Chapitre 6 « Le jour du mariage... »

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Candice se réveilla le matin de très bonne humeur. C'était le jour de son mariage. Elle allait épouser le Roi Terrence de Maxence... Elle pensa à son regard bleu-vert, qui était les plus beaux yeux qu'elle n'avait jamais vu. Elle pensa ce qu'il avait fait pour elle la veille... pour la remercier? Il voulait lui faire plaisir, ce qui pour elle voulait dire que le roi commençait peut-être à l'aimer un tout petit peu. Elle entra dans son bain chaud et parfumé qui avait été préparé pour elle. Ensuite elle sortit pour qu'on la coiffe. Elle se laissa faire, ce fut un plaisir. On la coiffa en lui faisant un très beau chignon soulevé au sommet de sa tête avec une tiare. Le voile allait être accroché avec des petits peignes. On lui passa sa robe de mariée, très belle toute blanche. La reine Victoria avait commencé une mode en se mariant en blanc. Ensuite le blanc était devenu le symbole de la pureté virginale.

Sa mère arriva habillée en mauve.

- Comme vous êtes belle ma chérie! Vous êtes prête maintenant, je vais aller mettre ma tiare, dit la grande duchesse.

- Oui, allez-y maman. Je ne veux pas être en retard.

- Vous ne voulez certainement pas être trop en avance non plus, ma chérie.

- Et pourquoi pas? Je suis pressée de devenir la femme du roi!

- Candice...

- Vous avez sûrement raison, maman.

La grande-duchesse sortit de la chambre. Candice resta immobile tandis que Dorothea boutonnait le dos de sa robe. Elle s'admira dans un miroir et se dit que le prix qu'avait coûté cette robe, choisie par sa mère, était amplement justifié par sa splendeur. Le corsage de satin était brodé et incrusté de paillettes et la jupe ornée de trois rangées de volants de dentelle de Honiton, de rameaux de fleurs d'oranger et de myrte sur lesquels scintillaient des perles semblables à des gouttes de rosée. D'autres fleurs d'oranger dessinaient la courbe des épaules blanches de Candy.

La longue traîne qui devait être fixée au dernier moment, était étalée sur le lit. Bordée d'hermine et incrustée elle aussi de paillettes, elle était magnifique. Candice espérait que les quatre pages qui devaient la tenir seraient capables de supporter son poids car elle savait qu'elle était fort lourde.

- Vous êtes très belle, Votre Altesse Royale! murmura Dorothea.

Elles étaient restées seules après le départ des autres femmes de chambre qui avaient aidé Candice à s'habiller avant d'aller préparer le bouquet.

- J'espère que ça sera l'avis de la foule qui s'est assemblée dehors, répliqua Candice.

- On parle déjà de vous comme de la reine qu'on attend depuis longtemps... répondit Dorothea. Toute la ville raconte comment vous avez rajouté des œillets rouges à votre bouquet hier après-midi.

Candice se mit à sourire. Elle alla s'asseoir devant la coiffeuse pour que Dorothea lui arrange sa coiffure et son voile et laissa échapper :

- J'ai l'impression d'évoluer dans un rêve et que tout cela est trop beau pour être vrai!

Dorothea souleva la magnifique couronne que Candice allait porter. Elle était ornée de diamants en forme de cœur et de feuilles d'or ciselées de manière telle qu'ils pouvaient s'agiter au moindre mouvement de la tête. Dorothea regarda alors par-dessus son épaule pour s'assurer qu'elles étaient bien seules, puis dit à voix basse :

- Il faut que je parle à Votre Altesse Royale.

Candice fut intriguée par son ton empressant.

- Qu'y a-t-il? demanda-t-elle.

- Je ne l'ai pas dit plus tôt à Votre Altesse Royale, mais le jeune homme avec qui je dois me marier travaille à l'ambassade de France.

Candice ne répondit pas, mais leva les yeux vers le visage de sa femme de chambre.

- Quand je suis partie pour l'Angleterre, Votre Altesse Royale, Tomas était second valet de Son Excellence l'ambassadeur de France. Quand je suis revenue, il avait été promu premier valet.

Candice attendait toujours.

- Il est alors sorti avec Son Excellence à Marseille, continua Dorothea, et il vient juste de rentrer. Il m'a dit que des réunions secrètes avaient eu lieu avec des fonctionnaires venus tout exprès de Paris.

- Tomas connaît-il l'objet de ces réunions? demanda Candice.

- Non, Votre Altesse Royale, mais il a le sentiment qu'elles concernaient notre pays.

- Qu'est-ce qui le lui fait croire? demanda Candice.

- Depuis un mois, il entend courir des bruits sans importance en eux-mêmes mais qui, réunis, représentent un danger pour Maxence.

- De quelle nature serait ce danger, d'après vous? demanda Candice.

Dorothea prit une inspiration :

- La France veut annexer Maxence, Votre Altesse royale, Tomas en est convaincu.

Candice se tourna pour se regarder dans le miroir.

Elle put y voir son visage pâle et grave et derrière elle le regard inquiet de Dorothea.

- Il faut absolument en être sûr, dit Candice après quelques instants.

- Tomas le sait, Votre Altesse Royale, mais il est persuadé que rien ne se produira avant que le navire britannique qui vous a amenée ne quitte le port.

- Mais c'est ce soir! s'exclama Candice.

- Ce soir? répéta Dorothea.

- Oui, répondit Candice. La grande-duchesse va repartir juste après la cérémonie. La capitaine du navire n'est pas satisfait des réparations faites à Gibraltar et il veut faire escale à Marseille. Il a été prévu que la grande-duchesse continuerait alors son voyage en train.

Dorothea ne répondit pas et Candice continua :

- Demandez à votre fiancé s'il n'a pas d'autres renseignements et tenez-moi au courant!

Tout en disant cela, elle se demanda ce qu'elle pourrait faire si les informations de Tomas étaient exactes. Elle se mit alors à penser que le capitaine Salazar pourrait sûrement l'aider.

- Il y a autre chose, Votre Altesse Royale, dit Dorothea, mais je ne sais pas si je peux vous le dire...

- Vous savez que tout ce qui concerne l'avenir de notre pays me concerne, dit Candice. Comme je vous ai déjà priée à bord du « Warrior » dites-moi tout ce que vous savez.

Dorothea baissa les yeux sur la couronne qu'elle tenait à la main.

- C'est seulement ce que les domestiques de l'ambassade ont rapporté à Tomas... La comtesse Legrand serait allée hier soir au palais rendre visite à Sa Majesté!

Le cœur de Candice explosa dans sa poitrine. Il était avec elle à la fête du village, non?

- Sa Majesté aurait été informée de sa venue à son retour de notre escapade commune, continua Dorothea qui devinait ses pensées.

- Où se sont-ils rencontrés?

- Dans le salon privé de Sa Majesté. On peut y accéder directement par une porte qui donne sur les jardins, c'est un endroit où personne ne vient jamais. La comtesse pénètre dans les jardins par une porte dérobée dont le roi seul possède la clé.

- Merci de m'avoir prévenue, dit Candice d'une voix calme. J'espère Dorothea que vous pourrez voir votre fiancé après la cérémonie.

- Je vais essayer, Votre Altesse Royale, répondit Dorothea, mais...

Elle fut interrompue par la grande-duchesse qui revenait de sa chambre.

- Vous n'êtes pas encore prête Candy? demanda-t-elle sur un ton de reproche. Le temps passe.

- Il ne reste plus que ma couronne et mon voile à poser, maman, répondit Candice.




CANDICE ET LE ROIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant