Chapitre 17: La Magie du Lac

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Cette nuit, Dabin s'infiltra hors du château avec une facilité déconcertante. Pas l'ombre d'un surveillant pour lui barrer la route et seul, il passa presque inaperçu. Il s'éloigna du grand portail en fer et longea un sentier éclairé par la lueur de la lune. Elle était fine et lumineuse, un magistral croissant dans le ciel. Chacun des pas du jeune sorcier craquait sur le sol. Bien que Dabin ait l'habitude d'errer la nuit dans le château, se déplacer au-dehors sans un camarade lui donnait un sentiment bien différent. Jimin avait insisté pour l'accompagner mais Dabin avait pris la décision de faire bande à part. Non pas parce qu'il ne voulait pas de Jimin à ses côtés, mais il pensait avant tout de sa scolarité. Jimin était déjà mal vue du directeur de l'école et il avait été sanctionné deux jours auparavant de deux semaines de retenus. S'il arrivait quoi que ce soit, Dabin ne pouvait pas lui faire courir le risque d'un renvoi définitif.

Le sorcier arriva rapidement aux abords de la forêt du tourment et s'accrocha aux lanières de son sac en inspirant doucement. « Tout va bien se passer » se répéta-t-il avant de faire un premier pas dans l'immensité de conifères obscurs.  Cette fois, il s'était préparé à toutes éventualités. Dans son sac : des potions de défenses, une corne d'intimidation pour les gros prédateurs et de quoi manger s'il se perdait.  Surtout, il portait avec lui une charogne de rat enfermée dans une boite hermétique. Dabin doutait grandement de la capacité de ce petit corps inanimé à attirer la créature, mais il avait un infime espoir que l'exposition de cette chaire inanimée l'attirerait peut-être.

Dabin n'avait pas peur. Il avait hâte de croiser le regard d'Ediphélandwe à nouveau et de lui poser tout un tas de questions. Sur ses origines, ses pouvoirs... une autre question taraudait Dabin : pourquoi avait-il vu la forme d'Ed tandis que Jimin avait été berné en voyant son mentor ? S'il parvenait à répondre à ses questions, il pourrait devenir le second sorcier de l'histoire à parler de cette créature. Et de ces yeux aux éclats rubis... murmura Dabin, son cœur tambourinant dans sa poitrine.

Un moment d'inattention et Dabin se laissa surprendre par une biche qui passa à toute vitesse devant lui. Le jeune sorcier trébucha en arrière et s'égratigna le bras en voulant se raccrocher à une branche. Celle-ci écorcha la peau de son avant-bras jusqu'au sang et il tomba sur les fesses. Le son des sabots de l'animal qui tambourinait sur le sol s'éloigna aussi rapidement que sa course était effrénée. Dabin geint entre ses dents. Il avait eu peur que ce soit à nouveau un troupeau de Centaures. Il scruta les alentours, attentif au moindre bourdonnement autour de lui. Jimin lui avait dit vrai : les biches n'étaient pas des créatures si rares finalement.

Tout semblait être redevenu calme et Dabin se sentit soulagé. Il remonta sa manche transpercée jusqu'à son coude et jeta un coup d'œil à son bras. Sa plaie était d'environ six centimètres et était plus ou moins profonde. Ça saigne, mais ce n'est pas grand-chose. Pas de quoi faire marche arrière, songea le sorcier en se relevant. C'est sa mère qui n'allait pas être contente en apprenant qu'il allait falloir rapiécer cet uniforme tout neuf. En reprenant sa marche, Dabin l'entendait déjà râler sur le fait qu'il trouvait toujours le moyen de trouer ses vêtements. Il secoua la tête, un léger sourire aux lèvres, réajusta son sac à dos et s'enfonça encore un peu plus dans les bois.

Au bout d'une vingtaines de minutes dans la noirceur de la nuit, il entendit le bruissement de l'eau dans la terre. Dabin se dirigea vers son écho et découvrit un petit courant d'eau jonché de végétation qu'il décida de suivre. Les sapins se firent de moins en moins nombreux, Dabin sentit une brise fraîche se glisser entre les ramages des sapins et venir caresser sa joue. La noirceur de la forêt se dissipa peu à peu pour laisser place à l'éclat de la nuit et le jeune sorcier déboucha sur les rives du lac Eodun. Le petit ruisseau qu'il avait suivi venait se jeter dedans.  Ainsi, il se trouvait de l'autre côté des rives, sur la bordure cernée par la forêt. Au loin, il pouvait apercevoir les tours du château. L'une en diagonale de l'autre : il s'agissait sûrement des tours Gryffondor et Serpentard.

Les Tours de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant