chapitre 1

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L'aube se levait sur le monde en ce vendredi de juillet. Une brise légère faisait danser les feuilles des arbres, rafraîchissant la ville de Londres qui, depuis quelques semaines, était écrasée par une chaleur étouffante. Derrière les murs de la section D du centre IPPJ, debout face à la fenêtre de sa petite chambre, un jeune homme contemplait le lever du soleil. Malgré les barreaux qui l'empêchaient de profiter pleinement de ce spectacle de la nature, il s'oubliait dans ses rêveries, imaginant ce qu'il ferait une fois libéré.

Sa main se colla à la vitre froide et sans qu'il ne sache pourquoi, un mince sourire s'arqua sur ses lèvres. D'un œil brillant, il contemplait les couleurs pâles se mélangeant dans le ciel d'encre. Le rose et l'orange se mêlaient à l'azur de l'horizon, grignotant lentement les derniers nuages de la nuit. Bientôt, les premiers rayons de soleil viendraient illuminer la ville.

Il ferma les yeux, essayant d'imaginer la caresse froide du vent matinal sur son visage. Dans ces moments-là, où la beauté de la nature se dévoilait sans pudeur, il ne pouvait s'empêcher de croire en l'existence de cet Être qu'il méprisait tant et que tout le monde appelait « Dieu ». D'une oreille attentive, il écoutait le silence régnant dans le bâtiment, sachant que d'ici quelques minutes, les éducateurs viendraient le déchirer de leurs voix graves.

Cinq heures cinquante.

Plus que dix minutes avant de plonger une nouvelle fois dans l'enfer du quotidien. Un quotidien qu'il n'avait pas vraiment choisi, qu'il n'aurait jamais cru vivre un jour. Il détestait ces murs incroyablement hauts et entourés de clôtures électrifiées. Un oiseau se posa sur l'appui de fenêtre, piailla quelques secondes, et s'envola vers d'autres contrées. Le jeune homme le regarda disparaître vers l'horizon, envieux.

- C'est ça... chuchota-t-il, casse-toi loin d'ici mon pote.

Cinq heures cinquante cinq. Plus que cinq minutes.

Il inspira longuement, évacuant l'angoisse insoupçonnable qui serrait son cœur. Et, comme à chaque fois que la mélancolie le gagnait, quelques vers poétiques se pressèrent dans sa tête. Fébrile, il attrapa un stylo, désireux de coucher ses mots sur le papier avant qu'ils ne lui échappent. Il s'approcha du lit et souleva le matelas. Sur les lattes de bois reposait un cahier aux couleurs délavées. Il l'attrapa pour le feuilleter rapidement, en quête d'une page vierge. Il fronça les sourcils lorsqu'il remarqua qu'il avait noirci toutes les lignes de son cahier. Il n'y avait plus le moindre espace blanc. Résigné et frustré, il jeta son Bic à travers la petite pièce.

Six heures.

- Vous pouvez sortir ! tonna une voix masculine provenant du couloir.

Les verrous cliquetèrent discrètement, permettant l'ouverture des lourdes portes de métal bleu. Bientôt, une quinzaine d'adolescents surgirent dans le couloir. En silence, ils s'adossèrent au mur sous le regard des éducateurs. Tous avaient revêtu le vêtement institutionnel, à savoir un short, un t-shirt et une paire de baskets.

Criminels aux yeux de la loi, enfants malchanceux dans le cœur des éducateurs, ces adolescents dépourvus de repères tentaient la dure expérience du changement. Leurs visages, ravagés par les multiples épreuves que la vie leur avait imposées, n'étaient plus que des masques superficiels et dépourvus de sourire.

Un homme les toisa un par un, amusé par leur mine fatiguée. Un petit sourire s'étira sur ses lèvres fines tandis qu'il commençait à crier les noms des adolescents afin de s'assurer de leur présence.

- Wilson Joshua ?

Le concerné leva la main.

- Miller Alan ?

REINTEGRATION PROGRAM » narryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant