Athena

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Si on ne l'y avait pas préparé pendant ses longues années d'études, elle n'aurait jamais pensé à ramener un sachet entier de café dans son bureau en entrant ce matin. La nuit dernière, elle n'avait pas beaucoup dormi, bien que la nuit passée n'aie duré que deux heures. Cette fois, elle n'avait pas réussi à trouver le sommeil, son esprit bouillonnant.

Des fils rouges, des photos, des traces, des liens, des mobiles, des alibis, des empreintes, des témoignages et des images de vidéo surveillance. C'était ce qu'elle vivait chaque jour et aujourd'hui ne manquait pas à la règle. Toutefois, c'était bien différent en un point cette fois, car c'était elle, qui avait décidé d'enquêter, et elle avait refusé que cette affaire passe dans les mains de quelqu'un d'autre. C'était la sienne et elle allait la résoudre, comme elle l'avait toujours fait. Ce n'était pas parce que son rang de lieutenant le lui permettait, qu'elle allait déléguer cette enquête au premier collègue qu'elle croiserait. Hors de question.

Et surtout, elle se devait de le faire, de garder les secrets pour elle et de préserver son ami.

Sa piste s'ouvrait avec la caméra de surveillance de l'appartement 313 sur Waltridge. L'image avait beau être de piètre qualité, elle révélait déjà le visage d'un suspect et de deux victimes.

Un type hispanique, mesurant moins d'un mètre quatre-vingts. Il portait des vêtements épais, comme s'il était habitué aux températures surprenantes. Et il semblait terriblement à l'aise dans cet appartement, qui de toute évidence ne lui appartenait pas. Puis il y avait son ami, qui lui semblait complètement différent de d'habitude mais qui n'avait pas changé en soit, et tout semblait si normal. Et la deuxième victime, qui était arrivée par la porte d'entrée vers sept heures vingt cinq et qui en était ressorti, à l'horizontal 

Cette même piste continuait avec son propre rapport, qu'elle avait rédigé aussitôt rentrée à Los Angeles, et où chacun de ces détails expliquaient ce qu'elle avait découvert dans cet appartement.

Une victime gravement blessée, une tâche de sang, des empreintes sur le mur du couloir, un reste de porcelaine sur le sol de la cuisine, un verre brisé dans un évier, des miettes de pancakes dans une assiette et un couteau à viande abandonné sur le bord de la table.

Il avait fallu mentionner dans le rapport, les noms des urgentistes intervenus avant elle sur scène, et justifier, comment ça avait été possible qu'ils arrivent aussi vite. Dès lors elle expliquait le lien qui existait entre les pompiers et la victime et pour quelle raison ils s'étaient retrouvés dans l'appartement aussi rapidement, alors que l'appel au centre du 9-1-1 n'avait été relayé qu'une minute avant leur entrée.

Les explications faites, il fallait avouer que la caméra placée dans l'angle de la cuisine avait été visionnée par la soeur de la deuxième victime et par le lieutenant elle-même.

Ce qu'il s'était passé avec la police scientifique après cela, c'était à eux de le détailler dans leur rapport, et évidemment, elle avait à le lire pour s'assurer que tout y était correct. Dans la grande boîte en carton, une fiole avec un échantillon de sang, le reste de la tasse en porcelaine, des miettes de gâteau, une empreinte sanguinolente indétectable et un couteau tâché. Egalement, le dispositif caméra.

La troisième page de son rapport concernait la découverte d'un lien entre l'incendie de la station service d'Eastbridge et la mort de la gérante, avec la disparition d'Evan Buckley et de Ramsès Grimes. Le lien était facile à faire, l'appartement sur Waltridge appartenant à Albert Han et Evan Buckley, et la vidéo révélait la présence de ces deux disparus dans ce même bâtiment et à la station service, presque trente minutes après la découverte de la première victime, Edmundo Diaz.

Bruises Où les histoires vivent. Découvrez maintenant