Chapitre7 ( Illian 2020)

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Kaila devient blême. Je passe ma main dans son dos pour la soutenir, de peur qu'elle fasse un malaise.

-Mes quoi ?

-Tes ancêtres Léna. Je ne sais pas ce qui t'arrive aujourd'hui mais tu oublies beaucoup de choses quand même.

Zoé me lance un clin d'œil, comme si je devais comprendre quelque chose mais je suis beaucoup trop dépassé par les évènements pour comprendre n'importe quel sous-entendu. Quant à Aaron, il s'approche de Kaila et lui chuchote quelque chose qui la fait rougir. Elle hoche la tête et lui sourit presque tendrement. Je respire un grand coup. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar. La file diminue et on arrive enfin à l'entrée du musée. J'ai envie de rire de tous ces gens qui sont là pour nous, ou enfin pour notre histoire. Ils ne se doutent pas un seul instant qu'on est parmi eux et que l'on vole des corps depuis tout ce temps. Zoé devient encore plus hystérique lorsque nous pénétrons tous les quatre dans la pièce principale qui grouille de monde. Je sens Kaila se raidir à mes côtés et je me penche pour lui murmurer :

-Détends-toi. Si Zoé voit juste, il n'y aura que des papiers et on ne risque pas de nous reconnaitre.

-C'est pas seulement cette exposition qui m'angoisse mais tout le reste. C'est tellement différent et étrange que je ne sais plus très bien comment réagir.

Je lui prends la main et la serre dans la mienne. Elle me lâche un vague sourire mais je ne peux m'empêcher de remarquer que ses yeux sont scotchés sur Aaron qui avance prudemment devant nous avec Zoé. Ça ne me plait pas du tout car j'ai l'impression de la perdre et qu'elle s'éloigne de moi au fur et à mesure que les minutes défiles.

-Bon, vous venez ? On a plein de choses à voir.

On suit la voix de Zoé qui nous amène devant une coupure de presse. Je grimace quand je me rends compte qu'elle parle de nous, bien-entendu, mais sans pour autant préciser nos prénoms. Après notre mort, toutes traces de notre existence a été effacé. On était devenus les moutons noirs de nos familles qui ne voulaient même plus prononcer nos prénoms. C'est comme ça que l'on est devenu les amants maudits. Je vois du coin de l'œil que Zoé essuie une larme solitaire qui coule le long de sa joue.

-Tu es triste ?

Elle se tourne vivement vers moi et elle rougit, gênée que j'ai pu la surprendre en train de pleurer.

-Oh eu...

Je souris... et je me surprends à la trouver mignonne quand elle n'est pas surexcitée. C'est vraiment n'importe quoi.

-Alors ? Tu n'as pas répondu à ma question.

Je l'encourage d'un sourire. Je fais n'importe quoi, je le sens, je le vois : je suis clairement en train de la draguer.

-C'est juste que je pense souvent à eux. Ma mère me racontait leur histoire quand j'étais petite et je me suis toujours demandé comment on avait pu leur faire autant de mal. Les tuer seulement parce qu'ils s'aimaient, c'est complètement ridicule.

- Les années 50 ma jolie, la société a évolué depuis mais pas concernant l'amour bizarrement. Regarde dans certains pays, on tue les homosexuels alors que c'est juste de l'amour.

-Tu as raison, tout serait plus simple si chacun se mêler de ses affaires. En tous cas il y a tellement de mystère autour des amants maudits que ça me fascine.

-Ah bon et quel mystère ?

Ses yeux pétillent de joie à cette question.

-Comme leurs prénoms par exemple, j'ai fait des recherches mais rien du tout, ou bien encore comment ont-ils vécu avant leur procès ? Ils sont quand même restés enfermer pratiquement un an, avant d'être tués. On se croirait presque dans une chasse aux sorcières.

-Ils s'appelaient Kaila et Illian.

Elle me regarde, une lueur de surprise dans les yeux mais aussi d'admiration. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Je sais que je pourrais nous mettre en danger en divulguant des informations comme ça mais je l'ai fait presque malgré moi, comme si j'avais envie de tout lui dire.

-Comment tu peux savoir ça ?

-On s'en moque, le plus important c'est que toi aussi tu le sais maintenant.

Elle me regarde, un instant intrigué. J'ai l'impression que ses yeux cherchent à sonder mon âme et pendant quelques secondes, je me noie dans son regard avec l'impression d'être emporté par un tsunami.

-Tu sais que maintenant que tu le dis, j'aurais dû m'en douter, souffle-t-elle.

-Tu aurais dû te douter de quoi ?

- Les prénoms, le deuxième prénom de Léna c'est Kaila.

Love CursedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant