Chapitre 2 ; Histoire ancienne

46 2 0
                                    

Douce soirée de printemps. La température a été agréable et chaude aujourd'hui. Pendant que je me promenais, j'ai observé tout ce qui se déroulait. Les gens ont pris leurs crèmes glacées, les enfants se sont amusés dans les parcs, les parents ont discuté de leurs occupations avec leurs confrères ; c'était joli à voir.

(...)

Et voici la dernière! 10 boîtes bien remplies et assez lourdes. Je les regarde et je réalise qu'elles sont parmi les seuls souvenirs heureux que je garderai de cette demeure. C'est une joie amère que je ressens en ce moment. Autant j'aimerais rester et croire qu'un nouvel environnement sain pourrait y naître, autant j'ai une envie pressante de déguerpir de ce lieu et tout laisser en arrière. Mon frère et ma soeur l'ont fait non? Alors, pourquoi pas moi? Ils sont heureux loin de tous, enfin, je crois? Peu importe.

*Bruit de klaxon*

Les voici.

-Maman? J'y vais.

-Ma chérie...Oh!

Maman se lève du sofa, s'avance vers moi et me serre dans ses bras. Bizarrement, je n'ai aucune larmes qui me montent aux yeux. Mon coeur est parfaitement serein. C'est le temps de vivre une vie heureuse, sans avoir à subir les conséquences des mauvaises actions d'une personne en particulier. Ce câlin signifie un adieu mais également une marque signifiant la fin d'un chapitre et le commencement d'un nouveau. Sera-t-il le plus beau ou le plus pire jamais vécu? Seul Dieu sait.

-Tu vas me manquer ma chérie.

-On s'appellera par Facetime.

-Oui...oui. Tu vas venir nous visiter?

-Maman...je ne connais même pas ton homme. En plus de ne pas le connaitre, tu t'en vas vivre avec lui à 800 kilomètres de moi...

-Nyah, je n'ai pas le temps de recommencer à me justifier.

-Bien sûr, tu n'as jamais le temps pour m'entendre.

-Nyah, je t'en prie.

-Tu mérites une vie heureuse comme tu disais et je te le souhaite maman. J'espère uniquement que cet homme vaut assez la peine pour immigrer dans un autre pays loin de ses enfants.

-Il en vaut la peine.

-Une dernière chose maman, peu importe si j'étais divorcée, jamais je n'aurais laissé un homme mettre mes enfants en troisième position. Jamais.

-NYAH! VOUS N'ÊTES PAS EN TROISIÈME POSITION! Que dirais-tu de ton père?

-Maman, je suis venue te dire au revoir. Mes amis sont là.

-Tu adorerais Vince. Il est un homme formidable. Je tiens vraiment que tu le rencontres ma chérie.

-Dans les derniers six mois, il avait tout le temps du monde pour venir nous visiter. Il n'est jamais venu.

-Tu sais qu'il est très occupé.

-Oui mais pas assez occupé pour toujours te faire voyager et bientôt te marier. Bref, je t'aime, bon mariage et bonne continuité maman.

-Tu sais Nyah... ceci me peine énormément qu'aucun de vous trois allez assister à mon mariage. Votre père s'est remarié, vous y étiez, heureux pour lui. Moi, je ne mérite aucun support de votre part. Ce n'est pas juste.

-Papa a été en thérapie et nous a introduit Haylee depuis qu'elle n'était qu'une amie pour lui maman. Tu sais très bien que tout le contexte ne ressemblait aucunement au tien.

*Bruit de klaxon*

-Je dois y aller. Maman, sache que je t'aime et je souhaite que tu guérisses.

-Je suis guérie.

Je regarde ma mère avec pitié. Je n'ai plus l'énergie d'essayer de la faire comprendre que son être a besoin de guérison. Maintenant, il s'agit de l'adieu final et Dieu se chargera du reste.

-Au revoir maman.

Je lui donne un bisou sur la joue. Je vois que les larmes lui montent aux yeux mais, sont-elles sincères?

Je quitte la maison et rejoins la camionnette au bas de l'allée.

(...)

Mes amis sortent de la voiture afin de disposer les boîtes de déménagement dans le coffre.

(...)

-Soeurette s'en va dans la cour des grands maintenant!

-Mmm...

-Ça ne va pas?

-Ça va aller. Merci J-P.

J-P. Le frère que Dieu m'a donné pour remplacer celui que j'ai biologiquement. J-P a toujours été une figure masculine qui m'a servi de guide dans plusieurs décisions que j'avais à prendre au cours de ma jeune vie. Il est très protecteur comme si j'étais biologiquement sa petite soeur. Par moment, c'est agaçant mais je n'échangerais jamais cet amitié. Il a toujours une oreille disponible quand je dois lui faire part de tous types d'événements qui surgissent dans ma vie.

-Faites vite! On a une heure trente de trajet à entamer. En plus, on doit décharger le camion arrivé là-bas.

-Oui chef!

Ah, Allie, ma jumelle complémentaire comme je la surnomme. Elle, personne ne peut lui marcher sur les pieds. Elle n'est que quelques centimètres plus petite que ma taille, mais on dirait qu'elle est six mètres plus haute tellement que son caractère est fort. Elle a un coeur en or mais, avant que tu atteignes ce côté doux, il y a un processus qu'elle va te faire passer. Des fois, je me demande comment nous avons fait pour être aussi proche tellement que nos mondes ne se ressemblent pas. Je l'aime de tout mon coeur cette fille. J-P est protecteur, Allie est surprotectrice. Surprotectrice au point qu'on se chamaille pour qu'elle me laisse de la liberté avec les gens qu'elle ne connait pas. Je ne l'imagine pas avec ses futurs enfants!

-Tu as tout emballé? Allie va pèter un câble si on doit faire demi tour Ny.

-Tout est emballé! (*rire*)

-Allons-y maintenant, il est 19h00. À 23h00, je dois être dans mon pyjama de flanelle avec mon cache-yeux bleu et mon purificateur d'air aromatisé à la lavande.

-Tu es tellement bourgeoise, Allie, c'est malade!

-C'est ça prendre soin de soi Ny! Tu es bourgeoise, à tes heures, aussi.

-Pas autant que toi! (*rire*) Bon, allez, c'est le moment du départ.

Je regarde la maison une dernière fois. Je lance la main à ma mère qui nous regarde par la fenêtre en guise d'adieu définitif. Cette maison où la joie a été connue et où la tristesse a été trop longuement abordée. La maison de mon enfance, mon adolescence et du début de ma vingtaine. La maison à qui je dis adieu dans des circonstances qui ne sont pas les plus plaisantes. Les larmes me montent cette fois. Des souvenirs de nous cinq me remontent à l'esprit. Là où les premières fois ont pris naissance, les soirées de compétition entre papa, maman et nous trois pour savoir qui devait aller faire la vaisselle après le souper, les moments de confession du premier amour de Jenae à papa qui était prêt à emprisonner le garçon qui a séduit le coeur de sa première fille chérie. Ah, cette maison a eu du vécu. C'est le temps de tourner la page Nyah, c'est le temps de tourner la page...Dans une heure trente, tout ceci sera histoire ancienne.

Je me retourne vers J-P et Allie avec un sourire avec les larmes qui coulent sur mon visage. Ils me regardent avec confusion.

-Ça va cocotte?

-(Grande respiration) Je suis prête!

-En es-tu sûre?

J'hoche uniquement la tête avec douceur tout en laissant mes larmes couler. Ce chapitre de ma vie est maintenant fermé. Je ne regarderai pas en arrière. C'est le temps de chérir tous les moments qui suivront cette étape. Oui, c'est le temps.

Destinées complètesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant