2- Demain soir, 23 heures

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L'homme que j'ai chassé et moi-même avons roulé plusieurs centaines de kilomètres avant de nous arrêter. Désormais nous faisons un arrêt dans un petit hôtel miteux en bord de route, avant que je ne le ramène à ceux qui me l'ont demandé. Je ne sais pas vraiment qui ils sont, ni même qui est celui que j'ai attaché au robinet de la salle de bain, dans la pièce d'à côté. Tout ce que je sais, c'est qu'il vaut beaucoup d'argent. L'homme au téléphone m'a dit qu'en échange de gars, il me donnerait « tout ce que je veux ». Autrement dit, plus besoin de travailler pendant quelques temps.

Je sors mon téléphone prépayé de ma poche et y tape le numéro qu'on m'a donné. Après trois sonneries, mon interlocuteur décroche et garde le silence le plus complet.

— J'ai récupéré le paquet. Donnez-moi le lieu et la date.

— Demain soir, entends-je à l'autre bout du fil, vingt-trois heures. Sous le pont de Brooklyn.

Brooklyn est à plusieurs heures de route, autant dire que je vais avoir une nuit plutôt courte. Cependant je ne rechigne pas.

— Très bien. À demain.

Après cela, je me dépêche de raccrocher et repose le téléphone sur la table devant moi, avant de m'approcher de la porte de la salle de bain pour y jeter un coup d'œil. Le gars s'est endormi, la tête contre la baignoire. Je devrais pouvoir quitter la chambre une minute ou deux. J'ai vu un distributeur dehors, sur le parking. Peut-être qu'ils ont des gaufres au chocolat.

Après avoir vérifié une dernière fois que les menottes de l'homme sont bien serrées, je quitte la chambre en fermant la clé derrière moi. On ne sait jamais. Je longe ensuite le couloir, descends les quelques marches qui me séparent de l'extérieur et m'approche du parking. Le distributeur n'est plus très loin. Je devrais...

D'un coup, je m'arrête. Sans avoir besoin de tourner la tête, je sais avec la certitude la plus absolue : il y a quelqu'un derrière moi. Très bien Joy, agis vite.

Je continue de marcher comme si de rien n'était sur quelques mètres, avant de me retourner d'un coup sec en balançant mon pied dans les hauteurs. Mon agresseur attrape ma jambe en plein vol, la retourne et manque de me faire perdre l'équilibre. Mais j'ai de la ressource ; je m'approche de lui et place mes deux jambes de part et d'autre de sa tête, avant de les retourner dans un geste rapide et précis. L'autre tombe à la renverse mais lui non plus ne semble pas vouloir abandonner, car il m'entraîne avec lui dans sa chute. Le combat continue et après quelques secondes, j'arrive à me mettre à califourchon au-dessus de lui, ma dague fétiche à deux centimètres, pas plus, du milieu de son front. Alors, à cet instant, je prends quelques microsecondes pour le regarder. Il ne peut plus bouger, et il le sait. Alors il se contente de me regarder de ses yeux sombres et de ses sourcils froncés. Je penche légèrement la tête, la dague toujours à quelques centimètres de son crâne, et je finis par sourire d'un air malicieux.

— Bonsoir, monsieur Barnes. Je suis ravie de te rencontrer. 

L'univers de Joy - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant