Chapitre 11; Changement drastique

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5 juin, 03:30 a.m, chez Manny

Je n'arrive pas à fermer l'oeil. Ça fait déjà deux semaines que je n'ai aucune nouvelle de Bandz, je n'y comprends rien. Il était supposé me téléphoner depuis notre dernière conversation mais rien. Oh et c'est hors de question que j'écris à Chelsea. Il va finir par me répondre je pense...

Ma tête tourne, sans cesse, depuis un bon trois heures déjà. Le temps avance, la décision professionnelle doit être prise dans moins de deux semaines, mon meilleur ami commence à disparaître du décor, je n'aime pas tout ça. Bon, allons marcher.

Je me lève de mon lit, enfile une paire de joggings munie de chaussettes courtes et ma veste anti humidité. Je vais à l'entrée pour enfiler mes souliers de course, prends mes clés et mon téléphone et sort de chez moi. La température est chaude et sèche, c'est agréable. Tout le voisinage est endormi, il n'y a absolument aucun son.

(...)

Les marches noctures sont un moyen de me vider de mes pensées stressantes et procéder à des prises de décisions rationnelles et réfléchies. J'ai pris cette habitude depuis le jour où j'ai dû vivre par moi-même après que mon père m'aie mis dehors de la maison. N'avoir aucune personne sur qui s'appuyer appart soi-même, tu n'as pas le choix de trouver tes propres repères et solutions. Ah maman... tu me manques tellement. Malgré que je ne t'ai pas connu pour beaucoup d'années, je me souviens de ton caractère chaleureux, compréhensif et tendre. Que tu me manques...

Ma mère était mon héroïne. J'ai été choyé de l'avoir, avec moi, jusqu'à mes 10 ans avant que la vie devient très amère. Je me souviens comme si c'était hier.

Nous étions tous en voyage familial, mes parents, mon frère et moi, tranquille et heureux. C'était la relâche scolaire, toutes les familles étaient au lieu de vacances, je m'étais fait tellement d'amis cette semaine là, wow. Mon frère, antisocial qu'il est, a pu profiter en lisant ses livres sur la chaise berçante de plage, à l'abri des regards inconnus. Mon père aimait toujours, mais quand je dis TOUJOURS , socialiser avec les autres bedonnants de la plage sur des sujets de construction malgré que c'est la dixième conversation de la journée sur ce même thème. C'était rendu qu'on le reconnaissait dans l'aéroport comme s'il était une vedette. Qu'il se sentait fier hahaha! Et ma maman chérie, ah oui, elle, la maman de la plage. Ses journées étaient comblées par le simple fait que ses deux garçons et son mari soient avec elle et s'amusent à leur façon. Toujours son Daquiri aux fraises en main, bien alcoolisé, elle était la femme la plus heureuse sur terre.

Et, en un instant, ma vie a chamboulée drastiquement. La journée était calme et amusante, tout le monde s'amusait dans l'eau, sur la plage, partout. Et puis, je vois un grand groupe de motards débarquer sur la plage, des cris retentissent, les gens commencent à s'agiter et courir, des coups de feu se font retentir, on n'y comprends plus rien. Les gardiens de plage alertent les policiers tout en essayant de menacer les fouteurs de trouble, mais ça tourne à la bagarre d'hommes. Un film d'horreur commence. On entend d'autres coups de feu et je vois, au loin, des gens qui s'effondrent à terre et des marres de sang commencent à colorer le sable. Maman crie et nous prend instantanément par les bras, mon frère et moi, et indique à papa de prendre les effets personnels et courir avec nous.

On court de toutes nos forces, mon frangin est apeuré et pleure, je ne comprends toujours rien de ce qui est entrain de se passer. Les sirènes des voitures de police commencent à se faire entendre, les cris des vacanciers, pauvrement attaqués sur la plage, font des échos, d'autres coups de feu se font retentir. Mes oreilles sont entrain de saigner par ce que j'entends derrière moi et c'est à ce moment que j'entends le cri que je ne voudrais plus jamais entendre de ma vie entière.

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