18- La petite orpheline chasseuse de primes

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La nuit est tombée dans le monde de Xandar et, adossée à la rambarde sur le balcon du dernier étage, je profite de ce moment de calme pour prendre conscience une nouvelle fois de l'aventure que je suis en train de vivre. Joy, la petite orpheline chasseuse de primes, à Xandar. Jamais je n'aurais pu imaginer vivre une telle chose un jour. Alors même si j'ai l'impression que cette Renée est une menace qui risque de nous tomber dessus à chaque instant, je prends le temps de respirer un peu d'air frais.

Pourtant au bout d'à peine quelques minutes de calme, ce petit moment rien qu'à moi est largement perturbé par des bruits de pas dans mon dos. Ça peut paraître étrange dis comme ça, mais je sais exactement à qui ces pas appartiennent. Ces derniers jours je les ai entendus s'approcher de moi plusieurs fois. Cependant, je n'ai pas la moindre réaction. Je reste adossée à la rambarde, continue de regarder la ville là en bas, et ne tourne pas la tête. Quand Bucky me verra là, il comprendra que je veux être tranquille et il s'en ira. Non ?

Apparemment, non. Bucky se rapproche de la rambarde du balcon jusqu'à venir s'y accouder, à quelques mètres de moi à peine. Je continue de regarder droit devant moi, mais durant une microseconde je dévie les yeux sur la droite et observe mon nouveau coéquipier. Il regarde la ville, lui aussi. Mais tout ça est bien trop bizarre. Après quelques secondes, je me racle donc la gorge pour le lui faire comprendre. À cet instant, il se tourne d'un coup vif dans ma direction et fronce les sourcils.

— Oh, mais quoi encore ?! Même quand je parle pas, j'arrive à t'agacer, c'est ça ?

— Tu es un idiot, Bucky Barnes.

Après un énorme soupir qu'il me lance presque en plein visage, il secoue vivement la tête et fronce les sourcils encore davantage.

— C'est quoi ton problème, sérieusement ? me demande-t-il. Pourquoi est-ce que tu es toujours aussi... arrogante, et...

— Oui, oui, le coupe-je, je sais, tu crois que j'ai tous les défauts du monde. Le truc, c'est que tu ne connais absolument rien de moi. Tout comme je ne connais rien de toi. Mais la différence entre nous c'est que de mon côté je n'essaie pas d'analyser chacun de tes actes en en cherchant la signification. Moi, je te laisse vivre !

— Oui, et tu me traites d'idiot ! reprend Bucky en haussant le ton. Tu n'arrêtes pas de te foutre de moi, dès que tu peux !

À chaque phrase prononcée, Bucky et moi nous rapprochons l'un de l'autre le visage durci par la colère et la tension.

— Toi aussi, lui dis-je, tu te fous de moi ! Et cette... cette façon de me regarder, arh !

— Quoi ?!

Bucky lève les yeux vers moi et secoue la tête de gauche à droite dans un air d'incompréhension. Peut-être qu'il ne sait vraiment pas ce que je veux dire. Alors, je prends sur moi pour me calmer (un peu) et respire un bon coup.

— Bucky, dis-je en articulant chaque syllabe, tu me regardes tout le temps comme si tu avais envie de me tuer !

À cet instant alors, Bucky entrouvre la bouche d'un air de surprise, avant de tourner la tête ailleurs et de passer sa langue sur sa lèvre inférieure. Il continue de secouer la tête de gauche à droite, tout en regardant le ciel.

— Joy, c'est toi qui es une idiote.

— Pardon ?

Nos corps sont extrêmement proches l'un de l'autre. Bucky n'est pas à plus de cinquante centimètres de moi désormais, et maintenant encore plus que le reste du temps l'impression qu'il veut m'arracher la gorge prédomine dans mon esprit. Je le regarde avec un regard que j'espère tout aussi froid que le sien ; il est hors de question que je me laisse démonter. Et finalement, après quelques secondes supplémentaires d'un silence froid et tendu, Bucky laisse échapper quelques mots tout en tournant le regard.

— Je n'ai pas envie de te tuer. Je n'ai pas du tout envie de te tuer, Joy.

À cet instant, je lève la tête vers lui et lis dans ses yeux quelque chose que je n'avais pas trouvé jusqu'alors. Il y a... comme une lueur, brillante et sombre à la fois, extrêmement attirante. Mais alors que j'allais faire les quelques centimètres qui nous séparent, dieu seul sait pourquoi exactement, Bucky recule de deux pas et tourne la tête vers l'intérieur.

— Viens avec moi, me dit-il d'un ton sec.

— Pardon ?

— Viens avec moi, se répète-t-il, et allons boire un verre.

L'univers de Joy - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant