Chapitre 14 : Ce souvenir

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Xeris

Depuis combien de temps m’observent-ils ?

Affalé dans ce fauteuil en si mauvais état qu’il en deviendrait dangereux -tout comme cette maison-, la tête entre les mains, les yeux clos, j’essaie de me remémorer chaque détail, de remettre de l’ordre dans mes pensées, de choisir scrupuleusement chacun de mes mots afin que mon récit soit le plus claire et le plus précis possible.

Mais qui aurait pu imaginer que se souvenir soit aussi difficile et douloureux ?

Mais depuis combien de temps mon auditoire, attendant religieusement que je prenne la parole, me dévisage ?

Oh et puis plus de temps à perdre, cela fait déjà trop longtemps qu’ils attendent !

Je rouvre alors les yeux, laisse retomber mes bras et me redresse.

"Ainsi je dirai les choses telles qu’elles doivent être dites. Je ne t’apprendrai rien, Iris, en te disant que ton père est mort depuis bien des années. Je ne t’apprendrai rien en te disant que chaque personne ici présente peut en témoigner."

À peine ai-je finit ma phrase que Connor quitte la pièce sans demander son reste. Personne ne prend la peine de l’en empêcher.

Après tout, ces deux là étaient très proches.

Je soupire, puis reprends sous les regards pleins de compassion de Aaron et Alexander.

"Tout cela s’est déroulé en février 1739..."

                                                                        ~◇~

Un jeune homme paniqué entre dans la chambre de son ami en interpellant ce dernier :

"Samuel !"

Celui-ci relève la tête et croise le regard plein d’inquiétude de son frère d’armes.

"Réunis tout le monde en bas ! Ils arrivent."

En explorant les rues, j’avais entendu parlé d’une voiture autour de laquelle fourmillaient plusieurs gardes, armes à la main et prêtes à être utilisées, hurlant aux personnes devant lesquelles ils passaient de se reculer, regardant en chien de faillance chaque personne. Cette voiture, qui portait apparemment le sceau du roi d’Espagne, traçait sa route jusqu’à Paris et n’en était plus très loin. Et cela n’annonçait rien de bon...

"Comment pouvez-vous êtres sûrs que quelque chose se trame ? Xeris, tu as simplement entendu une discussion au détour d’un bar ! Tu aurais bien pu mal entendre et, quand bien même cette voiture viendrait d’Espagne, cela pourrait tout aussi bien être une visite de courtoisie ! s’emporte l’un de leurs confrères à l’accent bien prononcé mais au français quasi-parfait.
- Il a raison ! Et j’te rappelle que les gosses sont sensés se marier dans peu d’temps ! réplique le jeune homme appuyé contre le mur derrière lui.
- Je sais ce que j’ai entendu ! réplique le dit Xeris en manque cruel d’arguments.
- Dans tous les cas, nous avons pas de temps à gâcher. Au moins pour être sûrs qu’il y a pas de danger", lance le dit Samuel, resté silencieux jusque là.

Ces confrères acquiescent d’un signe de la tête, certains plus résiliés que d’autres.

Depuis quelques temps, des rumeurs circulaient auprès des Bourgeois comme du bas peuple : un convoit semblant provenir d’Espagne s’était fait remarquer dans plusieurs villes françaises. L’information était remontée jusqu’à Paris : un certain Marquis de la Mina venait offrir quelque chose au roi. Nous aurions pu ignorer cela -nous étions bien partis pour, d’ailleurs- mais il a fallut que les informations viennent frapper d’elles-mêmes à notre porte.

Assassin's Creed : La dernière guilde (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant