son entourage, pour lui débiter autre chose que des banalités.

- J'espère que le roi Terrence se rendra compte de la chance qu'il a, lui dit un commandant de la Marine pendant la dernière danse de la soirée.

- Je l'espère aussi! Dit Candy.

- Sa Majesté serait aveugle pour ne pas reconnaître que vous lui apportez tout le charme de l'Angleterre, poursuivit le commandant sur un ton qui ne laissait pas de doutes sur ses sentiments.

- Personne ne m'a encore dit si les Anglais étaient populaires ou non à Maxence?

- Ils l'ont été dans le passé, répondit le commandant, mais je peux vous affirmer madame, c'est qu'on fait cadeau aujourd'hui à Maxence de ce qui, en droit, devrait rester en Angleterre! Si j'avais mon mot à dire, je vous ferais enfermer avec les joyaux de la couronne! Vous êtes trop belle pour être exportée!

Candy éclata de son rire cristallin. Le bal se passait à Gibraltar hors du « Warrior ». Le commandant se permettait de lui dire ça, parce qu'ils n'étaient pas sur le « Warrior » qui était considéré comme territoire anglais; Gibraltar était un peu comme un « no man's land », loin de l'Angleterre et pas encore à Maxence.

Lorsqu'elle retourna sur le navire, elle alla voir sa maman dans sa cabine.

- Vous allez bien maman?

- Je vais bien ma chérie. Vous vous êtes bien amusée?

- Oh oui! Tout le monde était charmant!

- Vous voulez dire que tout le monde vous draguait!

- Vous vous rendez compte? Je suis en route pour rejoindre mon futur époux!

- C'est une bonne chose que vous ayez la tête sur les épaules.

- Maman, vous savez que j'ai été élevée pour le jour où on choisirait un homme pour moi! Et je vais épouser un roi! Je vais tout faire pour aider mon nouveau pays d'adoption. Ils ont des problèmes...

- Vous ressemblez à votre père de ce côté-là. Il voulait toujours arranger les problèmes politiques et faire plaisir à tout le monde!

- Je vais faire de mon mieux pour aider, maman... il le faut. Je ne veux pas que la France annexe Maxence... et que vous et moi soyons forcées de retourner en Angleterre pour vivre de la charité de la reine!

La grande-duchesse regarda sa fille. Son père aurait été fière d'elle. Elle ne se faisait aucun souci pour elle. Elle allait être une bonne reine pour Maxence.

- Je vais vous laisser vous reposer, maman. Bonne nuit.

- Bonne nuit ma chérie.

Elle fit un gros câlin à sa maman et sortit de sa cabine. Elle voulait aller dans la sienne quand elle se souvint avoir oublié le livre sur Maxence dans la cabine de l'amiral. Elle ouvrit la porte et vit le capitaine qui se servait à boire.

- Puis-je vous offrir quelque chose à boire madame?

- Un verre d'eau, s'il vous plaît.

Il lui en servit un verre qu'il lui tendit.

- Êtes-vous contente de votre soirée, madame?

- C'était tout simplement merveilleux! Une des meilleures soirées ...

- Mais vous devez en avoir souvent eu l'occasion en Angleterre, non?

- Pas tellement. En Angleterre, personne ne se préoccupait d'une petite princesse sans importance...

- Eh bien maintenant, Cendrillon, madame, ne va pas seulement au bal, mais elle va épouser le prince charmant.

- Vous pensez que Sa Majesté en est un?

- Je l'espère. Je souhaite votre bonheur, madame, plus que tout au monde! Et pour vous aider à le trouver, madame, je me mets à votre service, maintenant et pour toujours!

Sa voix était pleine d'émotion et Candy était bouleversée.

- Un jour j'aurai peut-être à vous rappeler votre promesse.

- Et ce jour-là, j'en serai fier et très heureux. Je suis prêt non seulement à mourir pour vous madame, mais aussi à vivre pour vous.

Il y avait beaucoup de tension dans l'atmosphère. Elle lui prit la main et elle dit :

- Merci, dit-elle très doucement, car je sais que là où je vais, j'aurai besoin d'un ami.

Le capitaine prit sa main et il mit un genou à terre et il baisa sa main.

- Merci beaucoup, dit-elle émue.





oOoOoOoOoOo




Le lendemain dans la soirée, le navire quitta Gibraltar. La foule s'était rassemblée sur le quai pour dire au revoir à Candice. Elle leur fit signe avec sa main, debout à côté du capitaine. Les tempêtes étaient loin, la Méditerranée était calme avec sa couleur bleue.

La baronne André continuait à se plaindre et à dire qu'ils étaient en retard. Candy demanda au capitaine si ça faisait une différence.

- Eh bien, le seul problème est que le mariage aura lieu le lendemain de votre arrivée et non pas une semaine après comme prévu. On ne peut pas repousser la cérémonie.

- Pourquoi?

- À cause des rois et des reines qui ont été invités et qui auront voyagé pendant des jours pour être dans le cortège.

- Est-ce que l'empereur et l'impératrice vont venir?

- Je ne pense pas qu'ils viendront, dit le capitaine.

Candy était heureuse d'entendre ça. Elle n'avait pas très envie de faire la connaissance de Napoléon III.

Lorsque le bateau était près de Maxence, Candy vit les maisons blanches et les fleurs partout.

- Il y a le carnaval, dit le capitaine.

- Quel carnaval?

- Le festival des fleurs, il y a des cortèges dans toutes les rues, une bataille de fleurs.

- Merveilleux!

- Je ne pense pas que vous serez autorisée à y participer...

- D'où viennent les fleurs?

- Du pays... nous cultivons l'œillet... et nous faisons des parfums.

- Vraiment?

- Oui, ils sont connus dans le monde entier.

- J'aimerais voir comment ils font les parfums.

- Vous visiterez surement une distillerie...

- Est-ce que Sa Majesté va monter à bord?

- Il va vous attendre aux marches du palais, madame. Il est temps pour vous de rejoindre la baronne et votre mère pour débarquer.

Elle alla rejoindre sa mère et la baronne. Elles prirent une chaloupe ensemble et se rendirent sur le quai. Le premier ministre les attendait sur le quai.

- Soyez la bienvenue, Votre Altesse Royale.

- Merci, dit Candy.

Après toutes les salutations et les formalités, elle monta dans un fiacre avec sa maman et la baronne. Candy admirait la ville et toutes les décorations des fleurs; des œillets, des roses, des muguets, des orchidées sauvages... Les gens lançaient des fleurs à leur passage.

- Le peuple semble content, vous êtes très chaleureux.

- Et vous ressemblez à une princesse de contes de fées...

- Ah...

- Oui, pour nous les anglaises sont grandes et dédaigneuses...

Candy éclata de rire. Il la regarda en souriant.

- Votre mère est très belle, je vois d'où vous tenez votre beauté...

La mère de Candy sourit.

La traversée de la ville sembla interminable. Enfin, les chevaux commencèrent à gravir la pente et Candy put enfin voir le magnifique palais blanc. Il était impressionnant et lorsqu'ils eurent passé les lourdes grilles de fer dorées à l'or fin, elle admira une fontaine dont les eaux jaillirent dans le soleil devant un grand escalier qui menait aux portes d'entrée.

Il y avait des hommes en uniformes avec des décorations et des femmes en crinoline qui se protégeaient du soleil avec des petites ombrelles. Le fiacre contourna la fontaine et vint s'arrêter au pied de l'escalier d'honneur.

Tout en descendant, Candy leva la tête et vit un homme de haute taille, portant un uniforme blanc, sortir du palais et venir à sa rencontre.

Son cœur se mit à battre plus vite et elle sentit qu'elle était encore plus effrayée qu'elle ne l'avait cru.

Le roi Terrence s'approchait d'elle, son futur époux...

CANDICE ET LE ROIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant