Jamais un réveil ne su être aussi perturbant que celui que la jeune humaine vécu ce jour-là. Suite aux événements de la veille, la jeune femme ne se souvenait plus de rien, comme si un nuage opaque embrumait ses souvenirs. C'est pourquoi, lorsqu'elle se réveilla dans une chambre plongée dans la pénombre elle ne comprit pas immédiatement qu'elle se trouvait bien loin de celle qu'elle avait en ville. La position de la fenêtre lui parut seulement étrange mais elle mit cela sur le compte de son inhabitude des lieux. En effet elle n'était installée dans son appartement que depuis quelques nuitées alors elle pouvait très bien mal se rappeler de la position d'une simple fenêtre.
Étant donné qu'il s'agissait de la seule source de lumière elle plissa les yeux pour mieux s'y attarder et tomba sur un élément encore plus étrange que la position de la fenêtre. Elle distinguait des rideaux. Or elle aurait pu jurer sur sa vie que son appartement en était dépourvu. Elle se massa les tempes en soufflant.
- Je deviens folle. Murmura Lucy.
Elle passa outre ce qu'il venait de se passer et se recoucha tranquillement. Toutefois là encore un problème lui sauta aux yeux : elle percevait quatre coussins or elle était de nouveau tout à fait persuadée qu'elle n'en avait que deux. Elle se releva de nouveau en position assise et resta figée, ses pensées fusant dans tous les sens.
- C'est quoi ce bordel ? Lâcha-t-elle.
Encore groggy, elle chercha lassement sa lampe de chevet pour l'allumer mais là encore elle ne tomba pas dessus. Elle chercha de l'autre côté du lit mais elle ne trouva aucune lampe. Cette fois-ci la réalité sembla faire son chemin dans son esprit mais, par déni elle ne voulait y croire. Elle se releva totalement du lit et remarqua qu'il était bien plus haut que celui de chez elle, la perturbant une nouvelle fois. Elle resta quelques minutes pantoise, face à une réalité qui l'effrayait. Ce n'était pas chez elle et elle n'avait aucun souvenir d'où elle pourrait être. Elle marcha à tâtons dans la chambre, la panique la faisant aller de travers. Tout semblait tourner autour d'elle mais elle se fit violence pour avancer. Elle tomba sur un mur qu'elle décida de longer maladroitement et tomba sur ce qu'elle cherchait : une porte. Une lueur d'espoir fit briller ses yeux bleus et elle se hâta d'essayer de trouver la poignée.
Mais c'est là qu'elle cru défaillir. Alors qu'elle avait la main sur la poignée, un filet de lumière apparu sous la porte. Lucy recula, pantelante. Son expression effrayée ne pouvait décrire ô combien elle était en panique. Car se réveiller dans une chambre inconnue était une chose mais savoir qu'elle n'était pas seule ici en était une autre. Alors qu'elle reculait fébrilement, elle percuta ce qu'elle devina être un fauteuil qui la fit chuter en arrière. Elle embarqua dans sa chute le fauteuil et elle se retrouva projetée contre le mur arrière. Elle se retrouva assise, son dos contre le mur, juste derrière le rideau qu'elle avait perçu précédemment et le fauteuil étant retombé sur ses jambes. Elle lâcha un grognement de douleur ettouffé en sentant le poids du meublier atrocement lourd sur sa cheville mais ce qui la fit la plus paniquer fût un nouveau bruit : celui de pas. Des pas rapides résonnaient dans le couloir allumé et semblaient avec horreur se rapprocher de sa chambre. Dans sa panique, elle se cacha derrière le rideau par dépi. Elle savait que cela ne la sauverait pas mais elle ne pouvait pas non plus ne rien faire. Elle tira du pied le fauteuil tombé pour le caller contre elle et ainsi peaufiner sa pauvre cachette. Et alors qu'elle vit la lumière sous la porte être obstruée et les bruits de pas lui indiquant bien que la seconde qui suivrait elle ne serait plus seule dans la pièce, une force en elle la détendit. Sans comprendre comment, sa respiration se calma en même temps que son rythme cardiaque. Mais ils ne se calmèrent pas juste, ils s'arrêtèrent presque. Elle se sentait comme une statue imperceptible, ne pensant plus à rien sous une forme de transe totale. Elle se sentit partir dans un état second, comme flottante dans une marrée noire sans lumière à l'horizon. Elle se laissait intégralement engloutir par son esprit et plongea comme dans un sommeil profond et irrél... presque... magique.
Étant dans sa bulle, elle ne perçut que très peu la présence entrer dans la chambre.
La porte s'ouvrit en grand ce qui éclaira une grande partie de la pièce rose et en particulier sa cachette. Le vampire avait les traits tirés par la panique ce qui perturbait son camarade de toujours. Son prince avait eu un comportement soudain et porté par l'inquiétude.
En effet, David était nonchalament entrain de discuter avec le prince quand celui-ci s'était soudainement rué vers la chambre de l'invitée. En tant que chevalier il l'avait suivi sans hésiter bien que voir Jude aussi expressif l'avait profondément chamboulé. Le châtain n'était pas émotif ni expressif d'habitude, préférant une attitude princière et imperceptible comme on le lui avait appris. Il avait toujours été ainsi, une personne calme et réservée sans démonstrations d'émotions. Néanmoins, depuis un peu plus de deux décennies le chevalier Samford avait perçut un drôle de changement dans son comportement. Toutefois David devait avouer que le changement le plus perturbant fût celui de la nuit dernière où le prince lui était apparu totalement méconnaissable. Jamais il n'avait usé de violence verbale ou physique et jamais encore il n'avait dégagé une telle puissance que celle de la nuit dernière face au vampire de la ruelle. Puis, alors que David pensait que le changement se réduirait à une attitude menaçante inhabituelle, il avait ensuite vu son prince faire preuve d'une délicatesse sans égale quand il eut récupéré l'humaine. Il avait bien vu les yeux rouges du vampire royal passer d'un rouge sang farouche à un rouge carmin empli d'une tendresse émouvante. Qui était donc cette humaine à ses yeux qui perturbait et métamorphosait autant son prince ?
De son côté Jude scruptait la pièce dans ses moindres détails, tous ses sens aux abois du moindre mouvement ou bruit. Il avait soudainement ressenti l'âme de la blonde et surtout avait senti sa panique et sa détresse ce qui avait eu pour effet d'instantanément activer son corps. Il était alors parti en trombe la chercher mais à ce moment-même, en voyant sa chambre vide, il était devenu livide. Il marcha de long en large dans la chambre obscure, priant pour sentir sa douce mais rien ne lui parvint, seulement un calme plat qui ne lui disait rien qui vaille.
- La fenêtre est ouverte mon prince, est-ce une piste ? Dit David.
Jude se hâta vers la dite fenêtre et s'y pencha. Il ne vit qu'un majestueux magnolia en dessous ainsi qu'un étang non loin. Étant au deuxième étage Lucy n'aurait décemment pas pû sauter au sol alors aurait-elle pû se servir de l'arbre ? Et était-elle partie de plein gré ? Et si quelqu'un l'avait kidnappée ? Depuis les conflits récents quelqu'un aurait pû la prendre pour faire pression sur le prince.
Il réfléchissait à vive allure, la peur au ventre. Il se sentait si faible à ce moment précis, dépourvu de tout indice. Il avait peur pour elle mais se sentit pour la première fois de sa longue vie impuissant.
- Dois-je appeler les troupes ? Demanda le chevalier.
Jude voulut dire oui de suite et réquisitionner tous les soldats qu'il pouvait pour la secourir mais il se rappela qu'elle n'était pas sensée être ici. Si son père l'apprenait cela signerait la fin de tout cela et il était hors de question qu'il laisse la blonde ou qu'il doive s'en éloigner encore une fois. Il prit une grande inspiration et soupira avant de se tourner vers David, le regard plus assuré.
- Réquisitionne seulement mon armée personnelle. Fais leur jurer de garder le secret et de rester discret. Retrouvez la quoi qu'il vous en coûte. Ordonna-t-il.
- Bien monsieur. Dit David en s'inclinant avant de se précipiter vers les autres.
Jude souffla une nouvelle fois, cette fois ci de désespoir. Il s'accouda à la fenêtre et se relâcha sans savoir qu'à quelques centimètres de sa jambe droite, était cachée celle qu'il cherchait tant. Il contempla l'horizon pour apaiser ses maux et laissa la brise nocturne le rafraîchir. Il huma l'air frais et se sentit légèrement se détendre, ses dreadlocks se soulevant légèrement derrière lui au grès du vent. Il se décolla une fois légèrement calmé et s'assit sur le lit de la blonde, près des coussins. Il posa une main sur l'un d'eux, se remémorant les cheveux de la blonde éparpillés dessus lors de son sommeil. Il revit son visage serein, réentendit sa respiration paisible et ressentit son odeur si délicate lui rappelant le miel et le jasmin. Il serra alors le poing en se rappelant qu'il l'avait perdue alors qu'elle était enfin si proche de lui. Il jura et frappa de son point le lit par contrariété. Comment avait-il pû la perdre ? Il se releva et sortit de la chambre, y lâchant un dernier regard. La nuit lui portera conseil et au lever du jour il ira la chercher par lui-même si cela était nécessaire.
VOUS LISEZ
Osmose magique
FanfictionUn monde semblant normal où humains vivent en paix, suivant chacuns leurs petites habitudes au rythme de la technologie et de la pollution. Cinq jeunes femmes d'une vingtaine d'années ne font pas exception à la règle. En une chaude journée d'été, ce...