5- Qui te paie pour me ramener ?

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Après notre discussion de la nuit dernière, les deux garçons sont allés à la réception de l'hôtel pour louer la chambre voisine à la mienne. Ce matin avant que nous commencions officiellement notre alliance – pour combien de temps, ça je n'en sais rien – je rappelle clairement les règles en insistant bien sur leur importance.

— Je ne le quitte pas des yeux, pas une seconde. Vous faites ce que vous voulez, tant qu'il reste vivant, sinon je ne serais pas payée. Et si on veut être à Brooklyn pour l'échange, on doit partir dans deux heures. Alors essayez de faire vite.

— Compris, princesse, répond Bucky le regard dur.

La seconde suivante mon poing percute sa mâchoire avec force, et sa tête se tourne d'un coup sec avant qu'il passe la main sur sa joue, un sourire cynique sur le visage.

— Je ne rigolais pas quand je t'ai dit d'éviter les surnoms. La prochaine fois, je viserai la gorge.

— Je l'aime bien ! s'exclame alors Sam en riant.

— Bon, grommelle Bucky, au travail.

Les deux garçons hochent la tête, puis Bucky va chercher Connor dans la salle de bain. Il détache ses menottes un instant pour venir les rattacher au pied du lit de ma chambre. Bingley est maintenant assis sur le sol, adossé au bout du lit, à peine réveillé. Il lève alors la tête vers nous, nous regarde attentivement tous les trois, puis se met à rire.

— La demoiselle a appelé des renforts, apparemment.

— Je te conseille de garder tes réflexions pour toi, lui dit Sam, si tu ne veux pas recommencer à faire dodo dans la seconde. Elle est déjà énervée, alors...

Un nouveau rire s'échappe de la gorge de Connor. De mon côté je regarde les deux garçons en bougeant un peu la tête, l'air de dire « alors, vous attendez quoi ? ». Finalement Sam fait un pas en avant. Il s'accroupit en face de Connor et penche un peu la tête.

— Dis-moi Connor, et si tu nous parlais de ton patron ?

— Mon patron ? demande-t-il avec un semblant d'innocence. J'ai pas de patron.

— Hm... je vois, soupire Bucky. Bon alors, il ne nous sert à rien. Peut-être qu'on devrait l'enfermer dans la salle de bain une deuxième fois, et... vous savez, partir.

Connor regarde Bucky d'un air noir, et je comprends que ce n'est pas ce qu'il veut. Je ne suis cependant pas certaine qu'il accepte de dire quoique ce soit. Mais alors, j'ai une autre idée.

— Tu sais que des gens veulent ta peau, pas vrai ?

Sam et Buck se tournent vers moi, mais tentent de ne rien laisser transparaitre. Les parents divorcés ne doivent jamais montrer leur désaccord devant les enfants. Alors, je poursuis.

— J'ai été payée, et payée très cher, pour te ramener à quelqu'un qui te cherche. Et bien sûr, je dois te ramener... mort ou vif. Tu sais ce que ça veut dire, non ? J'aime pas trop éliminer les gens comme ça, sans raisons. Mais si tu nous aides pas, ça pourrait me brancher.

Connor me regarde, l'air de chercher à savoir si je suis sérieuse ou non. Après quelques instants, il semble estimer que oui.

— Qui ? demande-t-il. Qui te paie pour me ramener ?

— Ça, ça ne te regarde pas. Bon écoute, Connor, je vais aller m'acheter un truc à manger dehors. Les garçons vont s'occuper de toi. Et s'ils n'ont pas eu ce qu'ils veulent quand je reviens... eh bien, on avisera.

Ce après quoi, je me dirige vers la porte de la chambre sans un regard en arrière et m'infiltre dans le corridor mal éclairé de cet hôtel de seconde zone. Juste avant de refermer la porte, je peux entendre Sam murmurer :

— Incroyable. 

L'univers de Joy - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant