IV.
La fille est allongée par terre, une main sur le tabouret, endormie. Elle à beaucoup pleuré, et à fini par s'endormir, exténuée. Une fille entre précipitamment, s'approche de l'autre fille, sans la réveiller
LA FILLE 2
Mon dieu. Alors c'est vrai. C'est vrai et je n'ai rien su. Rien appris. Cette pièce, cette pièce qui était avant si lumineuse et pleine de joie. Tu te rappelle quand nous entrions en douce ? Quand on s'amusait à se cacher pour qu'il ne nous voit pas ? C'était le bon temps alors. Et maintenant, il ne reste qu'un tabouret. Un seul pauvre tabouret qui porte à lui seul le témoignage et la mémoire de nos infiltrations. Et toi, que vas tu devenir ? On est venu me chercher, on m'a dit, il est mort. Il est mort il y a une semaine, il se droguait, il buvait, il s'est encastré dans un pont. Elle est seule, elle a mal, elle refuse qu'on l'aide. Elle s'en va, elle déménage. Alors je suis venue, j'ai couru, j'ai refusé de croire, et je voulais ne pas y croire. Mais cette pièce vide, ce tabouret, ce visage. Réveille toi, je t'en prie parle moi. (La fille se réveille)
LA FILLE 1
On t'a dit. On t'a raconté toute l'histoire, comment il a menti, comment il m'a retiré jusqu'à mon pouvoir de le haïr ? On t'as dit, toute la vérité vraie, sans masque ? On ne t'a caché ni la drogue ni l'alcool ? Alors tu sais tout. Alors que fais tu là si tu sais tout ? Je ne peux rien t'apprendre de plus.
LA FILLE 2
Parle moi, explique moi. Dis moi comment tu va. Comment tu tiens. Et tu t'en vas ? Mais est ce qu'on peut imaginer quelque chose de plus méchant que ça ? Où vas tu ?
LA FILLE 1
Je vais à Fréjus. Tout va bien, je ne vais pas bien, c'est fini. Je ne mourrai pas, c'est trop tard. Je devrais vouloir mourir là, maintenant, mais je ne peux pas. C'est trop dégueulasse, c'est méchant, plus méchant encore que le reste.
LA FILLE 2
D'où te viens cet air si dur ? Tu aura vieilli en une semaine seulement. Tu me parait si grande maintenant. Le monde t'a enlevé ta jeunesse. Te voila adulte. Te voila une adulte de 17 ans. Il te restait encore huit mois, à vivre, enfant, à vivre ici, et voilà que tu es adulte, que tu t'en vas, et que tu restes avec tes parents. Comment vont-ils ?
LA FILLE 1
Ils ne vont pas bien. Maman est muette. Papa est aveugle. Les deux sont sourds. Et moi, je suis leur fille. Moi je les suis, comme leur fille. Comme leur fille je vais déménager avec eux. Comme leur fille, je vais être sage et ne pas leur apporter de souffrance.
LA FILLE 2
Je ne te savais pas si obéissante.
LA FILLE 1
Il faut croire que j'ai changé. La mort d'un frère vous change. (Elle se lève) Tu mérites mieux que ça. Il faut que tu te trouve une nouvelle meilleure amie.
LA FILLE 2
Tu ne peux pas me dire ça. Pas comme ça. Tu ne peux pas partir. Nous sommes une unité à nous deux ! Comme sur la photo, dans le cadre, avec nos deux sourires à Disney. (La fille 1 laisse un très léger sourire animer ses lèvres) Tu te rappelles ? On a tellement rit ! Reste...(Le sourire de la Fille 1 disparaît complètement)
LA FILLE 1
Tu sais bien que je ne peux pas rester. Tu sais parfaitement que je ne vais pas rester. Il faut croire que le cadre est brisé, et la photo déchirée. Au revoir. (Elle ne bouge pas. La fille 2 attends un moment et fini par s'en aller) Seule. Seule. Seule. (Elle s'assoit sur le tabouret. Des larmes commencent à couler sur ses joues, mais elle ne bouge pas. Le temps semble se distendre, s'accélérer. La lumière baisse lentement.)
FIN
VOUS LISEZ
Individu
RandomUne nouvelle "Johanna" et une courte pièce de théâtre "Tu es partit trop vite pour me voir dans le rétroviseur" avec une série de texte au centre, tournant autour de la même pensée. Qui suis-je? Johanna: Je suis suicidaire, ce n'est un secret pour p...