Love Cursed

Chapitre 16 (Illian 1955)

Je suis tiré de mon sommeil par un coup de coude. Encore engourdi après la formidable nuit que je viens de passer, j'ouvre les yeux et mon cœur se serre brusquement à la vue du révérend, de la mère et du père de Kaila qui nous fixent.

-Je pense que vous allez avoir de gros problèmes jeunes gens !

Le révérend nous regarde de manière accusatrice, tellement que je sens Kaila trembler à côté de moi. Je me rapproche d'elle pour passer mon bras autour de ses épaules afin de lui montrer que je suis là, mais sa mère pousse un hurlement et se précipite à côté d'elle pour lui agripper le bras tout en la forçant à se lever. Elle l'éloigne de moi et mon cœur vole en éclat. Toutes nos craintes se produisent en ce moment même.

-Je t'interdis de toucher ma fille plus que ce que tu l'as déjà fait, espèce de délinquant ! Je comprends mieux pourquoi je la trouvais changée. Ce n'était plus ma petite fille et c'est à cause de toi ! Tu te rends comptes que tu viens de lui gâcher la vie ? Comment peut-elle espérer un avenir avec un homme bien maintenant que tu l'as souillé ?

Je regarde Kaila, abasourdi par ces idioties. On a rien fait de mal. Je vois dans ses yeux de la panique et je ne peux la soutenir ni la prendre dans mes bras. Le révérend m'attrape par le bras pour me lever du lit à mon tour. De manière méprisante, il me regarde de haut en bas avant de sourire et de déclarer :

-Je ne t'ai pas beaucoup vu à l'église mon petit et pourtant je pourrais me souvenir de ces yeux entre mille, se sont bien ceux de ta mère. Une femme très pieuse, je n'ai jamais compris pourquoi tes grands-parents l'ont laissés se marier avec ton motard de père. Elle doit se retourner dans sa tombe en voyant tes actions ainsi que celles de ton frère.

Je lève le poing pour le frapper en plein visage. Que l'on s'attaque à moi c'est une chose, mais je ne peux pas supporter le fait que l'on s'attaque à ma famille. Mais je n'ai pas le temps de réagir, quelque chose me percute déjà le crane de plein fouet. J'ai à peine le temps d'entendre un cri horrifié que tout devient noir autour de moi. Je viens de perdre connaissance. J'ai mal à l'arrière du crâne et j'ai l'impression d'être soûl alors que je n'ai pas bu une seule goutte d'alcool. J'ouvre les yeux et tout me revient en mémoire. D'abord la nuit avec Kaila, puis la catastrophe au lever du jour. Je ne sais plus où je suis. C'est clair que j'ai quitté la chambre d'hôtel mais je ne reconnais rien autour de moi. Je sais juste que j'ai froid, et que je sens l'humidité s'enrouler doucement autour de mon corps. J'entends des bruits de pas et je vois le révérend s'approcher de moi, ou plutôt des barreaux qui m'empêche de sortir. Je ne les avais même pas remarqués jusqu'à présent.

-Enfin réveiller mon garçon.

Je le foudroie du regard. Je veux sortir d'ici. Je ne comprends même pas pourquoi je suis là d'ailleurs.

-Cessez de m'appeler comme ça. Pouvez-vous m'expliquer ce que je fais dans une cellule ? Et où est Kaila ?

Il claque sa langue. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar. Tout allait si bien, on avait tout prévu avec Kaila et maintenant, tout est en train de partir en fumée.

-Tu ne devrais pas t'inquiéter pour cette petite trainée mais plutôt pour toi mon garçon, tu risques beaucoup.

Je me lève et me lance sur les barreaux. J'ai envie de sortir d'ici pour pouvoir lui redonner un coup. Le dernier lui a laissé une belle trace violette sous l'œil. Je suis donc bien tenté d'équilibrer la chose en lui faisant pareil de l'autre côté, d'autant plus en entendant son rire moqueur alors qu'il me regarde en train de me débattre dans ce qui me sert de cage.

-Je vous interdis de dire que Kaila est une trainée, c'est vous qui ne comprenez rien ! On s'aime elle et moi, où est le mal ?

-Tu es bien naïf, mon petit. Ce que vous faites et ce que vous ressentez n'est pas de l'amour. C'est un péché, vous n'êtes pas fait pour être ensemble ! C'est cela qui vous a tenté. Vous vous êtes convaincus d'un amour qui n'était que l'amour du risque, la tentation d'enfreindre les règles et maintenant tu l'as souillé, tu as détruit sa vie. La tienne était déjà vouée à l'échec mais ce n'était pas le cas de la sienne !

Son regard de vipère transperce mes veines qui gonflent de colère. Je bouillonne de l'intérieur. C'est trop. J'en ai marre d'entendre ces idioties alors je tente tant bien que mal de me calmer. Des images Kaila défilent dans ma tête et m'aident. Puis je lâche les barreaux, mon regard toujours posé sur cet homme, quaternaire et vil. Je recule et finis par m'asseoir dans la cellule, ce qui semble lui plaire d'après son sourire espiègle.

-Mais on peut vous sauvez du mal, reprend t-il du même ton, tous les deux. Vous n'aurez que deux choses à faire : arrêter de vous voir bien évidemment... et vous oubliez, vous détestez s'il le faut ! On s'assurera de ne plus vous laissez seul. Tout ça est dans votre intérêt, ne l'oublie pas, c'est pour votre protection.

-Vous êtes en plein délire mon pauvre. Vous pensez vraiment pouvoir parvenir à vos fins? Obtenir ces deux conditions de nous ? Vous pouvez toujours rêver. Cette fille est tout pour moi, je ne la laisserai pas et encore moins aussi facilement.

Soudainement, il tape brusquement sur les barreaux qui nous séparent. Si fort qu'il me fait sursauter.

-Elle ne sera jamais à toi pauvre imbécile ! Nous avions conclu un arrangement avec ses parents, elle devait devenir mienne dans deux mois. Elle était à moi ! Tu me l'as volé et tu l'as ôté de toute pureté ! Écoute-moi bien maintenant, je vais te faire une promesse. Si je ne peux pas l'avoir, alors personne ne pourra. Je vous écraserez tous les deux. Retiens bien que vous avez signé votre perte !

Sans me laisser le temps de rétorquer, il fait demi-tour et s'en va. Complètement abasourdi, je laisse ma tête tomber contre le mur. J'aimerais voir Kaila pour lui montrer que je suis là pour elle... et que je crois encore en nous.