Chapitre 14 (Kaila 1955)

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Je mets le plus d'affaires possible dans mon sac. Impatiente, j'ai hâte d'être à ce soir, puis à demain pour prendre notre envol, je ne tiens plus en place avec toutes ses idées qui tourbillonnent dans ma tête. On pourra former une vraie famille et où le jugement n'aura pas sa place. Je me rends chez Annie de bonne humeur mais je la trouve dans le même état qu'hier. Elle pleure moins mais je vois à ses yeux cernés qu'elle n'a pas dormis.

-Comment tu vas ?

-Fatiguée. Mes parents ont continué de se disputer toute la soirée. À un moment j'ai entendu la porte claquée. Vers quatre heures du matin mon père est rentré complètement soul. Je suis en train de gâcher la vie de ma famille avec ce truc qui pousse dans mon ventre.

Je lui prends ses mains qui appuient avec force sur son ventre encore plat.

-Annie, ce truc comme tu dis, va être ton bébé. La chair de ta chair, ton propre sang. Je sais que ce n'était pas ce que tu voulais. Enfin, pas dans ces circonstances là, mais tu ne gâche pas la vie de ta famille. Dans un autre contexte, en effet, la réaction de tes parents aurait été différente, ils réagissent pour ta réputation ainsi que celle de votre famille, ne t'en fais pas ils vont se calmer. Tu as le droit d'aimer cet enfant tu m'entends ? Tu n'as pas à le détester seulement parce que tes parents ne pensent qu'à leur réputation.

J'ai l'impression d'avoir touché un point sensible. Je suis sûre d'avoir raison. Je connais assez Annie pour savoir qu'elle aime déjà ce bébé mais qu'elle réprime ses sentiments car sa plus grande peur est la situation actuelle : la déception qu'elle a pu lire dans le regard de ses parents la anéanti. Je la serre contre moi pendant un temps indéterminé. Aucune de nous deux n'ose placer un mot.

-Et toi avec Illian, comment ça se passe ? Me demande-t-elle après s'être redressée.

Je baisse les yeux vers elle. Sourire aux lèvres, je comprends qu'elle a vraiment envie d'entendre mon histoire.

-On va très bien, je venais presque te voir pour ça d'ailleurs.

-Comment ça ? Tu ne venais pas pour te moquer de ta cousine qui est enceinte à 18 ans et qui n'est même pas marier ?

-Ta tentative d'humour a échoué lamentablement, désolée de te l'annoncer, ricanais-je, sinon à propos d'Illian et moi, on a décidé de passer la nuit ensemble ce soir !

Elle se relève d'un seul coup pour me regarder le plus sérieusement du monde, puis me réponds d'un ton enthousiaste :

-Vraiment ? Ce n'est pas vrai ! Vous allez passer la nuit ensemble ? Et où dis-moi ?

-À l'hôtel Millénium, à la sortie de la ville. Il y a très peu de chance que quelqu'un nous reconnaisse là-bas.

Elle me serre dans ses bras, toute contente malgré ses yeux encore embués. Après quelques heures passées ensemble, je la quitte pour aller me préparer. À la nuit tombée, je pars enfin dans la direction de l'hôtel. Au loin je perçois Illian, déjà en train de m'attendre et les bras croisés sur son torse. Il me prend dans ses bras et m'embarque vers notre chambre. La chambre est incroyable. Illian s'approche de moi et nos souffles se mélangent lorsque ses lèvres viennent s'écraser contre les miennes. Ses doigts frôlent la peau dénudée de mes bras et atterrissent sur mon décolleté dans le dos. Il y trouve la fermeture éclair qu'il ouvre délicatement tout en m'embrassant dans le cou. La robe tombe à mes pieds et dans le même élan je lui retire sa veste et son haut gris anthracite. Le reste de nos vêtements suivent rapidement le même chemin. On passe la nuit à se prouver notre amour, lentement, délicatement, car cette nuit nous appartient. Elle a été la preuve qu'un tel amour existe : le nôtre. Plus d'encombres, plus de club, plus de parents, plus de réputation... rien que nous deux et toute la nuit pour exprimer ce que l'on ressent l'un pour l'autre. Nous ne formons plus qu'une seule âme, un seul corps. Je n'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi fort et d'aussi puissant pour quelqu'un.

Au petit jour je finis par m'endormir dans ses bras, je m'y sens chez moi. Puis soudain la porte s'ouvre avec fracas et je redescends très vite de mon petit nuage. Ma mère...mon père et... le révérend de notre village, tous en face de notre lit. Je me relève d'un coup et tire violemment sur les draps afin de couvrir ma nudité. Je cligne des yeux car j'ai du mal à y croire. Ma mère est prise d'horreur et le révérend me regarde d'un air accusateur, vulgaire. Je donne un coup de coude à Illian pour le réveiller. C'est en sursaut qu'il constate avec horreur ceux qui nous entourent.

-Je pense que vous allez avoir de gros problèmes jeune gens !                       

Love CursedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant