Osmose magique

Chapitre XIV : Suzette Heartland

Au coeur de son lit défait, la jeune femme aux cheveux du ciel se réveilla dans un grognement rauque. Elle éteignit son réveil strident avant de retomber mollement sur ses coussins. Elle maudissait elle-ne-sait-qui de la faire se lever si tôt depuis une semaine. Elle qui n'avait jamais eu à suivre d'horaires aussi strictes, il lui fallait faire un effort considérable pour accepter ces mesures.

Sept jours se sont passés depuis la mystérieuse disparition de sa colocataire, ce qui inquiétait énormément tous leurs compagnons. Darren avait même envoyé une lettre à la meute de Mark pour les prévenir si ils la croisaient, ils avaient besoin du maximum d'aide possible.

Le premier jour, toute la troupe, malgré leur devoir de rester discrets, avaient cherché Lucy dans toute la ville et ses alentours. Ils avaient posé des questions à toutes les personnes qu'ils pûrent croiser en vain, Lucy semblait n'avoir jamais existé. Personne ne semblait avoir aperçu cette jeune femme et aucune trace ne leur donnait d'indices sur sa disparition.

Le lendemain, Sue s'était apprêtée à continuer les recherches avec les autres. Néanmoins lorsqu'elle arriva de bonne heure dans le hall pour rejoindre les autres, elle comprit que cela n'allait pas se dérouler ainsi. Darren lui avait expliqué que s'ils n'avaient aucune nouvelle d'elle nul part c'était sûrement car elle était soi parti de son plein gré, ce qui faisait qu'ils n'avaient pas à la ramener, ou alors qu'elle fût retrouvée et enlevée par les personnes les poursuivant et qu'ils ne pouvaient ainsi plus rien faire pour elle. Cette deuxième supposition effrayait la bleue, déterminée à retouver la blonde. Elle avait alors insisté pour continuer les recherches, essayer tout de même de ramener son amie mais le groupe entier semblait décidé à ne plus rien faire. Elle leur avait alors hurlé dessus, les traitant de lâches sans cœur. Elle leur en voulait pour avoir si rapidement abandonné Lucy bien qu'ils se défendaient à ce propos. Ils étaient persuadés qu'ils ne pourraient rien faire, même avec plusieurs mois de recherches. Sue n'était évidemment pas de cet avis. Elle savait qu'ils pourraient la retrouver si ils s'y mettaient sérieusement mais elle était apparement la seule à croire en sa théorie. Sa plus grande déception fût la desinvolture avec laquelle ils décidèrent de continuer leur train-train quotidien consistant à aller chercher un travail chacun pour apporter de l'argent au groupe tout en restant le plus invisible possible. Même si Hurley semblait rouler sur l'or, il fallait selon Darren pouvoir justifier cet argent auprès des autres humains. Suzette ne participa pas à cela et resta à son appartement, ne souhaitant pas adresser la parole aux autres qu'elle jugeait désormais comme des traîtres.

Le troisième jour fut le plus décisif. La jeune femme avait certes de nouveau passé son temps à leur appartement mais avait surtout commencé ses propres recherches. Elle était entrée dans la chambre de Lucy en quête d'indices. Alors que ses recherches ne débutèrent pas très fructueuses, elle tomba après une bonne heure de recherche sur un livre qu'elle jugea anormal. Il n'était pas posé comme tous les autres, ses reliures étant en relief avec les autres livres de la bibliothèque. Elle y porta sa main pour l'attraper mais un long frisson la prit. Elle sentit comme une décharge prendre tout son corps violemment. Ce n'était pas douloureux mais plutôt bien dissuasif. Elle se ravisa alors, hébétée.

- C'est quoi ce bordel ? Lâcha-t-elle, la bouche grande ouverte.

Elle fixa ce vieux bouquine poussiéreux avec incompréhension. Ce livre venait-il vraiment de lui envoyer une décharge ?

Elle se frotta le front et s'assit mollement sur le lit.

- Je deviens folle. Souffla Sue avec désespoir.

Elle laissa le haut de son corp retomber sur le matelas derrière elle, épuisée. Elle ferma ses yeux quelques instants et laissa échapper deux larmes solitaires. Elle n'était pas triste, du moins pas que. La disparition de Lucy l'avait évidemment attristée, elle considérait la blonde que sa meilleure amie désormais mais ses larmes fûrent aussi dû à son sentiment d'impuissance. Elle se sentait démunie d'influence, subissant juste tous les événements qui lui arrivait depuis l'événement de la plage. Elle apprenait l'existence de la magie, des sirènes, des loup-garous, de vampires et bien d'autres créatures fantastiques qu'elle pensait irréels. Tous les jours elle se sentait en danger, vulnérable. En tant que simple humaine elle savait pertinemment que s'il venait à lui arriver quelque chose elle serait irrémédiablement en danger. À quoi bon jouer les héroïnes si nos ennemis sont surhumains ? Ne vallait-il mieux pas abandonner tout ce foutoir ?