Chapitre XIII : La Maison de l'Horreur - La Salle des Tortures -

3.3K 198 97
                                    

Harry venait à peine de refermer la porte qu'une obscurité opaque vint l'enlacer. Alors qu'il se serait très certainement attendu, en temps habituel, à réagir très mal à cette noirceur, à cette impression d'étouffer, de suffoquer alors que rien n'était visible autour de lui, il accueillit cette sombre amante presque avec délectation. Cette ambiance seyait particulièrement bien à son humeur… Ne venait-il pas, après tout, de passer de paradis à enfer en à peine quelques secondes… Ne venait-il pas de perdre à tout jamais cette créature qu'il avait cru apercevoir tel un ange, un ange dégageant une lueur si douce ? Ne venait-il pas de redécouvrir le démon qui se cachait si bien sous ces traits angéliques ? Ne venait-il pas de prendre conscience du mirage auquel il avait osé croire durant un instant, une illusion amère de ce qu'il avait toujours désiré au plus profond de lui ? Cet ange, ce démon aux traits si doux et si tentateurs n'était pas pour lui, ne voulait pas de lui…

Harry aurait été prêt à faire de très nombreuses concessions pour ce démon, il aurait été prêt à faire de nombreux sacrifices pour voir, ne serait-ce qu'un court instant, ses traits et son cœur se mouvoir à l'unisson, faire de lui son ange, malgré son ascendance démoniaque… Mais tout ceci n'était qu'illusion amère, un rêve irréalisable, un songe furtif qui s'évaporait aux premières lueurs du jour…

Il s'appuya contre la porte close et resta un long moment à fixer ses pieds, enfin l'endroit où ses pieds devaient très certainement se trouver, et qu'il aurait pu voir s'il n'y avait eu qu'une once de lumière dans cette pièce. Mais l'obscurité était une « amie » fidèle, et elle lui offrait le luxe de ne pas avoir à faire face à cette dure réalité qui s'imposait à lui en cet instant. Elle le laissait seul face à sa rage et à sa peine grandissante. Il se sentit déçu, profondément trahi… Il sourit, las, à cette constatation. Il se rendait bien compte qu'il avait été stupide d'y croire… Car il y avait cru ! Il avait cru que Malefoy pouvait être quelqu'un de fragile, quelqu'un qui avait besoin de son aide et de son affection. Et lui, pauvre fou, il lui avait donné tout ce qu'il demandait sans même y réfléchir. Bien sûr, son corps parlait pour lui, et il ne pouvait dénier l'attirance physique et l'attraction qu'exerçait le petit blond depuis qu'ils étaient entrés dans cette foutue bicoque hantée !

Mais il fallait qu'il oublie tout cela. Qu'il oublie à quel point le corps de Malefoy pouvait l'attirer, à quel point les yeux de Malefoy pouvaient lui faire perdre les sens dans un désir de possession voluptueuse, à quel point ces lèvres charnues, rehaussées en cette petite moue orgueilleuse, ne demandaient qu'à être embrassées, oublier ce parfum de tilleul, qui, à lui seul, l'envoûtait comme le plus délicieux des aphrodisiaques.

Drago Malefoy n'était rien d'autre qu'un jeune homme, certes des plus appétissants, mais aussi des plus repoussants. C'était un adolescent égoïste et mauvais au plus profond de sa chair. Il ne pourrait jamais être changé et resterait très certainement jusqu'à son dernier souffle cet être abominable que Harry avait eu le temps de découvrir au cours de ces sept dernières années. La personne que Harry avait cru entrapercevoir durant le courant de l'après-midi n'existait pas, c'était une plaisanterie que son esprit avait bâtie de toute pièce, une image qu'il désirait tant être réelle, une illusion dont il avait tant besoin… En prendre conscience de manière si brutale était très douloureux, surtout quand on se rendait à l'évidence que ce que l'on voulait tant n'existerait jamais. Cette constatation blessa Harry bien plus qu'il ne l'aurait jamais cru possible.

Le jeune sorcier se renfrogna. Il se souvint de la sensation de cette main qui s'abattait sur son visage. Cette main qu'il avait tenue, cette main qu'il avait chérie durant un cours instant. Il se sentait trahi comme jamais… Mais comment avait-il pu seulement croire que Malefoy était cette créature angélique qui l'ensorcelait comme aucune autre magie ne l'avait fait ? Comment avait-il pu laisser Malefoy s'approcher si dangereusement de son cœur ? Comment avait-il pu laisser sciemment ce serpent répandre son venin dans ses veines ? Ce venin qui se distillait à présent dans tout son être, qui le paralysait, qui le dévorait ?

La Maison de l'Horreur // Drarry\\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant