Ambre - Flashback

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Je saisis ma brosse et la fait passer délicatement dans les cheveux blonds de ma poupée. Je dois bien la préparer, Camélia vient passer l'après midi à jouer à la maison et nous avons prévu de faire un concours de beauté. Papa et maman m'ont autorisé à voir ma copine car ils ont dit que j'ai été très sage hier. Je n'ai pourtant pas fait grand-chose à part attendre que la vielle dame un peu folle finisse ses simagrées bizarres. Le vieux chat tout gris me faisait un peu peur, mais les oiseaux m'ont fait rire. Je veux bien retourner la voir, moi, mais papa est sorti de sa maison en lui hurlant qu'elle était une incapable, puis il est rentré dans la voiture en marmonnant qu'on avait perdu notre temps. J'étais triste parce que je crois que maman a pleuré un peu en rentrant à la maison, mais je ne sais pas vraiment pourquoi.

La sonnerie de la porte raisonne soudain, je sursaute et me lève en courant pour accueillir Camélia. Je me mets sur la pointe des pieds pour attraper la poignée de la porte et passe la tête dehors. Un petit cri m'échappe, je lâche la porte en trébuchant. Mes fesses rencontrent durement le sol et une douleur éclate dans mon poignet, mais mes yeux ne peuvent quitter la vielle dame sur le pas de la porte. Elle aussi est tombée à genoux, respirant faiblement. Un sifflement sort de ses lèvres alors qu'elle tente de parler.

« Papa !! Maman !! » Appelé-je en commençant à pleurer. Les larmes brouillent ma vue mais je ne peux plus bouger, pétrifiée. Des pas précipités se dirigent vers moi et la voix rassurante de papa m'appelle. Il se fige lorsqu'il aperçoit la silhouette à l'entrée.

« Mais qu'est ce qui vous prend, que faites vous chez nous ? » Demande-t-il furieusement.

La femme relève les yeux et me fixe avec insistance. Elle se tient à l'encadrement de la porte pour ne pas s'effondrer. Ses lèvres s'entrouvrent et sa voix faible murmure :

« Protégez la coûte que coûte. Cette gamine est notre avenir. Elle est notre seul espoir... Elle nous sauvera des ténèbres. »

Puis, épuisée, l'intruse se laisse tomber en avant et frappe le sol dans un bruit sourd, révélant la tache rouge sombre qui s'étendait à l'arrière de son crâne. Je sens des bras me soulever. Je hurle et me débat, ne pouvant plus lâcher du regard la silhouette inerte et ensanglantée de la vielle dame sur le sol. Lorsque je reconnais les bras chauds de ma mère, je me calme un peu tandis qu'elle pose sa main contre mes yeux pour m'arracher à cette vision. Bientôt, la serrure de ma chambre émet un bruit sec et je contemple ma porte, assise sur mon lit, hébétée.   

The Dark SideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant