Je pars déambuler dans le centre-ville sous le soleil brûlant de l'après-midi. La plupart des bijouteries sont regroupées dans un quartier, alors j'entreprends de faire le tour de toutes les vitrines en prenant le temps de flâner. J'achetais parfois des bijoux à Cheyenne, mais elle les portait rarement, qu'en des occasions particulières. Elle disait qu'elle craignait de les perdre ou de les casser. Je ne sais pas ce que je cherche, je ne sais même pas si je cherche vraiment quelque chose.
Mais quand je vois ce collier posé sur un écrin de velours noir, je sais qu'il me le faut. Il a été fait pour Olga, nulle autre qu'elle ne saurait le porter. Montées sur une chaine dorée, trois roses de rubis entrelacent avec délicatesse leur feuillage vert émeraude et leurs fines épines d'or. Je l'achète sans me poser davantage de questions, et je repars vers ma voiture.
D'après Iulia, Radek possède toujours le même terrain, au bord de la Route 5 qui mène vers Teneria à l'intérieur des terres. Il y aurait monté une entreprise de transport. Le long de la voie rapide de tous les trafics, quoi de plus logique de sa part.
Aucun gardien ne contrôle mon entrée sur le site industriel, mais la caméra fixée en haut d'un poteau électrique me surveille de son œil numérique. Je me gare parmi quelques voitures sur un grand parking. A l'autre extrémité s'alignent des camions de transport de toutes tailles.
Je me dirige vers le premier bâtiment, qui semble constitué de bureaux et m'adresse à une secrétaire aux tresses africaines chargée de l'accueil :
- Je voudrais voir Radek Ivanov. Est-ce qu'il est là ?
- Vous avez rendez-vous ? me demande-t-elle tout en continuant à limer ses ongles manucurés.
- Je suis un ami à lui.
- Un ami ? répète-t-elle en stoppant sa mise en beauté pour me regarder d'un air inquisiteur. Je ne vous ai jamais vu.
- C'est parce que je suis un ancien ami.
Je garde dans le coin de l'œil le vigile qui assure la sécurité. Quand je suis arrivé, il faisait une ronde de surveillance autour des bâtiments, mais depuis que je suis entré dans le hall, il reste planté derrière moi les bras croisés.
Du haut de sa vingtaine d'années, l'employée cligne des paupières sous ses sourcils dessinés au crayon noir.
- Je crois qu'il vaudrait mieux que vous preniez rendez-vous, monsieur... ?
- Est-ce que Radek est là ?
Dans le couloir vitré derrière le comptoir, un homme passe en trombe, tonitruant sur quelqu'un que je ne peux pas voir, un énorme dossier à la main. Il a troqué ses blousons de cuir contre un costume - cravate, mais je l'identifie immédiatement : c'est Radek. Quand lui aussi m'aperçoit, il s'interrompt et s'immobilise d'un air ébahi. Il ouvre la porte qui donne sur le hall, les yeux écarquillés :
- Putain de merde ! Un revenant ! lâche-t-il en me regardant de haut en bas comme pour s'assurer que je ne suis pas un fantôme. T'es pas mort ?
Il avance vers moi avec un sourire jusqu'aux oreilles, abandonnant en vrac sur le comptoir son fatras de papiers.
- Je ne l'ai pas fait fouiller, monsieur, le prévient sa réceptionniste à voix basse, mais assez fort pour que je l'entende quand même.
- Pas la peine ! s'exclame Radek d'un air jovial. Je lui ai appris à tirer à ce petit con, il ferait beau voir qu'il s'en serve contre moi !
Mais il s'arrête, pris d'un doute soudain, et il m'adresse directement la question en fronçant les sourcils :
- Enfin, je crois que ce n'est pas la peine, n'est-ce pas ?
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Les roses et l'océan
Storie d'amoreJack est un pionnier, adepte d'action et d'aventure. A la conquête des Terres Sauvages et de leurs ressources minières pour y faire fortune en toute liberté, il aurait tout pour une vie réussie. Pourtant, sa vie amoureuse n'est qu'une litanie d'éche...