Chapitre 9 (Kaila 2020)

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Je ne me sens pas du tout à l'aise. Pour l'instant, il n'y a aucune photo de nous, ce qui ne m'étonne qu'à moitié. Mes parents ont dû jeter les miennes à la seconde même où ils ont appris ma trahison. Je suis plantée en plein milieu de la salle, mes jambes n'arrivent pas à bouger et du coin de l'œil je vois Illian parler avec Zoé devant une brochure. J'ai un pincement au cœur, il la regarde exactement de la même manière que moi au début de notre relation. Des bras s'enroulent autour de ma taille et je sens un souffle chaud chatouiller mon cou. Je me raidis immédiatement : je sais que ce n'est pas Illian.

-Tu m'as manqué ma belle.

Mon cœur loupe un battement. Cette voix rauque et brisée est celle d'Aaron.

-Je...t'ai...

Super ! Je n'arrive même plus à parler tellement ce garçon me déstabilise. Il me prend par la main et nous faisons doucement le tour de l'exposition. Il secoue la tête devant les brochures.

-Je ne comprends vraiment pas pourquoi Zoé est obsédée par eux.

-Eux ?

-Les amants. Elle est en adoration devant cette histoire. Encore plus que toi alors que se sont tes propres ancêtres, ou en tous cas tu as un lien de parenté avec eux.

J'avale difficilement ma salive. Si tu savais mon grand, j'ai plus qu'un lien de parenté avec eux. Tout ce qui est affiché ici ne m'apprend rien, bien entendu, jusqu'au moment où l'on passe devant une photo en noir et blanc que je ne reconnaissais pas.

-Tu sais qui c'est ? Lui demandais-je.

-Elle a été prise un an après leur mort. Des inconnues étaient venues déposer des fleurs dans le lac pour leur rendre hommage. Ils n'ont pas eu droit à un enterrement et encore moins à une tombe comprends bien.

Je ne peux pas m'empêcher d'être émue par cette attention. J'étais tellement en colère et j'avais tellement envie de faire souffrir les gens responsable de notre mort que je ne savais même pas que parmi eux se cacher des personnes bien intentionnées qui nous regrettaient. Je tourne la tête pour voir Illian et Zoé rigoler tous les deux dans un coin. Quand on les regarde, c'est à croire que plus rien n'existe autour d'eux. Ils sont seuls et ne voient pas le monde qui les entoure. Aaron capte mon regard et se penche à mon oreille tout en chuchotant :

-Ils ont l'air de bien s'amuser tous les deux, ils ne remarqueront pas notre absence.

J'ai envie de lui répondre que non, que je ne veux pas partir et que je ne veux pas non plus qu'ils s'amusent. Je veux qu'Illian rigole comme ça avec moi parce que c'est moi sa copine depuis 65 ans maintenant et qu'il n'y a eu que moi depuis. Je suis la seule dans son cœur, du moins je l'espère... Je me contente alors de serrer la main d'Aaron et de le suivre à travers le musée. Mon cerveau dit une chose mais mon cœur en dit une autre. On finit par sortir tous les deux discrètement pour nous installer derrière le musé où la circulation est plutôt calme. Aaron m'attrape le visage et il m'embrasse à pleine bouche. D'abord surprise avec une intuitive envie de le repousser, je n'y parviens pas et c'est plus fort que moi. Nos langues entament une danse sulfureuse et je réponds rapidement à son baiser, delà à pousser un gémissement plaintif qui me surprend moi-même lorsqu'il se détache de moi. Il pose son front contre le mien et tente de reprendre sa respiration.

-Tes lèvres m'avaient manqué.

Mon dieu, je me mords les lèvres pour ne rien dire. On a déjà fait ça... enfin lui et Léna ont déjà fait ça alors qu'elle sort déjà avec Marc. Des souvenirs s'imprègnent dans mes rétines comme un vieux film et... ils n'ont pas fait que s'embrasser. Cela me met mal à l'aise. Cette situation s'empire d'heures en heures. Je comprends mieux pourquoi tout à l'heure, dès que mon regard à croiser celui d'Aaron, plus rien n'avait d'importance : je me sentais attirer par lui. Léna trompe Marc et donc par la même occasion, je trompe Illian avec lui. Seigneur tout ça me donne mal à la tête :

-Dit moi, pourquoi tu restes encore avec lui ? me demanda Aaron.

Je suis vite ramenée sur terre par la voix d'Aaron.

-Quoi ?

-Tu m'as très bien entendu, pourquoi tu ne quittes pas Marc, Kaila ? Tu sais qu'il a des sentiments pour Zoé, et toi et moi on joue à ce petit jeu depuis deux ans maintenant, alors dit moi pourquoi vous accrochez encore l'un à l'autre ?

Ok, là j'ai vraiment le cœur au bord des lèvres et je risque de vomir à tout moment. La tromperie était notre plus grande peur à Illian et moi, et là... on m'annonce que je dois rester dans le corps d'une fille qui trompe son copain depuis deux ans ? Et qu'en plus de ça son copain fait la même chose ? On est même plus un triangle amoureux mais un carré a ce stade !

-Je ne le quitte pas parce que je l'aime.

J'ai l'impression de dire la vérité, mais que malgré l'attirance et les sentiments que peut éprouver Léna pour Marc elle aime aussi Aaron.

-Je sais que tu l'aimes mais tu es aussi attirer par moi, tu m'as donné cette excuse un milliard de fois mais je veux pouvoir être avec toi et arrêter de me cacher.

Je laisse échapper un ricanement. Quelle douce ironie : Illian et moi n'avons pas pu nous aimer au grand jour... mais Aaron et Léna non plus.

-Je sais et je le ferais un jour, mais pour l'instant je ne peux pas.

Il hoche la tête, maussade, mais me prend quand même dans ses bras. Là encore j'ai l'impression d'être chez moi. Mais j'ai peur. Et si les sentiments que Lena porte à ce garçon se confondait avec les miens ? Dans ce cas, tout serait fini. Ça serait la fin des amants maudis. 

Love CursedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant