chapitre 5

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Londres, 10h30. Cimetière. 


Niall Horan détestait l'été et particulièrement le mois de juillet. Le vingt deux juillet, plus exactement. Parce que c'est le vingt deux juillet 1994 que la mort vint chercher son père.

Debout face à la pierre tombale qui recouvrait le corps de Bobby Horan, Niall laissa ses yeux se perdre sur l'horizon. Le soleil qui régnait sur le monde depuis des semaines se cachait derrière d'épais nuages noirs. L'air était lourd et le vent soufflait fortement, annonçant la venue de l'orage. Déjà, les murmures du tonnerre se faisaient entendre au loin.

Niall ne connaissait de son père que ce que sa mère voulait bien lui raconter. Inspecteur de la police criminelle de Londres, Bobby Horan fut tué en service pendant la grossesse de sa femme, Maura Horan. Chaque jour, Maura répétait à son fils à quel point il pouvait ressembler à Bobby. Il possédait son physique avantageux, des yeux aux multiples nuances cobalt et des cheveux d'or. Il avait également hérité de son sourire et de sa jovialité, de son sens de l'humour et de son courage.

Même s'il ne l'avait jamais connu, Niall se sentait proche de son père. Il se baissa pour déposer un bouquet de tulipes rouges sur la pierre froide. Les fleurs préférées de sa mère. Son regard s'attarda sur la photo de Bobby et un léger sourire s'étira sur ses lèvres sèches. Bobby lui manquait atrocement et le temps n'apaisait pas sa souffrance. Sans doute ne l'apaiserait-il jamais. Certaines douleurs ne se referment pas, elles ternissent les sourires et dépouillent les yeux de leur éclat lumineux.

Maintes fois Niall s'était imaginé les moments qu'il aurait pu partager avec son père. Lui aurait-il apprit à rouler à vélo ou à jouer au football ? Viendrait-il le voir lors des concerts organisés par la chorale ? Serait-il venu le chercher à la sortie de l'école primaire ? Aurait-il embrassé son front, le soir, avant qu'il ne s'endorme en lui susurrant au creux de l'oreille qu'il n'y avait aucun monstre sous le lit ?

Toutes ces choses anodines et quotidiennes pour moult enfants, Niall donnerait le monde pour pouvoir les vivre au moins une fois. Il donnerait n'importe quoi pour parler avec son père. N'importe quoi. Il voulait tout savoir de son passé, connaître les moindres détails de son visage, entendre le son de sa voix et l'éclat de son rire, sentir son parfum. Tant de choses que les photos ne parvenaient pas à transmettre mais qui pourtant lui étaient essentielles. Tant de choses qu'il voudrait connaître, tant de choses qu'il ne connaîtrait jamais.

D'un revers de manche, Niall essuya les larmes silencieuses qui roulaient sur ses joues. Le vent souffla à nouveau, emportant quelques pétales de tulipes.

Aujourd'hui, cela fait dix sept ans que tu es partichuchota Nialldix sept ans que je m'interroge sur la personne que tu étais, dix sept ans que je me demande comment serait ma vie si tu étais là, dix sept ans que tu me manques, papa. Aujourd'hui, je chanterai pour toi.


Et sur ces dernières paroles teintées de mélancolie, Niall tourna les talons. Ses pieds s'enfoncèrent dans le gravier, ébréchant le silence régnant jusqu'alors. Le visage fouetté par le vent âpre et les yeux humides, il s'éloigna d'un pas traînant.

Il ne réagit pas lorsqu'une multitude de gouttes glacées s'abattirent sur lui.

• • •


Londres, 10h30. Centre IPPJ. 

Écoutant attentivement la mélodie de la pluie, Harry balayait le long couloir de la section D. En grinçant des dents, il tentait de réprimer la douleur lancinante qui tiraillait son dos. Les corvées ménagères n'étaient décidément pas faîtes pour lui. Il besognait silencieusement, jetant de temps à autre un furtif coup d'œil à l'horloge fixée au mur. D'ici quelques minutes, un éducateur viendrait l'informer de la visite de son frère. À la fois anxieux et impatient de voir Liam, Harry peinait à masquer son empressement et son agitation inhabituelle attirait les regards de quelques codétenus occupés à nettoyer les fenêtres.

REINTEGRATION PROGRAM » narryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant