Love Cursed

Chapitre 19 (Illian 2020)

Je me crispe légèrement quand je sens des bras s'enrouler autour de ma taille et des cheveux me chatouiller le nez. Je tourne la tête pour voir Zoé, enroulée nue autour de mon corps. Ce dernier réagit à sa proximité mais je secoue la tête de droite à gauche pour essayer de retrouver mes esprits. Je ne comprends pas pourquoi je suis encore là. Je devrais être dans le noir le plus complet mais au lieu de ça, le soleil me réchauffe et m'éblouit. Je décolle doucement Zoé de mon corps pour ne pas la réveiller et je m'empresse d'enfiler mes vêtements. Tellement concentré, je ne sens pas le matelas bougé et des mains viennent se poser sur mon ventre. Mes muscles se contractent.

-Tu pars déjà ?

La voix encore endormie de Zoé est un souffle chaud à mes oreilles. Je me lève du lit et la regarde le plus sérieusement possible.

-Oui, ce qui s'est passé cette nuit était une énorme erreur qui ne se reproduira pas d'ailleurs.

Elle passe sa main dans ses cheveux. À ce moment -là, je ne peux m'empêcher de penser à Kaila, ce geste lui ressemble tellement.

-Marc change de disque tu veux bien ? me rétorque-t-elle, tu m'as déjà dit ça la première fois et regarde où on en est.

Je tire sur mes cheveux, je suis complètement à bout. Je n'aurais jamais cru penser ça mais je préférerais être au purgatoire plutôt qu'ici. Je ne sais pas comment ce Marc fait — enfin a fait — pour ne pas se sentir coupable ou alors pour ne pas quitter Lena avant car cette souffrance... cette souffrance qu'ils s'infligent mutuellement est inhumaine et insupportable. Je n'aurais jamais pu infliger ça à Kaila de mon plein grès. Je sais que c'est les sentiments que Marc porte pour Zoé, qui me pousse à faire ça. Enfin je l'espère. Je me masse les tempes pour calmer ma migraine quand soudain je réalise quel jour nous sommes.

-Zoé, on est le combien aujourd'hui ?

-Le 14 pourquoi ?

J'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer normalement. Soixante-cinq ans jour pour jour, on nous faisait vivre la pire des souffrances pour une raison complètement ridicule. Il faut absolument que je retourne auprès de Kaila, elle doit être dans le même état que moi si ce n'est pire. Je m'avance vers la fenêtre pour sortir mais la voix de Zoé m'interpelle :

-Marc, pense à ce que je t'ai dit. Je ne te demande pas de choisir entre Lena et moi, mais ça fait un moment que vous courrez à l'autodestruction. Arrêtez de vouloir vous accrocher l'un à l'autre comme ça car vous allez vous brûler les ailes.

Je fais un léger mouvement de tête qui n'a aucune signification particulière. J'ai d'autres choses en tête pour le moment. Je me dirige vers la maison de Lena qui se trouve exactement au même endroit que celle de Kaila dans la passé. Toutes ces coïncidences me donnent la chair de poule. Je frappe à la porte et j'ai un choc en voyant la copie conforme d'Annie, m'ouvrir.

-Oh Marc je ne savais pas que Lena t'attendais si tôt, tu peux monter elle est dans sa chambre.

Je marmonne un merci. Je suis tellement désarçonné que je n'arrive pas à aligner plus de deux mots. Kaila est effectivement dans sa chambre en train de faire les cents pas. Quand elle m'entend rentrer, elle s'approche de moi pour me prendre dans ses bras. Après quelques minutes de réconfort, elle s'écarte et me frappe violement le torse avec ses poings, comme si elle venait de se rappeler de quelque chose.

-Tu étais où bordel ? Et ne me dis pas que tu étais allé faire des recherches parce qu'on sait tous les deux que c'est totalement faux, alors vas-y, je te laisse une autre chance de me dire la vérité cette fois.

Je baisse les yeux et constate un bandage autour de ses doigts. Je tends le bras pour prendre sa main délicatement.

-Tu peux me dire ce qui t'es arrivé ?

Elle se dégage vite et me lance un regard noir.

- Rien, réponds à ma question plutôt.

-J'étais juste parti faire un tour, j'avais besoin d'être seul pour digérer tout ça.

En disant cette phrase, je ne pouvais pas la regarder droit dans les yeux. Sa respiration s'accélère alors et des larmes coulent sur ses joues. Elle me regarde, complètement dégoutée.

-Mais qui es-tu ? Illian ne m'aurait jamais menti de la sorte. Je sais que tu étais chez Zoé. Aaron m'a envoyé un message à la seconde où il t'a vu.

C'est à mon tour d'être en colère, alors que je sais que je suis en tort dans cette histoire :

-Aaron vraiment ? Pourquoi ça ne m'étonne même pas ?

-Là n'est pas le problème ! Lui au moins a fait preuve de franchise envers moi, c'était juste un message pour me dire que mon mec était sur le point de me tromper. Tu as couché avec elle je suppose ?

-Mais tu te crois bien placé pour me faire une leçon de morale ? Tu penses peut-être que je n'ai pas remarqué tes lèvres gonflées et le rouge à lèvre sur celles d'Aaron hier ? Toi aussi tu m'as trompé.

-Est-ce que tu as couché avec elle ?

Elle a prononcé ces mots avec un calme alarment. Face à la réalité, je prends une grande inspiration et plonge mes yeux dans les siens.

-Oui, j'ai couché avec elle.

Elle porte sa main à sa bouche et commence à trembler. Je m'approche d'elle pour la calmer mais elle recule aussitôt. Je ne peux le nier, ce geste je le comprends mais il me fait mal.

-Ne m'approche pas !

Elle me toise du regard et reprend plus calmement :

-J'ai laissé Aaron m'embrasser hier, en effet, mais jamais de la vie je n'ai pensé aller dans son lit. Je n'ai même pas répondu à ses avances. C'est toi l'homme que j'aime, mais je me rends compte que tu as été lâche hier soir, parce que toi tu as cédé. La situation est compliquée, je le sais t'en fais pas, mais je pensais que notre amour était plus fort que tout ça. En fait, je me suis trompée. Alors maintenant, je veux que tu sortes de cette maison. C'est fini, je ne veux plus te voir, tu es allé trop loin Illian.

Je ne veux pas lalaisser, et encore moins comme ça alors je tente une dernière approche, mais jebaisse les bras aussitôt quand je la vois se recroqueviller sur elle-même. Medirigeant vers la porte de sa chambre, je l'ouvre et pose un dernier regard à sonintention, qu'elle ne verra jamais car son regard est rivé au sol, dos à moi.Nous n'avons même pas parlé de cette journée qui s'annonce d'autant pluscatastrophique.