Episode 6 : Contre-attaque (2ème partie)

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 Je tourne à l'angle d'un couloir, escortée par Anton.

L'excuse des armes automatiques laissées dans l'hôpital avant le largage des bombes, que l'ouverture des parachutes aurait déclenché au moindre mouvement des combattants, a marché du tonnerre. Sans mauvais jeu de mot. Même, il me semble que le sultan était très fier de Camille.

En parlant de Camille, j'ai trouvé un moyen pour avoir un peu de répit en contrôlant son cerveau ainsi que ceux de ses hommes. Je leur ai ordonné de suivre toute consigne de leur supérieur, sauf s'ils comptaient obtenir des informations sur la mission. Dans ce cas là, mes pantins doivent mentir.

J'espère juste que je ne me suis pas trompée en faisant ça...

Anton et moi finissons par passer une grande porte qui débouche sur une grande salle. Minute. Qu'est-ce qu'on fait dans une salle à manger ?

– Tu vas déjeuner avec moi.

Je me tourne vers le fils du sultan. Qu'est-ce qu'il vient de dire ?!

– Euh... C'est gentil merci mais je n'ai pas faim...

Il penche tout à coup la tête sur le côté avec un air de fou, et je déglutis.

– Tu veux me contrarier ?

– Non...

– Alors assis-toi.

Je le regarde un moment, avant de prendre place sur la chaise derrière moi. Anton, lui, s'installe tout au bout de la table en face de ma personne. Il est loin et pourtant, il me fait toujours aussi peur.

Des serviteurs finissent par apporter nos entrées.

– Rassure-moi : il n'y a pas de poison là-dedans, hein ?

Il a un sourire pareil à celui de son père.

– Pourquoi je m'amuserais à tuer la nouvelle recrue de la Fédération de Protection ?

Il plante alors ses yeux de cinglé dans les miens.

– Après tout, j'ai hâte que nous devenions coéquipiers.

– Co... Coéquipiers ?

Je sens une sueur froide couler le long de mon dos, tandis qu'Anton prend un air tranchant.

– Tu aurais préféré faire équipe avec Camille ?

– Non...

– Alors c'est réglé.

Pardon ?! Non mais c'est n'importe quoi, rien n'est réglé du tout !

Je le fixe, ébahie, prendre tout tranquillement une cuillerée de son potage ou je ne sais quoi, comme si ce qu'il venait de dire était normal, comme si tout ce qui se passait dans cette pièce depuis le début était pour lui tout à fait normal. Ça me sidère.

Au bout d'un moment, il finit sûrement par comprendre que quelque chose cloche, puisqu'il relève la tête vers moi d'un air las. Sérieux ? Il me sort un truc comme ça dans les dents et après, il faudrait que je fasse comme si de rien n'était, c'est ça ?!

– Qu'est-ce qui ne va pas ?

– Je... je n'ai pas faim...

– Mange.

Non mais il est sérieux là ?!

– J'ai pas faim je t'ai dit, je vais pas me détruire l'estomac pour te faire plaisir !

Il a son visage impassible.

– Tant pis pour toi.

Son espèce de micro-sourire de dingue vient alors fendre ses traits.

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