Candice ne cessait de penser au roi... Elle priait le Seigneur pour qu'il triomphe...Elle se disait en fait qu'elle avait dû tomber amoureuse au premier regard! Il était si différent de ce qu'elle avait imaginé. Son visage l'avait fasciné et envoûtée de telle façon qu'elle avait spontanément avoué les pensées qui lui étaient venues à l'esprit. Et cet amour, bien qu'elle n'ait pas su le reconnaître s'était affermi au cours des quelques jours qu'ils avaient passés ensemble. Elle n'avait jamais été amoureuse auparavant, c'est pourquoi elle ne savait pas que c'était de l'amour qui la faisait rougir ou accélérait les battements de son cœur. Elle l'aimait sûrement déjà la nuit qui avait suivi leur mariage, lorsqu'elle lui avait demandé de ne pas lui faire l'amour, alors qu'il en avait l'intention... Elle se demandait ce qui se serait passé si elle l'avait laissé agir à sa guise... Elle était encore émue au souvenir de ses lèvres sur ses mains et elle regrettait qu'il ne l'ait pas embrassée avant de partir! Une angoisse la saisit : les révolutionnaires allaient peut-être le tuer... ou bien l'armée ne voudrait pas le suivre et le livrerait aux Français... Mais elle se dit qu'elle se torturait l'esprit inutilement car elle avait la certitude que le roi vaincrait et jetterait les traites hors du pays, comme il le lui avait affirmé. Son admiration pour lui avait été renforcée par l'attitude qui avait été la sienne ce matin-là, lorsqu'il avait parlé avec tant de détermination et d'autorité.
Il paraissait enfin vouloir être maître de sa destinée. Il ne s'en remettrait plus ni à ses « amis » français, ni à ses ministres et à ses conseillers diplomatiques. Il ne compterait plus maintenant que sur lui-même... il prendrait lui-même les décisions qui s'imposaient pour se battre, comme elle désirait.
- Nous pouvons partir, madame, répéta le capitaine Salazar, interrompant le cours de ses pensées.
Candice remit son foulard et le capitaine l'aida à monter en selle. L'air était frais et vif à cause de l'altitude. Malgré tout, elle n'avait pas besoin de sa cape et le capitaine Salazar la prit sur sa selle.
- Je vais laisser la couverture, madame, dit-elle en souriant. Elle pourra peut-être servir à un montagnard égaré.
- Nous en aurons peut-être besoin nous-mêmes, remarqua Candice, pensant que si les révolutionnaires étaient trop nombreux pour que l'armée les disperse, le roi devrait peut-être fuir et se réfugier à nouveau dans ces grottes.
- Soyez sans crainte, dit le capitaine Salazar, comme s'il avait lu dans ses pensées, je n'ai jamais vu Sa Majesté aussi résolue que ce matin.
- C'est ce que vous attendiez de lui? demanda Candice.
- Oui, madame! C'est ce que nous attendions tous depuis longtemps.
- Vous ne... craignez plus les... Français? demanda Candice un peu hésitante.
- L'empereur sait très bien que nous sommes sous la protection des Anglais : c'est pourquoi, s'il nous voit nous-mêmes résolus, il renoncera à ses projets d'agression.
- Je comprends, dit Candice, le complot était organisé de telle manière que le roi puisse se passer de son aide. Il aurait alors été impossible à l'Angleterre d'intervenir.
- Vous avez raison, madame, reconnut le capitaine, mais maintenant tout va changer.
Il s'arrêta puis dit, presque sur le ton du mépris :
- L'empereur se prend pour un nouveau Bonaparte, mais il n'en a pas l'envergure! Je suis convaincu que tôt ou tard les Prussiens feront essuyer une défaite à la France!
Candice le regarda avec surprise.
- Les Prussiens?
- Leur ambition est sans limites et ils ont toujours convoité Paris.
Quand ils arrivèrent en haut de la montagne, ils virent que la descente était si escarpée que les cheveux devaient être parfaitement tenus, car le moindre faux-pax entraînerait une chute de plusieurs dizaines de mètres dans le ravin.
Candice regarda dans la vallée, espérant y apercevoir le roi et son escorte. Mais ce versant des Pyrénées était beaucoup trop accidenté pour qu'elle puisse les distinguer. Le soleil brillait et il commençait à faire chaud. Pendant la nui Candice avait apprécié son habit de velours, mais maintenant qu'elle était à cheval depuis près d'une heure, elle regrettait de ne pas avoir revêtu un de ces habits d'été en pique blanc ou en soie fine que portent les femmes qui montent au bois de Boulogne. Lorsqu'ils arrivèrent dans la vallée, elle constata que la campagne était très différente de celle qui entourait Greum. À côté des champs de vignes et d'oliviers on trouvait une végétation plus dense et presque tropicale : il y avait des palmiers, des cactus, des fleurs sauvages exotiques et magnifiques papillons. Ils virent aussi des orangers dont les fruits commençaient à mûrir : Candice aurait aimé s'arrêter pour en cueillir mais elle savait que le capitaine Salazar était pressé d'arriver au palais. Celui-ci apparut soudain, dominant une vallée fertile et Candice fut émerveillée... Le palais de Huesca était blanc et l'on pouvait voir de loin briller ses dômes et ses tours. Il était entouré de sombres cyprès qui lui donnaient une allure mystérieuse. Ils empruntèrent une allée en très mauvais état jusqu'aux portes d'enceinte surmontées d'une couronne.
Les deux gardes qui s'y appuyaient bavardaient tranquillement. Quand ils virent s'approcher le capitaine Salazar, ils restèrent d'abord hébétés, puis se mirent au garde à vous. Le capitaine immobilisa son cheval et les toisa d'un œil qui sembla les mettre mal à l'aise. Il dit alors d'une voix brusque :
- Je suis le capitaine Salazar, de la cavalerie de sa Majesté! Où est l'officier de service?
- Il est à l'intérieur du palais, capitaine, répondit un des soldats.
- Ouvrez les portes! ordonna le capitaine.
Les deux gardes s'empressèrent de lui obéir et ils entrèrent. Candice découvrit alors un jardin splendide entouré de bougainvillées. Il y avait plusieurs fontaines mais elles ne fonctionnaient pas et bien que le jardin soit entretenu, il semblait que la nature y avait repris ses droits depuis plusieurs années. Le palais, avec ses arcades de marbre blanc et ses fenêtres à treillis, semblaient sortir d'un conte des Mille et une nuits. Tout était silencieux, comme si c'était le château de la « Belle au bois dormant. » Lorsqu'ils arrivèrent devant la porte d'entrée, Candice se retourna pour admirer la vallée. La vue qui s'offrait à elle était extraordinaire. Au loin, on pouvait même apercevoir le bleu de la mer et elle se demandait si le roi conduisait déjà ses troupes vers Greum sur la route de la côte.
Le capitaine était descendu de cheval pour tirer la sonnette et la porte fut ouverte par un vieux domestique dont la livrée râpée aurait dû être remplacée depuis longtemps.
- Qui est responsable de la garde du palais? demanda le capitaine Salazar.
- Nous sommes bien peu ici, monsieur, répondit le domestique d'une voix tremblante, mais je vais aller chercher le commandant Doma.
- Allez le chercher, ordonna le capitaine, et aussi l'officier de service!
Tandis qu'il parlait, un homme en uniforme sortit d'une pièce qui se trouvait près de l'entrée.
- Que se passe-t-il? demanda-t-il. Qui êtes-vous et que voulez-vous?
- Je suis le capitaine Salazar de la Cavalerie du roi accompagnant Sa Majesté la reine!
Il eut l'air ahuri pendant quelques instant avant de se ressaisir au moment où le capitaine Salazar aidait Candice à descendre de cheval.
- Nous ne savions pas, nous ne vous attendions pas, madame, commença l'officier.
- Je le sais, répondit Candice, le capitaine Salazar vous racontera les événements qui se sont produits à Greum. Nous allons rester jusqu'à ce que Sa Majesté nous rejoigne!
- Sa Majesté! sursauta l'officier.
Avec un sourire, Candice entra dans le palais, de plus en plus fascinée... Les bâtiments ouvraient sur plusieurs patios. Elle admira la cour des Myrtes où des orangers se reflétaient dans un bassin d'eau verte et qui lui parut sortir d'un rêve. Lui succédait la cour des Dauphins, si magnifiques qu'on aurait pu croire qu'elle avait été dessinée pour Schéhérazade.
Les arcades étaient élégantes avec leurs longues colonnes et dans les fontaines, l'eau jaillissait des têtes de léopards ou de dauphins. Le marbre était sculpté comme de la dentelle.
Candice se demanda qui pouvait préférer un château qui était une pâle imitation du château de Versailles à ce palais des merveilles. Elle s'approcha d'une des fenêtres pour admirer le jardin qui était planté de cyprès, de myrtes, de lauriers roses et autres arbustes fleuris. À côté des géraniums, rouges et blancs, des œillets multicolores poussaient à profusion; les fontaines et les statuettes donnaient un air de conte de fées à l'ensemble.
« Personne ne pourrait avoir toute cette beauté sous les yeux et ne pas avoir de belles pensées » se dit-elle.
Elle rejoignit le capitaine Salazar qui était en train de donner des instructions aux domestiques qui semblaient se réveiller d'un long sommeil. C'était, pour la plupart, des hommes et des femmes d'un certain âge, qui avaient passé toute leur vie au palais, au service d'un roi qu'ils voyaient rarement et dont ils n'entendaient que très peu parler.
- Faites-vous ouvrir tout le palais? Demanda Candice.
- Si vous le voulez, dit le capitaine Salazar.
- J'aimerais que cette demeure ressemble à ce qu'elle a été! pria Candice d'un ton passionné.
Elle se tourna vers les vieux domestiques et ordonna calmement :
- Allez chercher des jeunes gens pour vous aider. Je suis sûre qu'il y a dans le village des hommes et des femmes qui sont prêts à travailler au palais. Nous allons faire de Huesca un endroit où Sa Majesté sera heureuse de venir!
Elle put lire la joie sur leurs visages. À peine furent-ils congédiés qu'ils s'empressèrent, tout en discutant, d'ouvrir les volets, d'enlever les housses des meubles et de préparer la chambre de la reine pour elle. Lorsque celle-ci fut prête, Candice s'y rendit et elle la trouva beaucoup plus belle que celle qu'elle occupait à Greum. Il n'y avait pas ici de grand lit à baldaquin chargé de rideaux de soie et de velours, mais un lit de style mauresque dont la tête incrustée de nacre avait la forme d'un coquillage. Elle brillait comme si elle sortait de l'eau et était portée par des sirènes et des dauphins sculptés dans l'albâtre.
La pièce avait un dallage de marbre et des plafonds voûtés. Les rideaux étaient faits d'un tissu bleu très léger et rebrodé de fils d'argent qui évoquaient les couleurs de l'océan.
- C'est extraordinaire, dit Candice au capitaine Salazar, un vrai palais de rêve!
- Un rêve devenu réalité, madame, répondit-il.
- Croyez-vous que les jeunes gens du pays penseront la même chose? demanda-t-elle.
- J'en suis sûr, répondit-il.
Le roi la verrait-il, lui, comme une héroïne de rêve? Elle croyait pouvoir deviner ce qu'il pensait vraiment d'elle en le regardant droit dans les yeux. Mais elle se rappela aussi combien il lui avait été aussi difficile, quelques fois de soutenir son regard sans rougir, et comme il la fixait, par moments, avec un air ironique qui la décontenançait.
« Faites qu'il m'aime, mon Dieu. Je vous en supplie... et si ma mère a raison, et qu'il m'aime déjà. Merci beaucoup mon Dieu », murmura-t-elle.
Plus tard dans la journée, Candice apprit qu'une foule s'était assemblée derrière les portes et que la garde avait été renforcée. Mais les paysans des environs venaient seulement s'assurer de la réalité des bruits qui couraient au sujet de l'arrivée de la reine. Plusieurs d'entre eux portaient des bouquets à la main.
- Je vais voir les gens dehors, dit-elle au capitaine Salazar.
Elle put lire la surprise sur son visage mais il ne fit aucun commentaire et se contenta de la suivre lorsqu'elle descendit les marches du palais et sortit du grand soleil. Il faisait si chaud qu'elle avait quitté son habit de cavalière et portait une jupe de velours et un chemisier brodé en mousseline blanche. Comme elle n'avait pas de chapeau, elle prit une ombrelle qu'elle trouva dans un porte-parapluie. Elle avait dû appartenir à la mère du roi, ou à une de ses dames d'honneur et était jaunie par le temps.
- Pouvez-vous ouvrir les portes, s'il vous plait? dit Candice.
- Désirez-vous réellement sortir, madame? demanda le capitaine Salazar incrédule.
- Je voudrais parler à mes visiteurs, répondit Candice avec un sourire.
C'était des paysans, habillés pour la plupart du costume régional. Plusieurs tenaient un enfant par la main et parfois un autre dans les bras. Ils paraissaient tous très pauvres, mais Candice les trouvait beaux avec leurs yeux sombres, leurs cheveux noirs et leur peau brunie par le soleil. Lorsqu'elle s'approcha d'eux, ils comprirent soudain qui elle était; une rumeur hésitante s'éleva. On ouvrit les portes et ils l'escortèrent comme s'ils pensaient qu'elle voulait sortir. Quand elle s'arrêta pour parler, tout d'abord à une vieille femme puis à une plus jeune pour lui demander l'âge de l'enfant, puis à un homme pour connaître la nature de son travail, ils la regardèrent d'un air incrédule... Comme elle continuait à s'adresser à chacun d'eux dans leur propre langue, ils prirent confiance et commencèrent à lui offrir les bouquets qu'ils avaient préparés. Elle dut vite faire appel au capitaine Salazar pour qu'il l'aide quand elle eut les bras trop chargés. Après avoir ainsi parlé et marché parmi ses sujets pendant près d'une demi-heure, elle se dirigea vers les grilles du palais pour rentrer.
Ils l'acclamèrent alors spontanément et très chaleureusement jusqu'à ce qu'elle disparaisse.
- C'est une chose extraordinaire que vous avez fait là! dit le capitaine, aucune reine n'a jamais été vers son peuple de cette façon-là, sans respecter un protocole strict.
- C'est une chose qui devra se répéter, dit Candice, d'un ton ferme.
Puis son esprit revint vers des sujets plus inquiétants; elle s'approcha de la fenêtre pour regarder vers la vallée.
- Les casernes sont-elles loin d'ici? demanda-t-elle.
- À dix kilomètres environ, madame.
- Quand pourrons-nous avoir des nouvelles?
- J'ai demandé à l'officier de service d'envoyer un courrier à Lezignan pour informer Sa Majesté que vous étiez bien arrivée et pour savoir si elle désirait nous faire parvenir un message, répondit le capitaine.
- Merci, dit Candice, j'ai du mal... à ne pas être...inquiète.
- Je vous comprends, madame, mais je suis sûr que tout ira bien.
- Comment pouvez-vous en être certain, demanda Candice tant que nous ne savons pas comment sera accueillie Sa Majesté à Greum?
Le capitaine ne répondit pas et Candice sentit la morsure de l'angoisse qui essayait de s'insinuer en elle depuis le début de la journée comme le serpent au paradis terrestre, qu'elle venait de découvrir. Puis son cœur se glaça à l'idée qu'elle était peut-être amoureuse du roi, mais son amour n'était sûrement pas payé en retour... à part si sa mère avait raison... Il aimait la comtesse, il ne l'avait pas démenti lorsqu'elle l'avait mentionné le soir de leur noces et bien qu'elle l'ait trahi en abusant de son affection, il n'y avait aucune raison de penser qu'elle portait cet amour sur elle, à part si sa mère avait raison et que le roi l'aimait et qu'il ne le savait pas encore... il avait accepté son défi, non? Les intérêts politiques en jeu ne les poussaient-ils pas à rendre sa femme amoureuse? Ne voulait-il pas s'assurer son affection, uniquement pour avoir des enfants, en particulier un fils qui prendra sa succession sur le trône? Elle eut l'impression que de telles pensées détruisaient jusqu'à la beauté du palais, mais elle ne pouvait les écarter. Elles la hantaient sans cesse. Candice trouvait en chacune d'elles une part de vérité qui la faisait souffrir.
« Je l'aime, je l'aime! » songeait-elle avec désespoir.
Connaîtraient-ils un jour ensemble ce « feu de l'amour » dont il lui avait parlé avec tant de conviction?
Candice monta pour prendre un bain avant le dîner. Le sol de la salle de bain était en marbre et les murs étaient décorés de magnifiques mosaïques incrustées de quartz. La vieille gouvernante qui s'occupait d'elle était déjà en train de donner des instructions aux filles qu'elle avait trouvées au village pour l'aider. La jeune fille regarda Candice et l'admiration que l'on pouvait lire dans ses yeux sombres la réconforta. Elle avait pris son déjeuner seule, mais elle demanda au capitaine Salazar de dîner avec elle.
- Dois-je aussi inviter l'officier de service? demanda-t-elle.
- On m'a dit, madame, que l'officier supérieur devait arriver tard de la caserne de Lezignan avec une troupe de la garde des Dragons qui relèvera la garde actuellement en faction. Je crois qu'il serait plus sage d'attendre jusqu'à demain.
Candice se mit à sourire.
- Croyez-vous que cela créerait un précèdent fâcheux si un officier de seconde classe était invité avant son supérieur?
- Les soldats sont des hommes, madame et je crois que vous avez donné assez de distraction à l'officier de service pour le moment!
Candice se mit à rire. Puis son sourire s'effaça et elle demanda :
- Il n'y a toujours pas de nouvelles de Lezignan?
- Pas encore, madame, mais le messager devrait arriver d'un moment à l'autre.
Le dîner fut très simple et composé uniquement de produits de la région. Après une truite qui avait été pêchée dans un torrent de montagne et de la pintade, on leur servit des fraises des bois comme dessert.
- Le chef vous prie de l'excuser de ne pas avoir pu trouver mieux à vous offrir ce soir, dit le capitaine.
- Assurez-le que j'ai trouvé le repas excellent. C'est le meilleur dîner que j'ai fait depuis que je suis arrivée à Maxence, répondit Candice, je ne pourrais jamais oublier combien le banquet du mariage a été interminable et fatiguant!
Le capitaine se mit à rire.
- La plupart des gens, madame, jeûnent pendant plusieurs jours avant un banquet officiel!
Le café fut servi dans un service de style mauresque dont les soucoupes en or étaient incrustées de corail et de turquoises.
- Comme c'est joli! dit Candice.
- Sa Majesté, le père du roi, avait rassemblé dans ce palais un grand nombre d'objets de valeur, d'origine mauresque et arable, expliqua le capitaine. Demain quand toutes les pièces seront ouvertes, je crois que vous trouverez de quoi satisfaire votre curiosité.
- J'en suis sûre!
Elle allait continuer quand un domestique entra dans la pièce. Il s'inclina et se pencha vers le capitaine.
- L'officier est revenu de Lezignan, madame. Voulez-vous entendre les nouvelles qu'il apporte?
- Mais, bien sûr! dit Candice avec empressement.
Il lui fut difficile de cacher son impatience pendant que le domestique allait chercher le jeune officier qui entra, vêtu de l'uniforme de la garde des Dragons.
Il salua et resta sur le seuil, attendant qu'on lui adresse la parole.
- Qu'est-il arrivé? demanda Candice ne pouvant se contenir plus longtemps. Sa Majesté est-elle en sûreté?
Elle était incapable de cacher son inquiétude.
- Sa Majesté est arrivée tôt ce matin à Lezignan, madame, répondit l'officier, il a fait l'inspection des troupes puis les a informées de ses plans et elles se sont mises en route pour Greum.
- Comment y sont-elles allées? demanda Candice.
- La Cavalerie est partie en avant, madame, avec Sa Majesté en tête. Les canons et l'artillerie légère tirés par des chevaux, ainsi que l'infanterie, ont suivi.
- Et vous savez ce qui s'est passé?
- Sa Majesté m'a demandé de rester auprès d'elle jusqu'à ce qu'on puisse vous envoyer un message. Elle pensait que vous l'attendiez avec impatience, madame!
- Quel est-il?
L'officier sortit une feuille de papier de sa poche.
- Le mot de Sa Majesté est bref, dit-il.
Et il lut à haute voix :
« Nous avons rencontré de l'opposition aux abords de la ville, mais nous avons réussi à la briser au prix de quelques pertes de chaque côté. Les révolutionnaires sont maintenant sur le point d'être encerclés. Il reste quelques noyaux de résistance dans certains quartiers et des insurgés en embuscade sur les toits d'un grand nombre de maisons. »
- C'est tout? Demanda Candice.
- J'ai attendu au cas où il y aurait un second message, répondit l'officier, puis j'ai pensé que Sa Majesté était peut-être inquiète et je me suis décidé à revenir aussi vite que possible.
- Merci beaucoup, dit Candice, vous avez sûrement besoin de vous restaurer. Le capitaine va s'occuper de vous.
Quand les deux hommes furent sortis, Candice se dirigea vers la cour des Dauphins. La soirée était tiède et l'air chargé de parfums. Les fontaines avaient toutes été remises en marche et des jets d'eau s'élevaient vers le ciel pour retomber majestueusement dans des bassins sculptés. C'était le seul bruit perceptible.
Candice éprouvait un soulagement énorme de savoir que la révolte était matée bien qu'on puisse encore craindre de la voir renaître. Les insurgés étaient peut-être en train de réorganiser, peut-être attendaient-ils la tombée de la nuit pour reprendre leur action? Par ailleurs, elle avait espéré un message personnel du roi. N'avait-il rien à lui dire à elle seule, pour lui prouver qu'il pensait à elle... Mais sans doute était-ce trop demander en de telles circonstances. Et le roi ne se doutait sûrement pas de son impatience. Elle se trouvait maintenant stupide de ne pas lui avoir fait clairement comprendre avant son départ qu'elle l'aimait! Il devait la croire indifférente ou même frigide comme toutes les Anglaises! Espérait-il vraiment gagner cette bataille personnelle dont il avait parlé? Son désir pour elle était-il aussi fort que celui qu'elle avait pour lui?
« Je le veux! Je l'aime! » murmura-t-elle à la fontaine.
Elle resta ainsi un long moment dans la cour des Dauphins, essayant de lui envoyer par l'esprit un message qui l'atteindrait où qu'il se trouve... Une fois, elle avait eu l'impression, bien qu'il n'ait pas bougé et qu'il ne l'ait pas touchée, qu'il l'attirait à lui... Aujourd'hui c'était elle qui priait pour lui, soupirait pour lui, le désirant de tout son être. Il était impossible qu'il ne le sente pas!
Mais à nouveau, l'image de la comtesse lui revint à l'esprit, avec un visage si provoquant, ses lèvres sensuelles si offertes et ses yeux enamourés! Avec tristesse, Candice pensa que le roi ne pourrait jamais ressentir pour elle ce que cette femme si séduisante avait éveillé en lui. Elle lui avait fait comprendre qu'il devait s'emparer de son esprit mais pour le moment, ce n'était pas son esprit qui se languissant de lui! Ce n'était pas son esprit qui avait ressenti ce frisson si étrange lorsqu'il avait pressé ses lèvres sur les paumes de ses mains! Ce n'était pas son esprit qui l'avait poussée contre lui à la recherche de la chaleur de son corps lorsqu'ils étaient allongés dans la grotte!Mille mercis à catsacha pour la belle image
« Je veux qu'il m'aime ... mais d'après maman, il m'aime déjà... Alors je vous en prie mon Dieu. Protégez-le, pour qu'il me revienne pour me dire qu'il m'aime. Même si ce n'est pas ce merveilleux feu inextinguible dont il a parlé, je serai heureuse de tout ce qu'il me donnera... de tout! Mais je vais être optimiste, revenez Terrence, revenez-moi pour me dire que vous m'aimez! »
Elle eut l'impression que sa prière s'envolait vers les cieux. Elle rentra alors et monta l'escalier sculpté qui conduisait à la chambre.oOoOoOoOoOo
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CANDICE ET LE ROI
FanfictionLa jeune Candice est envoyée par la reine Victoria pour epouser le roi Terrence de Maxence...