Chapitre 2

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Le lendemain...

Claquant sa porte d'un coup de talon, Sandrine soupira d'aise en rentrant dans son studio. Elle s'était simplement accordé une douche rapide en sortant de la permanence, avant de réintégrer son bureau. Son lit l'appelait depuis le début d'après-midi, et à l'idée de s'y pelotonner enfin, elle bailla une nouvelle fois.

Le téléphone sonna à cet instant, la faisant sursauter. Cela n'arrivait jamais. Fronçant les sourcils, elle décrocha, s'attendant à ce que son capitaine lui demande de revenir régler un problème qui aurait pu attendre le lendemain.

— Je ne suis pas là, ce n'est pas moi qui ai décroché.
— Sandrine ?

Pris d'une fulgurante envie de jouer les bâtons de majorette, le combiné lui échappa des mains en reconnaissant la voix grave. Cette même voix masculine qui avait animé sa nuit, sous la forme de rêves inavouables. Le téléphone fit un bruit d'enfer en s'écrasant au sol.— Oh zut, j'ai dû lui défoncer l'oreille ! s'écria-t-elle.
Ramassant l'objet, elle hésita un instant avant de le porter de nouveau à sa hauteur.

— Tout va bien, pardon, savonnette ! Je veux dire, j'ai les doigts pleins de savon, mentit-elle en regardant ses mains sèches. Mais comment avez-vous eu mon numéro ? Que se passe-t-il ?
— Eh bien, je ne devrais pas te le dire, mais... je me suis servi du plan d'alerte pour relever ton numéro.
— ...
— Sandrine, tu es toujours là ?
— Ou... oui. C'est que... je ne comprends pas. Pourquoi ?

Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre qu'un gars qui relevait le numéro d'une nana avait des intentions... sexuelles ? Elle était gentille, pas simplette. Elle avait juste envie de l'entendre à haute et intelligible voix. Ce n'était pas tous les jours qu'elle retenait l'attention de ce type de mâle. C'était même inédit.
« Une fille quelconque doit se contenter des opportunités qui se présentent » lui répétait sa mère à l'époque. La sentence n'avait rien d'agréable, mais cela avait le mérite de la franchise. Sandrine avait toujours respecté scrupuleusement ce principe et s'y conformait encore à présent.

— Tout d'abord, j'aimerais qu'on se tutoie et que tu m'appelles Joff, relança Joffrey. On n'a aucun rapport de subordination, n'est-ce pas ?
— Non. Oui. Enfin je veux dire d'accord pour le « tu ».
— Bien. En fait... je voudrais me faire pardonner.
— De quoi ?
— De mon attitude. Tu m'en veux encore, n'est-ce pas ?
— C'est oublié. Pas de souci.
Épouse-moi et tu auras l'absolution gloussa-t-elle intérieurement.
— Je veux faire mieux que de simples excuses.
— Couchons ensemble, c'est mieux en effet ! exprima-t-elle vivement, ses paroles dépassant ses pensées.
— Pardon ?
— Je l'ai vraiment dit à haute voix, c'est ça ?
Après quelques secondes de silence – les plus longues de sa vie – un éclat de rire retentit.
— Aaah ? Tu ne veux pas qu'on boive un verre, d'abord ? s'amusa l'homme, étonnamment décontracté.
— Mais nooon, c'était une blague, voyons ! Le sexe, je veux dire, pas le verre !
Vas-y, creuse, ma fille, t'es presque en Chine !
— Dommage.

La réponse, une invitation limpide cette fois, la fit tousser. Voilà qu'ils flirtaient ouvertement ! Si on lui avait dit qu'un joli petit cul la mettrait dans tous ses états, elle n'y aurait pas cru. Quelque chose chez cet homme lui inspirait les idées les plus folles. Son physique d'Apollon n'était pas seul responsable de son état. Des beaux mecs, elle en fréquentait depuis qu'elle avait intégré l'armée.

— Que dis-tu de ce soir ?
— Déjà ? Mais je... oh et puis d'accord ! décida-t-elle sur un coup de tête.
— Je passe d'ici une heure.
— Mais tu n'as pas mon adresse !
— J'habite dans ton bâtiment.
— Ah bon ? Mais pourquoi ne pas être passé directement ?
— Parce que c'est plus facile à demander par téléphone.
— Aaah... ok. Joff ?
— Oui ?
— Je n'aurais pas dit non.

Cœur d'homme, âme de soldat 5 : Là où tout a commencéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant