7-Mon enfer

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-Je suis en haut ! Viens !

La voix étouffée par la distance de son amie lui parvint alors qu'elle s'égosillait pour trouver un être vivant dans l'immense manoir Malfoy.
Montant les marches quatre à quatre, en faisant voler sa cape noire sur son passage et laissant un bruit familier de robe froissée derrière elle, Victoria arriva dans une grande chambre spacieuse, où la lumière bleue régnée, apportée par des vitraux représentant trois nymphes, voilées de longs draps blancs cachant leur corps maigrelets.
Narcissa était assise au centre de la pièce, à même le sol, entourée de dizaines de cartons, tous à tailles différentes.

-Entre Vi ! Je trie les habits pour bébé que ma mère m'a donné, lui criât la voix littéralement hystérique de bonheur appartenant à son amie. 

Victoria se mordilla la lèvre inférieure, si son amie lui avait avoué sa grossesse il y a deux mois déjà, elle, n'avait toujours pas trouvée le courage de lui parler de la sienne. Cela ne devrait plus être pour longtemps, pensât-elle en regardant son ventre qui commençait légèrement à prendre une forme.

-Super ! Je peux t'aider ?
-Bien sûr, Lucius m'a déjà aidé avec les gros cartons. Tiens prend celui de gauche. Elle tendit son doigt vers un petit carton marron regorgeant de bavoirs, de chaussons ainsi que de quelques body.

Toute deux restèrent assise pendant de longues minutes, à trier, avec application, les vêtements pour nouveaux nés. Parfois elles discutaient, s'échangeant des nouvelles, quelques potins, occupaient leurs esprits en se remémorant des souvenirs de Poudlard.  Mais lorsque le silence s'abattait sur la pièce Victoria ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde tristesse en elle, Regulus ne l'aiderait jamais à trier les vêtements de leur enfant, il n'en connaîtrait même pas l'existence.                                                                                                                                 
La perte de l'homme qu'elle aimait devenait de plus en plus lourde, et contrairement à ce qu'on lui avait dit le temps n'arrangeait rien.                                                                                      Elle avait encore perdu du poids. Elle n'arrivait plus à manger et le peu qu'elle ingérait était seulement pour nourrir l'enfant qui grandissait en elle. Evans voulait qu'elle aille voir un medicomage pour suivre une « thérapie » qui pourrait lui permettre d'aller, sois disant, mieux. Qu'elle connerie, pensât-elle, et qu'elle ironie que ce soit Rosier qui lui propose ça. Elle voyait bien que l'ancien Serpentard ne tenait plus qu'à un fil, cachant sa peine sous de l'humour noir, menaçant à tout instant de s'effondrer.

-Vi ?
-Humm ? Fit la concernée sans pour autant relever la tête de son carton.
-Regarde-moi.

Intriguée la jeune femme leva la tête pour rencontrer les traits angéliques du visage de son amie, tirés par l'inquiétude.

- Déshabille-toi !
-Quoi ? Mais- ?

Sourde aux protestations de son amie, Narcissa l'obligea à se lever et lui retirât sa robe en la poussant brusquement vers l'immense miroir qui trônait dans la chambre. Quand elle rencontrât son reflet en sous-vêtements elle ne put retenir quelques larmes de couler. Ses omoplates donnaient l'impression que sa peau allait se déchirer sous leur pression, ses bras, eux, ne faisaient plus que la moitié d'un tour de doigts. Ses grands yeux bleus étaient injectés de rouges tel qu'on n'aurait pu la confondre avec une toxicomane, tandis que d'immenses cernes violets s'étendaient indéfiniment en dessous. Ses cheveux roux, d'habitudes si soyeux, étaient plats, mal peignés, et sales. Soudain elle détournât le regard, prise de colère. Elle voulait briser le beau miroir, briser les vitres bleutées, briser tout ce qui serait susceptible de lui renvoyer à la face à quel point elle s'était laissée sombrer. La honte la submergeât, redoublant ses larmes, et de nouveau la voix intarissable de sa mère revint la hanter. « Quelle honte tu me fais Victoria ! Tu me déçois tellement. Moi qui te pensais forte et digne d'être une Willeur...je m'étais trompée, tu n'es rien d'autre qu'une pauvre petite chose fragile.»

-VICTORIA !

Narcissa avait, dans un élan de panique, hurlé pendant qu'elle attrapait son amie par les épaules, la secouant de façon qu'elle sorte de sa léthargie. La lumière de lucidité finit par revenir peu à peu dans ses yeux bleus tandis que ses sanglots se calmaient.

-Narcissa...murmurât-elle entre deux hoquets.
-Je sais Victoria, je sais.

Non elle ne savait pas. Elle ne savait pas ce que c'était que de se réveiller toutes les nuits, les yeux rouges d'avoir trop pleuré, pour descendre devant sa porte ne pouvant s'empêcher de vérifier s'il était revenu. Elle ne connaissait pas l'angoisse de ne pas véritablement savoir ce qui lui été arrivé. Elle ne connaissait pas non plus l'espoir vicieux qui la poussait à espérer qu'il soit encore en vie. Mais de tout ça elle ne lui dit rien comprenant que son amie faisait seulement son possible pour l'aider. Alors malgré cette gentillesse qui lui donnait envie de hurler elle restât dans ses bras, se laissant bercer, tentant d'oublier combien ce monde était cruel.

je vous avoue que même un mois après l'avoir écrit je suis encore un peu septique sur ce chapitre, je ne sais toujours pas trop quoi en penser 👀
GIOVANA☕️

ta dákrya mas épnixanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant