L'univers de Joy - Tome 1

6- Si tu m'appelles par mon nom

Me voilà arrivée devant le distributeur. Je me demande depuis combien de temps ils n'ont pas changé les snacks, là-dedans. La machine est toute poussiéreuse et les rouleaux de métal qui font bouger les aliments sont tous rouillés. Peu importe, j'ai déjà dû me nourrir de pire que ça. Mais alors que je me baisse pour récupérer la gaufre au chocolat que le distributeur fait glisser pour moi, j'entends des pas dans mon dos et me retourne d'un air vif, en position de défense, prête à agir. Quand je vois qui c'est, cependant, je lâche un énorme soupir de mécontentement.

— Qu'est-ce que tu fais là, Barnes ?

Celui-ci me regarde les sourcils froncés, comme... disons, tout le temps depuis que je l'ai vu la première fois. Vraiment, il m'a l'air d'être l'opposé de Sam.

— Alors ? répète-je. T'as laissé Sam seul avec Connor ?

— Ils sont en train de parler, dit-il d'un air las. Ils peuvent survivre deux minutes sans moi.

— Qu'est-ce que tu viens faire là ?

Il pointe le distributeur du menton.

— Tu crois que t'es la seule à avoir besoin de te nourrir ?

— J'en sais rien, réponds-je en haussant les épaules, peut-être que tes super pouvoirs te permettent de vivre sans manger. Comme une espèce de monstre immortel.

— C'est pas drôle.

— Être drôle n'était pas mon intention.

Je récupère ma gaufre au chocolat et laisse ensuite le libre passage à Bucky, me contentant de hocher la tête avant de partir en direction de la chambre. Juste avant ça cependant, je sens son bras métallique m'attraper et je me tourne vers lui d'un air énervé.

— Quoi, encore ?!

— Si tu m'appelles par mon nom, me dit-il, je veux connaître le tien. Alors vas-y, dis-moi : tu es qui au juste, hein ? Parce qu'à part un prénom, tu ne nous as rien dis sur toi.

Je lance à Bucky un regard froid, un regard glacial même. Il a l'air ébranlé, rien qu'une seconde mais tout de même, puisqu'il se recule légèrement et fronce les sourcils. Je secoue le bras pour qu'il me lâche, et repars cette fois définitivement en direction de la chambre.

— J'ai pas de nom à te donner. J'ai pas de famille. Je m'appelle Joy, et c'est tout.