13. Sujétion

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        Nigori sentait les doigts de Jinan enserrer son cou. Son souffle était saccadé, et elle sentait qu'elle commençait à perdre conscience. Elle agrippa la main de Jinan, mais à bout de force, sa main retomba inutilement. Elle voyait le visage de son agresseur de plus en plus flou. Ses yeux commencèrent à se fermer.

        « Nigori !

        Jinan relâcha la pression et Nigori tomba à terre, mal en point, sans savoir quelle était cette voix familière. Elle entendit des bruits de bagarre, l'un des deux tomba, quelqu'un courut vers elle. Elle entrouvrit les yeux.

        - Meian... Comment... ?

Elle regarda autour d'elle et vit Jinan au sol, plié en deux. Surprise, elle regarda Meian.

        - Une petite fille est venue vers moi, paniquée, et m'a dit que quelqu'un se faisait agresser. Pourquoi... ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

        - Les Kuromambas... souffla douloureusement Nigori. Leur chef... voulait enrôler Koumori... exploité...

Meian ne comprenait rien à la situation.

        - Viens avec moi, on va en parler ailleurs.

        La panthère noire l'aida à se relever. Nigori la regarda faiblement. Plus aucune trace de haine dans ses yeux. Ce n'était peut-être pas le moment de penser à ça, mais elle sentait un poids quitter sa poitrine. En espérant que cela reste ainsi. Meian remarqua que Nigori la fixait, et détourna le regard, moitié boudeuse, moitié embarrassée. Soudain, Nigori s'affola.

        - Koumori ! Où est Koumori ?!

Devant l'incompréhension de Meian, elle expliqua :

        - La petite fille ! Où est-elle ?

        - Je ne sais pas, je suis partie au pas de course...

        - Où l'as-tu rencontrée ?

        Meian l'emmena à l'endroit où elle avait vu Koumori. Assise sur les marches devant une porte, la petite fille jetait des regards craintifs autour d'elle, prête à bondir.

        - Koumori !

        Voyant Nigori, elle se leva et vint vers elle, hésitante. Nigori se précipita sur elle et l'enlaça affectueusement.

        - Tout ira bien maintenant, je suis avec toi.

        Koumori ne répondait rien. Elle était pétrifiée. Jamais elle n'avait été enlacée. Cette douce chaleur qui l'enveloppait était tellement agréable qu'elle en devenait terrifiante. Elle ne bougea pas, ne sachant comment réagir. Cette fille avait l'air gentille. Elle pourrait les aider. Mais Jinan aussi avait eu l'air de pouvoir les aider ! Elle recula, et lança à Nigori un regard de défi.

        - Qu'est-ce qui me prouve que je peux vous faire confiance ?

        Nigori comprenait la réaction de la jeune chauve-souris, mais ne savait que répondre. Elle regarda Meian, qui haussa les épaules, ne sachant de quoi elles parlaient.

        - Je ne sais pas, Koumori... Écoute... Il se fait tard, viens avec moi, tu peux dormir chez moi cette nuit, et demain je te ferai rencontrer mes amies, et nous trouverons un moyen de sauver tes sœurs.

        - Et ensuite ? Qu'allez-vous faire de nous ?

        Cette question, Nigori se la posait aussi. Qu'allaient-elles faire après ça ? Pourtant, l'heure était à l'urgence, et cette question se devait d'être reportée à plus tard.

        - On trouvera une solution, viens !

        Et si elle passait d'un bourreau à un autre ? Et si elle ne pouvait plus jamais revoir ses sœurs ? Et si le maître la retrouvait, elle passerait un sale quart d'heure. Oh, il pouvait bien faire ce qu'il voulait, Koumori s'en fichait ! Elle regarda la fille chat. Et si cette fille pouvait les aider ?

        - D'accord...

Nigori lâcha un soupir de soulagement.

        - Bon, c'est pas que je commence à me sentir de trop, mais on peut m'expliquer ce qu'il se passe ?

        - Je te raconterai, promis!s'exclama Nigori en attrapant la main de Koumori. Il faut qu'on y aille ! Merci encore pour ton aide ! »

        Les regardant s'éloigner, Meian se demanda si elle n'était pas devenue folle.

                         *

        Yuki frotta les pans de sa jupe, remis ses cheveux en place, posa délicatement ses mains devant elle et souffla un bon coup. Elle entra dans la salle à manger, où son père et sa mère l'attendaient pour dîner. Elle s'installa en silence sur sa chaise, et laissa une domestique la servir. Lorsqu'ils ne furent plus que tous les trois, Yuki brisa le silence.

        « Maman, Père, il faut que je vous parle.

Ses parents la regardèrent.

        - Nous t'écoutons, répondit son père.

        - Je... Elle inspira profondément. Je ne veux pas aller à Haruka.

        - Nous en avons déjà parlé, répondit sa mère d'un air las.

        - Mais Maman, pourquoi vouloir m'envoyer faire des études alors que je travaille déjà !

        - Ton... travail -son père avait prononcé ce mot avec un air de dégoût- n'est pas respectable. Il est instable et ton salaire est moindre.

        - Mais pourquoi me faudrait-il un salaire élevé ? Nous avons tout !

Son père haussa la voix.

        - Tu es une Inu et tu te dois d'avoir un avenir digne de ce nom, et ce pour l'honneur et la réputation de notre famille.

        - Mais pourquoi faut-il toujours que vous décidiez à ma place ?! Yuki s'était mise debout et avait haussé elle aussi la voix. Elle réalisa qu'elle était allée trop loin, et se rassit.

Son père répondit froidement :

        - Tu iras dans cette école et tu travailleras dans mon entreprise, que tu le veuilles ou non. Et tu ne sortiras pas du domaine avant ton départ.

Yuki voulut protester, mais baissa les yeux, impuissante.

        - Tu es une fille Inu et tu es la honte de la famille. Alors que tes frères et sœurs travaillent dur, tu t'amuses à jouer les détectives avec des filles sans titre. Tu es la seule à avoir été dans un lycée de réputation moyenne. Nous t'avons accordé cette faveur, et tu nous remercies en jetant le déshonneur sur notre famille. Si tu tentes encore de t'opposer à cette décision, tu ne reviendras pas du tout de l'année. Et d'ailleurs, donne nous ton portable et ton ordinateur, nous te les confisquons jusqu'à ton départ.

        - Mais... vous ne pouvez pas...

        - Nous sommes tes parents et tu dois nous obéir !

Yuki se résigna, se mordant la lèvre pour ne pas pleurer.

        - Oui Père. »

        Elle se leva, et et sortit de table pour aller chercher ce qu'on lui retirait. Lorsqu'elle eut fermé la porte, elle fondit en larmes.

BDA - Hope!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant