Partie 6 - Le baiser.

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« Et tu vois... comme ça... je peux sentir les sons aussi. »

Il sentit Guillaume se tendre lorsqu'il posa sa main contre son torse, au niveau de sa poitrine, et il allait enlever celle-ci quand il le sentit poser sa main sur la sienne.

« Vraiment ? Je peux essayer ? Qu'est-ce que je dois dire ?

— Euh... E-Essaie de dire un mot mais très fort. Et ensuite, je peux poser ma main sur ton cou aussi pour sentir ce mot différemment... »

Guillaume hocha la tête et il le vit réfléchir à quel mot dire avant de voir un grand sourire s'inscrire sur ses lèvres.

« Aurélien, l'entendit-il dire et il esquissa un petit sourire en sentant littéralement le mot sous ses doigts. Je peux essayer à mon tour ? » lui demanda Guillaume et il acquiesça, enlevant sa main de sa poitrine.

Guillaume posa sa main avec délicatesse sur sa poitrine et il sentit ses joues le chauffer malgré lui au contact. Il était sûr qu'il était en train de rougir et à cette pensée il sentit ses joues le chauffer encore plus. Il était ridicule.

« Vas-y, dis quelque chose lui dit Guillaume et il chercha que dire en se mordant la lèvre de nervosité.

— Gui... Guillaume... Je...

— C'est vrai que ça marche ton truc ! s'exclama le plus grand et il se coupa dans sa phrase, surpris. Je sens un roulement sous mes doigts... Le son de ta voix avant qu'elle n'arrive à mes oreilles. C'est ce genre d'exercices que tu faisais chez l'orthophoniste ?

— Euh... oui, exactement... C'est lui qui m'a appris à apprendre à écouter avec autre chose que mes oreilles...

— C'est super. C'est comme quand tu fermes les yeux et que tu écoutes quelque chose. T'as l'impression de voir des couleurs...

— Oui, c'est à peu près ça, dit-il en souriant. Quand tu fermes les yeux et que tu te concentres sur les mots seulement... Sur les sons que t'entends... Ceux-ci deviennent plus que des mots... Tu peux les apparenter à des couleurs en effet... Ou à des notes de musique, des images, de la lumière... N'importe quoi en réalité. »

Guillaume lui sourit tendrement et il le sentit remonter sa main pour la poser sur son cou avec douceur, faisant rater un battement à son cœur. Sa main vint entourer sa nuque et il le sentit frôler son cou de son pouce :

« Et... comme ça ? Ça marche aussi tu m'as dit ?

— O-Oui... Bien sûr il faudrait que tu sois vraiment sourd pour ressentir l'effet escompté mais... Parce que tes oreilles entendent et du coup ton cerveau traduit les sons normalement...

— Vas-y Aurél, dis quelque chose. » dit Guillaume en fermant les yeux et il se mordit la lèvre doucement.

Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire ? Ce qu'il avait failli lui dire quand Guillaume l'avait interrompu quelques minutes auparavant ? Est-ce que ce n'était pas risqué ? Après tout, Guillaume était la première personne avec qui il se liait vraiment d'amitié depuis des années, peut-être même depuis toujours, et ils ne se connaissaient pas si bien que ça encore... Mais il se sentait si bien avec lui, il avait envie de le lui dire. De lui faire comprendre à quel point cette amitié, si c'en était une, comptait pour lui. Si amitié il pouvait y avoir avec le genre de sentiments qui se battaient à l'intérieur de lui à chaque fois qu'il croisait son regard.

« Je... Je veux que tu saches... à quel point c'est important pour moi que tu acceptes d'être... mon ami... balbutia-t-il et il vit Guillaume froncer légèrement les sourcils bien que celui garda les yeux fermés. Je n'ai jamais... été vraiment proche de quelqu'un si ce n'est les quelques amis que j'ai depuis toujours et... Ça me fait du bien de t'avoir rencontré et de pouvoir discuter avec quelqu'un d'autre qu'eux... Mais... Je te dois aussi la vérité et... Il faut que tu saches... que je ne pense pas que ça soit de la simple amitié de mon côté. Je ne veux pas te mentir, Guillaume, et... Je dois te dire que... je crois... je crois... bégaya-t-il, cherchant ses mots alors que son cœur battait la chamade dans sa cage thoracique. Je crois que j'ai peut-être des sentiments pour toi... Des sentiments pas si amicaux que ça. Si... tu comprends ce que je veux dire... »

Guillaume ouvrit les yeux lorsqu'il s'arrêta de parler, ne sachant pas que dire ensuite, et il le vit lui lancer un regard surpris. Il sentit les larmes monter à ses yeux alors qu'il se disait que s'il venait d'avouer tout ça c'était sûrement à cause de l'alcool bien qu'il n'avait pas tant bu que ça ce soir, et il sentit Guillaume remonter son pouce sur sa joue et se mettre à caresser cette dernière avec douceur, faisant rater un battement à son cœur :

« Est-ce que tu veux dire... que tu penses être amoureux de moi par là, Aurél ? Tu m'aimes ? C'est ça ? Est-ce que je comprends bien ? l'entendit-il lui dire et il hocha la tête, embarrassé.

— Oui... Je suis désolé...

— Pourquoi tu t'excuses ? lui demanda Guillaume en fronçant les sourcils et il se mordit fébrilement la lèvre inférieure à cette question.

— Je ne veux pas que tu penses... que si je suis tombé aussi rapidement pour toi c'est seulement parce que ça fait longtemps que personne ne m'a témoigné de l'amitié ou de la gentillesse avant toi... Ce n'est pas seulement de la reconnaissance, c'est... C'est vrai, je te promets.

— Mais pourquoi je penserais ça, hein ? dit doucement Guillaume en lui souriant et cette question lui donna le courage de lui avouer tout ce qu'il avait sur le cœur.

— Je ressens ça depuis la première fois que je t'ai vu, murmura-t-il en fronçant légèrement les sourcils, essayant de se rappeler de la première impression que lui avait fait le plus grand. J'aime tout de toi. Tes yeux et la sincérité que je peux lire dedans... dit-il en plongeant dans le regard marron clair du plus grand, lequel il avait l'impression qu'il tirait étrangement sur le vert des fois bien que c'était impossible. Ton visage et tes taches de rousseurs qui ressemblent à une pluie d'étoiles... Tes cheveux bruns toujours en pagaille qui me donnent envie de passer la main dedans pour les recoiffer... Mais surtout, surtout... Ta gentillesse et ta bienveillance. Ton humour... Ta culture... Et... la sensation de bien-être que je ressens quand je suis avec toi... »

Il se tut et baissa la tête en se disant qu'il en avait trop dit et qu'il allait lui faire peur mais il sentit bientôt Guillaume relever son visage de ses doigts avant de venir déposer un baiser sur ses lèvres. Son cœur s'arrêta momentanément dans sa poitrine à ce baiser inattendu et il ressentit une explosion de chaleur dans son corps au niveau de son ventre.

« Arrête... entendit-il Guillaume dire grâce à la proximité entre leurs deux visages. Tu vas me faire rougir. »

Il sentit ses joues à lui le chauffer à cette déclaration - et surtout à ce baiser - et Guillaume se recula pour le regarder tendrement avant de se remettre à caresser sa joue avec douceur :

« Moi aussi, je crois bien que je suis tombé amoureux de toi, hein... lui dit Guillaume quand il eut baissé les yeux sur ses lèvres. Et je m'en fous complètement que l'on ne se connaisse que depuis quelques semaines à peine. J'ai pas envie de perdre une seule minute de ma vie sans toi à l'intérieur. Sans que tu saches que tu es aimé. Que je t'aime. Pour de vrai. Pas seulement comme un ami ou un voisin un peu mignon que j'apprécie et que j'ai envie de connaître mieux.

— Vr-Vraiment ? balbutia-t-il en jetant un regard implorant au plus grand. Tu le penses vraiment ? Tu m'aimes ?

— De tout mon cœur, Aurél. J'aime tout chez toi, moi aussi. Ta pureté désarmante comme ton physique. Tu es adorable et si tu acceptes, je te promets d'être le meilleur petit copain qu'il soit pour toi. »

Il sentit une larme s'échapper de ses yeux avant de couler sur sa joue à cette déclaration et hocha précipitamment la tête. Il se jeta alors sur Guillaume, entourant son cou de ses bras, et venant l'embrasser avec passion, laissant passer dans ce baiser toute la frustration de ces derniers jours. Il avait eu tellement peur que ce dernier ne le repousse et ne le trouve bizarre à ressentir ce genre de sentiments pour lui aussi vite. Mais apparemment, il n'avait pas eu lieu de s'inquiéter vu que c'était réciproque. Il était tellement heureux.

Mini Fiction OrelxGringe - Les mots sont des couleurs.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant